Ensemble

✅ Chapitre 4

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"Le symbolisme. C'est toujours le 《nous ferons route ensemble》des voyageurs qui partent en même temps. À l'arrivée, on se sépare."

Jules Renard
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- Tu es considérée comme une ennemie par Alastor, annonça Arcas. Depuis le moment où tu m'as fait rentrer chez toi et où tu m'as soigné.

Il regardait Akheane attentivement, attendant une réaction violente, des pleurs, des cris, de la colère, de la rancœur... Après tout, en débarquant ainsi chez elle, il lui avait pourri toutes les prochaines décennies de sa vie.
Cependant, Akheane avait déjà connu la fuite et la solitude qui allait avec. Elle ne fit rien de tout ça. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Il fallait s' y attendre. S'il était l'ennemi du nouveau régime, elle l'était aussi.

Elle allait devoir fuir à nouveau. En même temps, depuis quelques années, sa vie lui paraissait un tantinet monotone. Voilà qui rajouterait un peu de piment dans sa vie, pensa-t-elle. Elle tentait de se rassurer ainsi, mais elle savait qu'avec Alastor et les Algées, ça serait bien plus qu'un peu de piment dans sa vie. Cela ne picoterait pas la gorge, ça la brûlerait peut-être même jusqu'à ce que mort s'en suive.
Arcas, quant à lui, était perplexe. Il semblait ne pas comprendre le manque de réaction d'Akheane. Il se gratta la gorge, mal à l'aise, alors que ses blessures le démangeaient.
Celle-ci guérissaient un peu plus rapidement que celles d'un humain, si bien qu'on aurait dit qu'elles dataient d'il y a quelques jours déjà.
Akheane l'interrogea alors :

- Vous préféreriez que nous fuyions chacun de notre côté ou ensemble?

Intimement, elle espérait de tout son cœur qu'il ne la laisserait pas seule. Une vie de baroudeur solitaire pouvait vite devenir un quotidien d'exilé cherchant un refuge.
Arcas tendit tous ses muscles et se leva. Une de ses épaules craqua lorsqu'il se redressa. Puis, il plongea ses yeux bien droit dans ceux d'Akheane, la faisant frémir, et posa doucement ses mains sur la courbe délicate des épaules de la jeune fille. Ses pouces frôlaient le cou d'Akheane. Ce contact était supposé être un geste de soutien, mais en réalité, ce n'était qu'un prétexte. Il mourait d'envie de toucher sa peau. Elle était douce, avec une fraîcheur propre aux vampires, sans la moindre imperfection, parfaitement lisse et blanche.

- Ensemble, répondit-il. Nous le ferons ensemble car c'est de ma faute si tu en es là. Tutoie-moi, ordonna-t-il. Et puis, je doute fort que tu saches te défendre seule, Akheane.

Elle n'osa pas le contredire. Peut-être parce qu'il avait raison, parce que ses mains chaudes diffusaient leur chaleur en elle, ou parce que ses yeux verts clairs la transperçaient et semblaient lire en elle.
Aussi détourna-t-elle le regard. Celui-ci tomba malencontreusement sur un torse musclé moulé dans un t-shirt un peu trop petit et trop serré pour son propriétaire. Elle rougit à cette vue et remonta son regard.

- Comment connais-tu mon nom ? le questionna-t-elle.

Un léger sourire en coin naquit sur les lèvres d'Arcas lorsqu'il lui répondit :

- Qui ne connaît pas la grande Akheane Oneiroi, la seule, l'unique et charmante doctoresse des créatures surnaturelles?

Elle leva les yeux au ciel, un éclat d'amusement dansant dans ses jolies pupilles.

- Il faut brouiller les pistes, déclara Akheane. Il faut tout ranger proprement, cacher le corps, enlever les odeurs... Ainsi, ceux qui viendront vérifier notre état ne sauront pas si quelqu'un est déjà passé. Il nous faut également récupérer le nécessaire pour voyager.