✅ Chapitre 14

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J'appelle sage celui qui, tout innocent qu'il est, supporte les injures et les coups avec une patience égale à sa force.

Bouddha

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Son cœur battait la chamade, si puissamment qu'Akheane avait l'impression de faire trembler toute sa cellule. Ou peut-être que c'était elle qui était prise d'une sorte de crise de convulsion ? Peut-être qu'elle allait mourir ? C'est vrai qu'elle n'avait pas envisagé cette possibilité avant. En même temps, si Alastor avait voulu la tuer, il l'aurait déjà fait depuis longtemps. Non, il avait besoin d'elle, de la même manière qu'il avait eu besoin d'Arcas.

Arcas... il lui manquait. Mais il semblait l'avoir totalement abandonnée. Non, il fallait garder espoir. Le métamorphe était malin, et devait savoir que le tyran pouvait lire dans les pensées, voila pourquoi il n'avait pas pris contact avec la jeune femme ! Cette-dernière aurait tant voulu savoir ce qu'il en était réellement. Si ses rêves étaient des leurres, ou bien une réalité. Si un jour, Arcas passerait la porte et la prendrait dans ses bras en lui disant que cette captivité ne serait plus qu'un mauvais souvenir pour elle.

La jolie brune se demandait où son âme-sœur se trouvait, comment il allait, s'il pensait à elle. Pourtant, elle devait être celle des deux en moins bon état. Le mur en face d'elle était là pour le prouver. En effet, la doctoresse était tellement mal, qu'elle n'arrivait plus à déplacer son regard et à bouger une main. Puis, elle se rendit compte du silence. Elle n'entendait rien. Pas même sa respiration ou le cliquetis des clés du garde. Était-elle sourde ?

Akheane se mit à paniquer intérieurement tandis que ses yeux, toujours fixés sur le mur, laissaient transparaître la peur. La même peur que face au regard d'Alastor. Une peur dont on sait qu'elle pourrait nous rendre fou. Nous tuer, brouiller nos instincts et faire disparaître nos priorités. Nous faire disparaître.
L'hybride devait bouger, et maintenant, car si elle ne le faisait pas, elle risquait de se perdre elle même. Elle réussit à s'asseoir contre le mur en gémissant de douleur, puis elle comprit.

Elle était en train de perdre l'ouïe. Totalement. Elle voulut hurler sa détresse mais ne s'entendit pas. Le même silence lui répondit. La doctoresse ne voulait pas de ce monde sans bruit ! Tout, mais pas ça... Sa vision s'obscurcit  et elle vit la porte s'ouvrir. Son bourreau était là ! Elle releva les yeux sur son visage et vit ses lèvres articuler des mots qu'elle ne comprit pas, et qu'elle n'entendrait plus jamais. Alors, ce fut dans sa tête que l'homme s'adressa à elle :

"Je vais te le dire, moi, s'il t'a abandonnée ou pas !"

C'était une sensation des plus perturbantes de sentir la voix de quelqu'un d'autre dans sa propre tête. Puis, elle réalisa ce qu'il venait de dire et ses yeux s'emplirent d'espoir, tout en étant plongés dans le regard orange du fou. Ce dernier ancra son regard dans celui d'Akheane comme s'il voulait toucher son esprit, prendre son cœur et l'écraser entre ses doigts.

"Il ne viendra pas te chercher."

La jolie brune ne comprit pas tout de suite. Elle resta d'abord immobile, dans le déni, puis fut prise de terribles tremblements. Arcas ne viendrait pas la sauver. Il l'avait trahie. Non, ce n'était pas possible. Son geôlier devait mentir. L'homme dirigea sa main vers l'entrée de sa cellule, qui s'ouvrit violemment en claquant contre le mur. Akheane fut alors forcée d'accepter que son âme-sœur l'avait dupée. Il était là.

Il était resté aux côtés d'Alastor, l'avait rejetée alors qu'elle lui offrait tout. Sa confiance et peut-être même un peu son cœur. La jeune femme se laissa glisser contre une des parois, ses yeux plongés dans les pupilles vertes de celui qui avait été son compagnon de route. Son regard, à l'instar de celui d'autrefois, ne laissait transparaître qu'une impassibilité infaillible, sérieux et concentré.

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