Prologue

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Image :  Oria Fitzgerald, personnage principal

Le cauchemar avait commencé. C'était ainsi, tragiquement, que la vie d'Oria avait été brisée. Parfois, la mort nous emporte même lorsque notre heure ne semble pas être venue. Elle est cruelle, sans pitié. Elle fauche, se nourrissant de l'angoisse terrible des personnes en train de mourir, la seconde après que le cœur cesse de battre. Et c'était là que la jeune fille était, proche de la mort. Des perles de larmes dévalaient son visage en considérant qu'elle allait à présent tout perdre. Tout, sa famille, ses amies, sa petite vie paisible. C'était absolument injuste, qu'avait-elle fait pour mériter un tel sort ? Elle ne pouvait pas mourir jeune. Elle était désolée, meurtrie par le fait qu'elle était impuissante face à cela.

Papa conduisait sur la route qui nous ramènerait à la maison. Cette route là, on avait l'habitude de l'emprunter pour aller et revenir, entre la maison et le grand gymnase national dans notre centre-ville. J'allais devenir championne. D'ici quelques mois, j'aurais ce titre de gymnaste qui était mon rêve absolu. Des personnes allaient m'encourager, ainsi que mes parents sur les hautes estrades écarlates. Une médaille dorée et rouge portant l'emblème de notre État allait être déposée autour de mon cou. J'étais sûre de gagner, j'étais la plus forte, la plus souple, la plus douée. Aucun autre adversaire ne pouvait exercer mieux que moi cette passion. Et puis, je lèverai les bras très haut, le sourire s'étirant jusqu'à mes pommettes dorées par le maquillage. Je serai fière, heureuse d'avoir accompli mon premier but : celle d'être toute première à cette compétition nationale de gymnastique. Les gens hurleront, crieront mon nom en applaudissant mes exploits de souplesse.

J'étais sauvage, rapide, époustouflante lorsque je m'exerçais. Papa me le disais, avec le sourire paternel le plus fier du monde. J'étais son petit oiseau enflammé, celle qui démarrait doucement sur la barre et s'élançait rapidement, jusqu'au ciel. J'étais la fierté de ma famille, dans mon petit uniforme orange à motifs dorés, et mes collants roses qui entouraient mes fines jambes. Maman gardait même cette photo, d'une de mes premières compétition lorsque j'avais dix ans. J'avais des nattes ce jour là. Et lorsqu'elle avait finit de tresser mes longs cheveux châtains aux reflets d'ambre, elle avait eu l'idée de mettre des paillettes au dessus, pour assembler la coiffure à mon uniforme de gymnaste. Maman était tellement fière ce jour là, j'étais dans les premières du classement dans cette ridicule petite compétition pour enfant. Et à présent, elle allait bientôt pouvoir déposer un autre cadre photo à côté de celui-ci avec sa jeune fille de dix-sept ans bientôt. Sept ans allaient séparer ces deux photos, et entre tout ce temps là, c'était un combat acharné que j'avais parcouru pour enfin devenir la meilleure.

Et pourtant, ce cerf, ce pauvre animal avait déballé sur la route au mauvais moment. Un simple animal qui allait tout faire basculer. Il avait prit peur, s'étant blessé en descendant la falaise incroyablement raide. Et puis, papa a tenté de l'éviter, mais il était déjà trop tard. La voiture partait jusqu'en bas du mont où était construite cette maudite route dangereuse. Ma tête s'était cognée à plusieurs reprises dans cette descente fulgurante où je pouvais voir ma vie défiler. Dans un accident pareil où la voiture part en tonneau jusqu'à des dizaines de mètres plus bas, nous n'étions plus rien.

Lorsque les mouvements horribles s'étaient arrêtés, je pouvais voir le sol au dessus de ma tête. La voiture était entièrement renversée, et les vitres brisées. Je tentais de jeter un œil vers papa à côté de moi, mais je paniquais en voyant qu'il ne bougeait plus. Malgré cela je devais sortir d'ici. Je me détachais, blessée de partout, ressentant une immonde douleur au creux de mon ventre. Je me glissais en dehors de la voiture, à un ou deux mètres plus loin jusqu'à ressentir ma tête claquer violemment sur le sol dur et froid. Je perdais connaissance, et réalisais tant bien que mal avec cette vue trouble que mon ventre était tranché par un énorme éclat de verre. Mon corps fut secoué soudainement de frissons, comme si je plongeais dans une eau gelée. Je retirais ma main de la provenance du martyr, elle était couverte de mon sang. A cet instant je compris que je n'allais pas en survivre, je me vidais de mon sang. Ma vie, ainsi que tous mes rêves s'arrêtaient ici. J'étais allongée par terre, sur le dos, comme si quelqu'un m'avait jetée au sol. Je me sentais faible. Il faisait froid, et le sol était humide. Je sentais l'air caresser ma peau. Cependant, je n'entendais plus rien. J'étais dans la cécité totale et pour seul repère le rythme de mon souffle et des battements de mon cœur. Petit à petit, la douleur allait me vaincre et j'allais cruellement mourir, ici.


Jusqu'à ce qu'un énorme bruit perçant comme un cri qui vint me rattacher à la vie, quelque chose comme un appel issu des entrailles du ciel, quelque chose venu d'ailleurs.
Et puis, soudainement, le vide, le néant.

We are surnaturals [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant