Il était onze heures moins le quart du soir lorsque Oria décida de se lever de son lit, après que sa mère soit venue lui dire "bonne nuit", pour se rendre discrètement au rendez-vous sûrement le plus risqué de toute sa vie. Elle se releva doucement pour ne pas faire grincer son lit, remit les couettes en place et ferma la porte de sa chambre à clé. Maintenant, il fallait qu'elle s'habille. Elle n'allait pas y aller en pyjama ! Alors, Oria ouvra doucement les portes de son armoire et enfila un pull gris, un jean slim et ses chaussures plates noires. Elle se regarda dans le miroir, sur le côté droitier de la porte glissante, puis son oeil se posa sur les pans noirs d'un manteau accroché dans sa garde robe. C'était un manteau d'automne, qui ferait parfaitement l'affaire en cette saison. Elle attrapa le cintre et essaya de ne pas le faire grincer. Elle écartait le manteau d'elle pour le regarder. Ce manteau respirait la chaleur et l'odeur de la lessive de sa mère, qui était très agréable et portant un doux arôme. Elle referma la porte de son armoire et détacha le manteau du cintre pour l'enfiler rapidement. Elle boutonnat les trois gros boutons noirs vernis et se contempla dans le miroir à nouveau. Elle gardait toujours ce manteau dans sa garde-robe lorsqu'elle sortait la nuit, même si c'était assez rare, pour ne pas qu'on l'aperçoive. Un petit chaperon noir dans la nuit, personne ne le remarque. Ainsi, avec une petite allure de chauve-souris, elle sortit de sa chambre par la grande fenêtre. Elle l'ouvrit en veillant à ne pas faire de bruit, s'échappa dans un saut rapide et s'accrocha à sa barrière en fer noire qui la protège de tomber comme sur les balcons. Pendue dans le vide et accrochée d'une main sur cette barrière, elle tenta de reclaquer doucement la fenêtre, sans la fermer complètement, pour éviter les courants d'air. Puis elle lâcha totalement la barrière, atterrissant sur le gazon de son jardin dans un bruit sourd et étouffé.
Aucune douleur, rien. Oria émit un rictus fier. Du haut de plus de trois ou quatre mètres de haut, elle n'avait même pas ressentie de mauvaise sensation lorsque son talon avait rencontré le sol. Elle était retombée avec allégresse et légèreté. Après cela, Oria s'en alla, redoutant sa rencontre avec le plus mystérieux des garçons qu'elle n'avait encore jamais rencontré. Elle enfila sa capuche noire qui couvrit directement toute la clarté de son visage et de ses yeux, puis disparut dans la noirceur nuptiale du petit quartier de Pittsfield. À pas de loup, elle se rendait au lieu donné.
Arrivée au bout de la deuxième rue, Oria tourna le regard vers l'entrée du parc. La barrière du grand parc public était étrangement entrouverte. Elle ressentit un sentiment assez perturbant : celui de se sentir espionnée. Elle n'était pas tranquille malgré qu'elle se sentait discrète dans son manteau. La jeune brune hésita quelques secondes avant de traverser et finit par se rendre devant l'entrée du parc, comme convenue. Elle resta plantée devant la barrière grise entre-ouverte et respira lourdement. Ses yeux balayèrent la rue tout autour d'elle. Elle ne se sentait absolument pas en sécurité. N'aies pas peur Oria, dis-toi que ce n'est que ton quartier, ce n'est qu'un petit rendez-vous. Que pourrait-il t'arriver ? se souffla t-elle pour elle-même en se frottant les mains frénétiquement.
Soudain, au fond de la ville, un crissement attira son attention. Elle sursauta presque en l'entendant et se mit à surveiller chacunes leurs tours les trois allées différentes en face de la barrière. Puis, dans la noirceur totale, un halo de lumière apparut. C'était une voiture. D'ici, elle pouvait entendre le moteur et le vent siffler contre le véhicule. Il allait sûrement très vite. Et c'est ce qui arriva, une voiture noire apparut au fond de la rue toute à sa gauche, et ralentit près de la barrière. Ses yeux se fixèrent sur le conducteur qu'elle ne semblait pas apercevoir. Puis, lorsque le véhicule s'arrêta pile devant elle, le conducteur alluma la petite lumière à l'intérieur et celle-ci afficha directement un visage familier. Des yeux verts perçants comme l'émeraude, les sourcils droits, la mâchoire crispée. C'était bel et bien Kieran.
Oria souffla donc, presque soulagée que ce soit lui, mais bien toujours aussi tendue que lorsqu'il lui avait dit de le rejoindre ici-même. Kieran afficha un léger sourire et appuya sur le bouton pour glisser la fenêtre côté passager.
- Monte, ordonna t-il avec un ton d'enthousiasme.
Oria abaissa sa capuche et entra dans la voiture. Son coeur se mit à palpiter étrangement.
- Tu vas bien ? lui demanda t-il.
- Non.
Sa réponse le surprit sur le coup. Même Oria fut étonnée de sa réplique si rapide, à tel point qu'elle n'en était pas si sûre.
- Tu te sens en danger ?
- Un peu, avoua t-elle. Surtout avec quelqu'un qui m'a fait prendre une douche gelée de force et m'a sûrement vue... enfin peu importe, dit-elle en balayant l'air de sa main. Je ne pensais pas que tu viendrais en voiture.
Il émit un rire cynique. Jamais Oria n'avait entendu un tel rire.
- C'est sûrement mieux pour ne pas être vus. Et pour la douche, on en a déjà parlé.
- Mais j'ai besoin de savoir... dit-elle timidement en se redressant sur le siège, face à lui.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Je ne peux rien pour toi.
Cette réponse avait sonné comme un rejet total pour elle. Elle s'enfonça dans le fauteuil et soupira, déçue.
- Alors dans ce cas, pourquoi m'as tu donné rendez-vous ici ?
Kieran ne répondit rien. Son visage n'affichait aucune expression et son regard se perdit sur la route. Puis, soudainement, il abaissa le frein à main et démarra directement. Oria boucla de suite sa ceinture et prit un air paniquée.
- Où est-ce que tu vas ? demanda t-elle, consternée.
- Loin d'ici. Alors, qu'est-ce que tu veux savoir sur toi ?
- Tu es conscient que tu es en train de me kidnapper ?
Il souffla du nez en souriant, synonyme d'avoir trouvé cette remarque stupide, bien que ce ne fut qu'un sarcasme de la part de la jeune brune.
- Je répète, que veux-tu savoir sur toi ? répondit-il d'un ton plus ferme.
Oria mit quelques secondes avant de trouver quoi lui répondre. Kieran n'avait pas l'air aussi facile à comprendre, comme elle s'en doutait de toute manières. Elle tentait un regard vers lui.
- Je voudrais savoir comment tu le sais... Comment t'en es-tu rendu compte que j'étais-
- Ça se sent, la coupa t-il. Et je peux le voir aussi. Mais sais-tu au moins ce que tu es ?
- Je suis un phénix, répondit-elle en dirigeant son regard par la fenêtre.
Aussitôt, son regard fut perdu devant les rues qui défilaient devant ses yeux. Elle afficha une expression perplexe. Kieran tourna son regard vers elle avec curiosité.
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We are surnaturals [Tome 1]
ÜbernatürlichesEst-ce qu'un accident pourrait faire de nous quelqu'un de différent ? C'est après trois mois de coma que Oria Fitzgerald se retrouve dans un tout nouveau lycée, loin de sa vie d'auparavant. La jeune fille va devoir se faire à sa nouvelle vie forcée...