Chapitre 5

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Abby et Oria avaient passé un bon week-end chez cette dernière. Le dimanche après midi, elles avaient été se balader un peu partout dans Pittsfield et dans la forêt, avant que Abby reparte. Les deux filles s’étaient rapprochées et Oria était heureuse d’avoir une vraie amie. Elle se sentait entourée de personnes de confiance, et c’était vraiment une bonne chose.

 Plus tard dans l’après midi, Oria reçut un appel sur son téléphone. Elle vit la photo de Robin sur l’écran et décrocha.
- Allo ?
- Ouais Oria, ça te dit de passer chez moi aujourd’hui pour finir de regarder Screams of horrors ?
- Oui si tu veux !
- J’ai du pop corn en plus, ce serait dommage que tu rates ça.
- J’arrive tout de suite !
Il était presque dix-sept heures. Oria avait dix minutes à pieds jusqu’à chez lui, ils habitaient dans le même quartier. Elle mit sa veste en jean et glissa son portable dans sa poche. Elle sortit de chez elle après avoir prévenu sa mère, et marcha jusqu’à la maison de son meilleur ami. Arrivée au bout de la rue, elle dut tourner et prendre un passage piéton. Oria était complètement dans ses pensées. Elle réfléchissait encore à son accident, à ce qui lui était arrivée. Elle pensait à l’espoir qu’elle portait qu’un jour son père allait revenir à lui. Cela faisait bientôt six mois qu’il était dans le coma, dont trois foutus mois qu’Oria supportait ce manque paternel. Elle traversa le passage sans se soucier si une voiture allait passer ou non. C’est alors qu’un klaxon retentit. La jeune brune entendit des freins frotter contre la route dans un sifflement strident, puis son coeur s’arrêta de battre pendant un instant. Elle se tourna vers la voiture bleue nuit, une Range Rover s’était arrêtée de justesse pour ne pas l’écraser. Puis sa tête se mit à tourner. En l’espace d’une seconde, elle eut comme une vision. Un flashback. Elle reconnaissait ses mains pleines de sang. A terre, elle avait le ventre tranché par quelque chose et était gravement blessée. Elle entendit un cri strident et vit une masse orangée, comme une boule de feu arriver sur elle, puis le son de sa peau qui s’arrache. Quelque chose venait-elle de la mordre ? Elle fit un pas en arrière et cligna des yeux, le visage accablé par la peur. Tout était redevenu à la normale, le Range Rover se tenait devant elle et se rendit compte que son conducteur en était sorti. Elle se tourna vers lui, il avait un air inquiet. Un homme d’une trentaine d’années, brun aux yeux noisettes. Il était grand et portait un costume de travail, on aurait dit un homme d’affaires comme dans les séries de crimes.
- Eh, tout vas bien ?
Sa voix était grave mais douce à la fois. L’homme se pencha vers elle et s’excusa au moins trois fois tant il était désolé et inquiet à la fois. Oria ne savait pas ce qui venait de se passer. Elle sortit une réponse avec les premiers mots qui lui vinrent en tête.
- Euh.. oui je vais bien, c’est de ma faute. Désolée…
Puis elle partit, laissant l’homme encore choqué en dehors de sa voiture. Elle continua sa route, les poings fermés et le pas rapide Elle était énervée contre elle-même et se pensait complètement folle.
- N’importe quoi.. vraiment, j’suis totalement tarée.. bougonna t-elle les yeux au ciel.
 Une infime douleur se logea à l’arrière de son cou mais Oria n’y avait prêté aucune attention. Dans sa tête, c’était l’incompréhension totale. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Elle avait l’impression que ces choses commençaient à devenir trop curieux, voir dangereux. Elle pensa qu’elle aurait pu se faire écraser, et que là, ça commençait à devenir vraiment sérieux. Mais son côté têtu ressortait chaque fois, pour lui dire “Oublie ce problème, jusqu’à ce qu’il disparaisse de ta vie.” Sauf qu’il y avait une évidence : les problèmes ne disparaissent pas tous lorsqu’on les ignore. Certains persistent.

 Malgré tout Oria décida d’isoler ces mauvaises pensées ailleurs, juste pour l’après-midi qu’elle allait passer devant une bonne série avec son meilleur ami, et des pop corn. Elle était à quelques mètres de chez lui d’ailleurs. Lorsqu’elle arriva devant la porte d’entrée elle sonna. La porte s’ouvrit et elle reconnut Lisie, la mère de Robin. Elle était toute souriante en voyant Oria, et cette dernière eut à peine le temps de lui dire bonjour qu’elle entendit quelqu’un dévaler les escaliers.
- Laisse maman, c’est pour moi !
Oria lança un sourire à Robin qui avait l’air de cacher quelque chose. Il semblait à moitié content mais, lorsqu’elle vit une lueur de colère dans ses yeux, Oria effaça son sourire et le dévisagea.
- Je vous laisse tout les deux. J’ai cuisiné des cookies alors si vous en voulez servez-vous !
- Merci maman ! lui répondit Robin.
Il laissa sa mère repartir dans le salon. La jeune brune tourna le regard sur celui de Robin. Il avait l’air totalement bizarre et la fixait droit dans les yeux.
- Il faut que je te parle.
Il la prit par le poignet pour lui faire monter les escaliers et l’entraîner dans sa chambre, puis il la ferma à clé. Oria ne s’inquiéta pas pour cela car il le faisait tout le temps, mais en revanche elle prit peur lorsqu’il se retourna vers elle, les yeux encore plus terrifiants qu’il y a une minute lorsqu’elle entrait chez lui.
- Quoi ?
- Wow tes poignets sont chaud quand même ! dit-il en désignant du doigt ses bras.
Oria ne comprit pas du tout son comportement.
- Euh.. peut être.. répondit-elle en se caressant les poignets frénétiquement. Tu m’expliques pourquoi t’es aussi bizarre en ce moment ?
Robin reprit un air sérieux et s’asseya sur le lit, il prit son téléphone et chercha quelque chose dans ses photos.
- Assied toi.
Oria s'exécuta et s’asseya sur le lit en soufflant d’exaspération. Robin avait l’art d’être pénible et de passer d’une humeur à l’autre. Il était passablement lunatique. Pendant qu’il chercha, elle le dévisagea encore avec un air curieux, il sembla si concentré et énervé à la fois. Puis il releva la tête et lui tendit son portable.
- Voilà, tu le connais lui ?
La voix de Robin était aussi froide que la glace. Oria baissa les yeux sur l’écran et vit la photo d’un garçon. Elle reconnut les barrières du lycée contre lesquelles il était appuyé. Il ne regardait pas l’objectif. On aurait dit une photo prise à la vas-vite vu la médiocre qualité, mais la jeune brune pouvait voir qu’il était châtain, une mèche de cheveux recourbée vers le haut, les côtés du crâne un peu plus court. Il semblait parler à quelqu’un à sa gauche et se tenait d’une façon qu’Oria crut reconnaître. Elle avait déjà vu cette personne quelque part mais ne savait pas où. Elle le trouvait fort beau en tout cas, il était super mignon même et avait quelque chose d’étrangement… spécial.
 La jeune brune se surprit en train de penser à des choses tordues.
- Je ne le connais pas… répondit-elle honnêtement. Mais j’ai l’impression d’avoir déjà vu quelqu’un se tenir de cette façon quelque part. Pourquoi cette question ?

We are surnaturals [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant