Chapitre 17

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Image : Kieran Blarne, interprété par Cody Saintgnue

(mais imaginez-le avec les yeux verts :p)


Que pourrait-on ressentir lorsqu'on se réveille dans un rêve, couchée à terre, le corps couvert de cendres et de feuilles mortes, au milieu d'une forêt dense à l'aspect lugubre par l'obscurité de la nuit ? On ressent de la peur, de l'angoisse. Nos rêves et nos cauchemars sont capables de nous emmener là où nous nous y attendons le moins. Là où nous ferions face à face avec notre plus grande peur, par exemple, ou bien dans un espace incroyable issu de notre imagination et de nos souvenirs. Et c'est là que se réveilla Oria : dans un rêve lucide, où même votre conscience est en éveil dans un monde entièrement imaginé, tiré de ses sentiments. Elle se releva avec difficulté, les muscles engourdis et s'appuya sur le sol humide de la forêt. Rien n'était réel, si bien qu'elle remarqua tout de suite que ce n'était qu'un rêve. Elle distinguait presque sept ou dix doigts sur l'une de ses mains, et tout ce qu'elle pouvait voir aux alentours lui semblait assez trouble. Elle cligna des yeux par réflexe, se releva doucement, assise sur le sol et replia les jambes. Ses cheveux étaient décoiffés comme jamais ils ne l'avaient été, et peu à peu elle commençait à ressentir le vent frais sur sa peau nue. Cependant, le froid ne lui faisait rien. Oria tourna le regard pour admirer l'horizon de la forêt, à perte de vue. Les arbres frissonnaient par la brise, et au sommet de ceux-ci il y avait un petit croissant lumineux qui exposait tout ses rayons sur les nuages et sur la terre. Elle inspira profondément et profita de cet environnement. Un sentiment de sérénité et de quiétude s'emparait d'elle. Mais soudainement, elle ressentit quelque chose d'étrange sur sa cheville, soufflant jusqu'à ses genoux. Quelque chose de doux et humide à la fois. Elle tourna subitement la tête, et exprima un cri d'effroi. Elle recula avec ses mains en battant des jambes pour s'éloigner. Elle avait le souffle saccadé et l'expression tranchée par la peur et la surprise. Un énorme loup blanc se tenait devant elle, le regard exprimant un calme parfait. Ses yeux étaient étrangement rouges sombre. Il avait cet allure imposante et fière comme tout autre loup. L'expression d'Oria ne l'avait pas fait s'enfuir, ni mit en colère. C'est pour cela qu'elle retrouva rapidement son calme elle aussi. Après tout ce n'était qu'un rêve, que pouvait lui faire ce loup ? Même s'il la mordait ou la tuait, elle allait se réveiller dans son lit en toute pièces. Mais ce n'était apparemment pas ce que voulait le canidé. Elle considéra le loup pendant un long instant en avalant sa salive avec difficulté. Il s'assit doucement, dans la plus grande patience possible. Oria eut le sentiment qu'il attendait quelque chose d'elle, mais quoi ? Qu'est-ce qu'un loup pourrait vouloir d'une "moitié humaine moitié phénix" dans un rêve pareil ? Ne sachant que faire, elle se releva doucement sur les genoux. Elle s'avança lentement en le regardant dans les yeux, redoutant les réactions qu'il pourrait avoir. A moins de quelques centimètres du museau du loup, elle s'arrêta et baissa la tête. Elle avança sa main très doucement vers la poitrine du loup pour percevoir les battements de son coeur. Celui-ci la fixait avec intensité mais sans peur, et semblait se laisser faire. La main d'Oria arriva à toucher le poil de sa robe purement blanche, et elle la caressa lentement jusqu'au coeur. Les battements du coeur de ce loup étaient réguliers et discrets. Mais à cet instant, la tête d'Oria vacilla sur le sol. Elle se sentit cruellement tirée vers la terre. Un cri de peur arracha le calme de son rêve et elle se retrouva subitement sur son lit, allongée. L'angoisse soudaine venait d'éteindre ce rêve paisible et pourtant étrange. En se relevant de son lit en position assise, elle se caressa le front et regarda sa fenêtre : celle-ci était entrouverte. Le vent léger faisait soulever ses fins rideaux blancs. Soudainement, à travers la fenêtre, entre deux volées de rideau, elle aperçu le mouvement d'une ombre noire s'en aller à toute vitesse. Quelque chose de semblant à une silhouette venait de disparaître : une ombre mêlée à la nuit sombre. Étrange, pensa t-elle en plissant les yeux. Elle resta bloquée devant la fenêtre pendant un instant, songeant encore au rêve dont elle venait de sortir, puis se leva pour aller refermer sa fenêtre. Elle se recoucha aussitôt, sans vraiment se soucier de cela. Elle se serra dans sa couette pour se rassurer et se rendormir calmement.

We are surnaturals [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant