Le retour du diable

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Je suis encore toute retournée. Je n’imaginais pas toutes les sensations que cela pouvait me procurer.

Je me lève et m’allume une cigarette. J’ai le sourire aux lèvres. Un sms arrive.

« j’ai jouis comme un fou, je t’aime, j’en peux plus de pas te voir, j’ai envie de toi… »

Je réponds :

« Rentre alors… »
« Je ne peux pas… Viens toi »
« Je ne veux pas… »
« J’ai envie de te toucher... »
« Rappelle-moi ! »
« Petite coquine !! »

Depuis notre réconciliation téléphonique, je ressens comme une liberté incroyable.
Je n’ai plus peur d’être seule. Le fait qu’on se soit réconcilié de cette manière me remplit d’énergie positive.
Dès qu’il a un peu de temps, il m’appelle. Sa voix me fait du bien. Il est serein lui aussi. Je pense qu’il a compris qu’il pouvait à nouveau me faire confiance.

Je passe mes journées à lire et à écrire. J’ai décidé de faire un journal de bord qui relate ma guérison. Je passe du temps avec Fabian, il en a besoin, c’est dur pour lui ces derniers temps.

Adam  doit rentrer demain matin. J’ai hâte.

J’ai l’impression d’entendre du bruit, il est 23h. J’éteins la lumière. J’essaie de voir par la baie vitrée. Rien. Ça devait être juste un animal.

Je passe devant la porte d’entrée quand quelqu’un sonne. Je sursaute. Mon cœur s’emballe. Qui peut bien sonner à cette heure-ci ?

Puis cette voix. Cette voix qui me prend aux tripes. Je me colle au mur et ne fais plus de bruit.

- Adam, t’es là….. putain déconne pas, ouvre ! J’ai perdu mes clefs, je sais pas où crêcher ce soir.

Il a bu. Je regarde par le judas, son visage est collé à la porte, il se pousse un peu et titube le long de l’allée. Il se dirige vers la fenêtre. Il pose ses mains pour prendre appui et regarde à l’intérieur.

- Adam, ouvre moi! Merde

Il se prend les jambes dans une chaise et fait un vacarme monstre. Je tremble. Et si il arrivait à entrer ?
Et si j’avais oublié de fermer une fenêtre ?
Tout à coup, je suis terrifiée, je réalise que ma chambre est ouverte. Je me lève doucement pour ne pas qu’il me voit. Je ne vois pas le pot de fleur juste à côté de moi. Je le fais tomber. Il entend le bruit.

- Hey mon pote ! C’est moi, c’est Chester

Pas de réponse. Je cours vers la chambre, j’ouvre la porte. Le volet s’ouvre, je rabats les deux fenêtres. Son visage apparaît. Il sourit. Je hurle d’effroi. Il essaie d’ouvrir. Je force comme je peux, il en va de ma survie. Je ferme. Je tombe sur le lit. Il me regarde, carnassier. Je l’entends me parler.

- Aly ? comment tu vas ma belle ? Ouvre moi qu’on discute
- Dégage !
- Adam  n’est pas là ? Tu es seule ?
- Va t-en où j’appelle les flics !

Il devient colérique. Il plaque ses deux mains contre la vitre. Il vocifère des insanités. Il m’ordonne de lui ouvrir. Je recule et prends le combiné. Je tremble.

- Repose ce téléphone, tu ne le feras pas !
- Je vais le faire ! dis-je en criant
- Et Adam , qu’est ce qu’il pensera de tout ça ? De notre petite escapade ? Et si je lui disais que tu m’a appelé pour venir te tenir compagnie ?
- Il ne te croira pas !

Il redevient doux. Il essaie de m’amadouer.

- Aly, je suis désolé pour la dernière fois mais j’étais sous héro, j’ai pas réfléchi.
- Menteur ! Tu savais très bien ce que tu faisais !
- Non je t’assure, jamais je ne t’aurais fait de mal

Je m’installe dans un recoin, là où il ne peut plus me voir.

- Aly, où es-tu ?

Je regarde le combiné, je ne peux pas le joindre, il est dans l’avion. Je me recroqueville et j’essaie d’oublier qu’il est là dehors, qu’il pourrait fracturer une fenêtre, entrer et me faire du mal. Je l’entends encore hurler contre moi, m’injurier, dire qu’il aura une petite discussion avec Adam à mon sujet.

Il essaie d’ouvrir toutes les portes fenêtres. Il est comme un lion en cage. Il continue de boire à la bouteille. Il se colle à la baie et me parle tout doucement.

- Aly, fais moi entrer je suis fatigué, je te promets que je te laisserais tranquille, s’il te plait ma puce, je commence à avoir froid dehors.

Je pose mes mains sur mes oreilles. Je ne veux plus l’écouter.

4h00 du matin, il est toujours là. Je n’en peux plus, je suis morte de fatigue et de peur. Lui, fait son monologue, il ressasse nos souvenirs communs. il me dit que je lui manque. Je n’en crois pas un mot. Il me dit qu’il veut qu’on refasse notre vie ensemble. Puis il recommence à s’énerver.

Je suis tétanisée, impossible d’appeler qui que ce soit. Mes yeux se ferment tout seul. Je me réveille subitement dès que j’entends sa voix devenir plus forte.
J’ai peur aussi de l’arrivée d'Adam, de ce qu’il pourrait se passer.

5H30. Je m’endors assise au fond du placard. Je ne l’entends plus.

******************

8h30. Adam gare sa voiture dans l’allée et prends son sac qu’il accroche à son épaule. Au moment d’accéder à la porte d’entrée, il voit une bouteille de vodka vide. Il la ramasse, étonné. Puis il s’inquiète.

Il entre et aperçoit le pot de fleur renversé. Il lâche son sac et commence à m’appeler.

- Aly ! Aly !

Pas de réponse. Il court dans tous les sens. Il va dans sa chambre, le lit n’est pas défait. Il hurle mon prénom. Je me redresse, tétanisée, ne faisant pas la différence entre sa voix et celle de Chester. Je reste dans le placard. J’étouffe mes larmes.

Il repasse dans la chambre, cette fois avec son téléphone dans la main.

- Mike ?
- Yes
- Je trouve pas Aly
- Quoi ?
- C’est bizarre, on dirait que quelqu’un est entré dans la maison, j’ai retrouvé une bouteille de vodka vide à l’entrée et une plante renversée. Le lit est même pas défait. Elle a pas dormi ici ! Putain mais où elle est?
- Merde ! Tu crois qu’elle a replongé ?
- Je sais pas mais ça en a tout l’air. bordel ! Je te jure que cette fois, je pourrais pas le supporter.

Il s’assoit, le placard en face de lui. Il est tellement en colère qu’il ne l’entend pas sangloter.

- Où elle aurait bien pu aller ?
- Je sais pas. Peut être qu’elle est avec ce drogué, j’sais plus comment il s’appelle, celui-là
- Quoi, le mec de la clinique ?
- Ouais, Fabian, Fabian c’est ça

Un long silence s’installe. Puis il entend un reniflement. Il se lève et ouvre la porte du placard. Je suis là, transie de peur. Je lève les yeux et pleure de plus belle.

- Putain Mike, elle est là !
- où ?
- dans le placard

Il s’accroupit et me prend dans ses bras. Je le serre tellement fort qu’il comprend que quelque chose est arrivé.

- Mike, je te rappelle
- Ok

Il prend mon visage dans ses mains. Je n’ose pas le regarder.
- Qu’est ce qui s’est passé, bébé ?

Des larmes coulent le long de mes joues mais aucun mot ne sort.

- Dis moi quelque chose, tu as bu, c’est ça ?
D’un signe de la tête je réfute cette remarque.

- Tu as replongé ?
Même signe de tête.

- Je suis inquiet, mon cœur, tu peux me dire pourquoi tu es dans cet état
- Je…Je…J’ai rien fait
- Je sais, dis moi
- J’ai….J’ai eu si peur
- C’est fini, je suis là

Il me serre fort contre lui. Je me love dans le creux de ses bras. Il m’allonge sur le lit et me couvre avec la couette. Je m’endors, épuisée.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant