6) Blessures profondes

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- Jules qui ?
- Bernard, pourquoi ?

  Aussitôt mon visage blêmit. Dites moi que ce n'était pas vrai. Pas lui.

- Vous vous connaissez ? s'étonne Jordan.
- On ne se parle pas vraiment, enfin un peu mais comme ça, balbutiai-je. En fait on est dans la même classe, répondis-je en essayant de prendre un air faussement indifférent.
- Mais c'est génial ça ! Je vais lui dire de passer un de ces quatre pour qu'on se voit tous les trois !

À l'entente de ses paroles, je déglutis, nettement moins emballée que lui. Pour autant, le lycéen ne semble pas remarquer mon embarra. Il jette un coup d'œil à son téléphone et se mordille la tête soudainement, embêté.

- Mince j'avais prévu de passer le reste de l'après-midi avec toi mais je viens de me rappeler que je vois les gars justement. On en reparlera ce soir, si tu veux, je repasserai à l'hôpital.

Ouf, sauvée par le gong.

- Oui mais je dormirai sans doute, précisé-je. Hum, du coup pour la discussion on remet ça à plus tard.
- C'est pas grave, tu auras l'habitude d'être réveillée maintenant, me sourit t-il une seconde fois, avant de me faire un clin d'œil.

Décidément, il ne lâchait rien. Je lui mime un sourire enthousiaste alors, qu'en réalité, sa proposition est loin de me faire jubiler.

Une fois Jordan partit, j'en profite pour  mettre au clair tous ces événements. Tant de choses s'étaient passées en deux mois. Mon père était décédé. Cette révélation avait été soudaine et me semblait toujours si insensée. Et puis voilà que je me trouvais désormais en famille d'accueil temporaire, auprès de Karine, assistante familiale, et son fils, Jordan.

  Jordan était un ami de Jules. Jules, un garçon totalement fou, m'ayant menacé, frappé... Le pire était que Jordan tenait à ce que je le rencontre. Mais connaissait t-il le vrai visage de son ami ? Non, il l'ignorait ça j'en étais persuadée.

  C'est troublée par ces divers événements que je fini par m'endormir. Quelques heures plus tard un bruit me réveille brutalement.

- Élisa ?

Je me relève, les yeux mi-clos.

- Oh Jordan, c'est ça  ?
- Oui j'espère que je ne te gêne pas, c'est ce que je voulais me présenter un minimum. Je suis un peu parti comme un voleur tout à l'heure.
- Oui peut être... Mais je dormais tu m'as réveillée, dis-je en enfouissant mon visage sous l'oreiller.

Je grommelle, toujours ma tête cachée sous le coussin.

- Pardon ? commença t-il en soulevant le coussin me cachant le visage. Si j'étais toi je m'excuserai, ça ne commence pas très
bien.

  Je soulevai l'oreiller cachant mon visage  et lui refais face, les cheveux sacrément ébouriffés.

- J'ai peur ! me moquai-je en lui tirant la langue.
- Mouais, tu verras dans quelques mois tu feras moins la maligne.
- Oh dans moins de quelques mois mais plutôt dans dans deux semaines ! retentit alors la voix du médecin qui était entré dans ma chambre.

  Jordan se retourne vers moi d'un air vainqueur, avant de refaire face au vieil homme.

- Vous parlez sérieusement, docteur ? sourit t-il de toutes ses dents.
- Et bien non jeune homme, à moins que vous souhaitez que je la garde encore quelques semaines ?
- Oh non, ça ira !
- Encore deux bonnes semaines et je vous laisse partir Elisa.

Un soupir de soulagement m'échappe.

- Merci beaucoup, c'est une excellente nouvelle.
- En revanche, profitez-en pour vous reposer, vous en avez grandement besoin, me préconise t-il.
- Oui il a raison, acquiesce Jordan.
- Sur ce, je vous laisse à vos occupations les jeunes. Je reviendrai dans un ou deux jours Élisa, ne vous inquiétez pas vous êtes sous la responsabilité des infirmières.
- Je vous remercie, bonne journée Docteur.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant