18) Poupée de chiffon

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Pdv Élisa

Désarçonnée par ce soudain appel...d'elle, j'avais laissé ma main tremblante s'agripper au téléphone.

— Je sais que c'est totalement irrespectueux et... culotté de prendre de tes nouvelles après tant de mois sans nouvelles mais il faut absolument que je te vois. Il faut que tu saches ce qu'il s'est passé durant ton.. absence.

Encore sonnée, je ne lui répondis pas.

Pourquoi avait t-elle attendu si longtemps avant de me recontacter ? Pourquoi l'avait t-elle fait maintenant, aujourd'hui ?  Tant de mois j'avais attendu son appel, un signe, un message qui m'aurait été destiné, en vain. Jamais elle ne m'avait recontacté.

Je ne m'étais jamais sentie si seule depuis son départ. Avec le temps, j'avais fini par croire qu'elle m'avait oublié et mis un terme à notre amitié. Notre si belle amitié. Son retour je ne me le faisait plus à l'idée, et pourtant désormais elle était là, au bout du fil. Cela me semblait insensé mais pourtant le son de sa voix me ramena à la réalité. Non, je ne rêvais pas. Nous étions à nouveau réunies.

— Élisa, répéta t-elle.
— Tu... disais ?
— Je dois impérativement te voir. Aujourd'hui même. Quand est-ce que tu pourrais venir ?

Je ne suivais plus ce qu'elle disait, et cela depuis le début de notre conversation. Réentendre le timbre sa voix m'avait comme désarçonnée. Elle ne m'avait pas donné de ses nouvelles depuis si longtemps. Moi qui croyais qu'elle avait fini par m'abandonner comme tant d'autres. Comme toi maman qui m'a quittée.

— Élisa ? Tu es sûre que tout va bien ?
— Oui oui, continue, aquiesçai-je en prenant une inspiration, les yeux humides.
— Si tu ne veux pas que je vienne, acceptes alors de venir à la maison. Et même si ce n'est que quelques instants cela m'est égal.

Je m'apprêtai à lui répondre quand soudain, l'appel de l'homme hier soir me revint en mémoire. Il fallait que je me rende au club en vitesse, sinon je savais ce qui m'attendait.

- Élisa ? Tu es d'accord ?
- Ce n'est pas possible, m'empressai-je dire, paniquée. Demain ce serait mieux.
— En fin d'après-midi alors ? demanda Laura, réellement désireuse de me voir.
— Je vois que je n'ai pas le choix, rigolai-je nerveusement.

  Face à son insistance, je renonçai à l'idée de ne pas passer chez elle aujourd'hui. Et ce serait aussi mentir de dire qu'elle ne me manquait pas.

— Je passerai tout à l'heure.
— Oh tu ne peux pas savoir comment ça me fait plaisir ! me répondit t-elle, je devinai son sourire derrière son portable.

  Le bruit de l'horloge dans la cuisine me fait sursauter. Je reviens à la réalité. J'avais un emploi du temps bien chargé.

— Il faut vraiment que je te laisse Laura, on se voit très vite.
— Je comprends parfaitement, alors à tout à l'heure. Et surtout prends soin de toi...

« Prends soin de toi »

Élisa, c'est justement le moment d'agir.

Je raccroche et préviens Jordan que je sortais. Le problème était que je n'avais pas de voiture. Comment allais-je faire ? Il fallait absolument que je trouve un moyen de locomotion... Je réfléchissais encore et encore puis fini par avoir une idée. Elle était risquée mais tant pis, je n'avais pas d'autres choix.

Je sortis de ma rue, me mis sur le trottoir et fis le signe du « stop » avec pouce.

J'attendis quelques minutes, puis une voiture s'arrêta enfin. À l'intérieur y était assit un bel homme âgé de la trentaine. Il avait les cheveux châtains et les yeux noisettes. Dès qu'il me vit, un sourire amical se dessina sur sa mâchoire carré.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant