19) Tu n'es plus seule

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Pdv Élisa

Elle est là, quelques centimètres nous séparent et je ne sais comment me comporter. Je pense qu'elle aussi doit être embarrassée par cette situation.

- Salut, osé-je maladroitement.
- Coucou, bredouille la jeune fille à son tour, peu à l'aise.

  C'est alors que Jeanne, la mère de Laura, entre dans la pièce. Nous nous taisons aussitôt.

- Coucou les filles, je cherche mes lunettes, c'est dingue j'étais persuadée de les avoir laissé dans ta chambre ma chérie.

La femme se gratte le menton, pensive.

Mes yeux scrutent le visage de Jeanne et je remarque que ses lunettes sont posées sur sa chevelure. Un sourire que j'ai du mal à cacher vient se dessiner sur mes lèvres. Le faisait t'elle exprès ? Comment pouvait on oublier la présence de lunettes à ce point ?

- Jeanne, commençai-je, amusée, je te conseille de jeter un coup d'œil dans le miroir de Laura.
- Ah oui ? me demande la femme, interloquée. Aurai-je posé mes lunettes sur le miroir ? Non elles seraient tombées. Et comment l'idée me serait venue de les laisser ici ? C'est absurde..

J'essaie de masquer le sourire sur mes lèvres. La quadragénaire s'avance vers la glace et aperçoit aussitôt les lunettes placées au dessus de son crâne.

Jeanne écarquille les yeux, éberluée avant d'éclater de rire.

- Ça alors ! Je vais me demander si ce n'est pas une Alzheimer précoce qui me guette ! Et dire que je n'avais rien vu !
- C'est l'âge maman, à 43 ans tu n'es plus très loin de la retraite, lui dit Laura, railleuse.
- Et justement tu pourrais en profiter pour aider ta vieille mère quelques fois, renchérit sa génitrice en lui faisant un clin d'œil. Quant à Elisa, merci pour ton observation ! Toi pour le coup tu n'as pas besoin de lunettes !

Laura et moi nous regardons et ne pouvons retenir un fou rire. Cette gêne nous distançant quelques minutes plus tôt n'avait pas su durer.

- Sur ce, je retourne à mes occupations les filles, amusez-vous bien ! nous salua Jeanne.

Les affaires que j'avais toujours dans les bras se faisaient de plus en plus pesantes.

- Je t'en prie pose tes sacs tu vas te casser le dos ! s'exclame Laura, amusée en voyant mon visage virer à l'écarlate.
- Il était moins d'une ! je souffle en essuyant mon front.

La jeune fille ne cessait de me regarder, les yeux pétillants.

- Quelque chose ne va pas ? l'interrogé-je abasourdie.

Immédiatement, la brune se précipite vers moi et me serre dans ses bras.

- Je suis tellement contente que tu sois là, soupire t-elle d'aise.
- Tu ne peux pas savoir comment tu m'avais manqué toi aussi...
- Elisa ? me murmure t-elle.
- Oui ?
- J'ai appris ce qu'il s'est passé. Tout ce qu'il t'es arrivé, c'est... ma mère qui me l'a dit.
- Tout ? demandé-je d'une voix blanche.
- Tout, répète-elle.

Mon souffle se ralentit. C'était comme si l'on m'avait retiré un poids.

- Et... je comprendrai parfaitement que tu ne veuilles pas en parler, poursuit la brune, maladroitement. Mais comment l'as t-elle appris ?
- Elle a été alertée par... ton père le soir où... le soir où tu as été transportée d'urgence à l'hôpital. Il l'a appelé avant de... mettre fin à ses jours.
- Non, secoué-je la tête, je ne veux plus qu'il y ait de secrets entre nous. C'est fini.

  Pourtant, après cette nouvelle qui aurait pu la soulager, la rendre heureuse, le visage de Laura s'était rembruni et elle semblait préoccupée.

- Tu sais Davids ? L'homme qui... qui t'as...  balbutie la jeune fille, mal à l'aise.
- Qui m'a violé, prononcé-je d'une traite, le regard ailleurs.
- Il a été arrêté hier. On l'a retrouvé ivre, et il était en train de... d'abuser d'une adolescente, déglutit Laura.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant