15) In extrémis

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Pdv anonyme

Je m'apprête à monter dans un taxi, lorsque j'entends des cris, des cris de femme. Je sors immédiatement de la voiture et m'empresse de trouver la personne criant sous les supplices. Dans une sombre ruelle, un homme est avachi sur une fille et s'apprête à de la déshabiller. Après avoir vu cette vision d'horreur, je cours vers l'agresseur et l'empoigne violemment.

- Dégage ! lui hurlé-je avant d'écraser sa tête contre le sol. Ose la toucher ne serait-ce qu'une seconde fois et je te crève salaud !

L'homme ne répond pas ce qui a dont d'accentuer ma colère. J'enchaîne les coups sur son visage abîmé par la couperose. Le type de contente de grogner et de gigoter comme une pauvre merde. Les rôles s'échangent, auparavant c'est lui qui malmenait cette pauvre adolescente maintenant c'est lui qui subit la violence de mes coups. Je continue de le frapper, encore, de plus en plus fort. C'était la mort qu'il méritait. Ce genre d'homme, on ne les pardonnait jamais. Comment pouvait t-on agir ainsi envers une femme ? Je ne doutais qu'il s'agissait de sa première victime. Combien de vies avait t-il arraché et brisé ?

Alors que je m'apprête à le frapper une énième fois, l'homme réussi à se défaire de mon emprise. Il s'échappe et cours dans le sens inverse. Je pars le rattraper lorsqu'une voix faible m'arrête.

La fille...

Je m'avance vers elle, lentement, hésitant. Je ne sais pas comment me comporter. Elle est allongée au sol, les poignets attachés à un poteau, sa jupe immaculée d'alcool et son tee-shirt déchiré. Son corps se secoue sous les pleurs. Mon cœur se serre. Je m'accroupis à sa hauteur.

Il ne l'avait pas raté ce salaud.

- C'est fini, lui soufflai-je doucement.

Une épaisse mèche de cheveux cache son visage et je n'ose pas la toucher de peur qu'elle se tétanise davantage. Sa respiration est forte et saccadée.

- Il ne t'arrivera plus rien je te jure, c'est terminé, continué-je d'une voix alors peu assurée.

J'essaie de gérer mon stress mais c'est plus fort que moi. Je n'arrive pas à me calmer. L'état agité de la fille m'en empêche.

Je regarde ses mains attachées, aussitôt je lui ôte les liens. J'effleure ses mains, délicatement, par peur de lui faire mal. Elle tressaute.Ses paupières s'ouvrent et elle passe sa main dans ses cheveux, laissant visible son visage.
Mes yeux s'écarquillent lorsque je découvre l'identité de cette personne plus que familière.

C'est alors qu'elle relève sa tête et nos yeux se croisent.

Élisa...

Son visage se décompose également et la blonde recule brusquement et tente de cacher son corps dénudé.

- Qu'est-ce que tu fais là ? prononce t-elle avec difficulté.

Je cligne des yeux et me racle la gorge, tentant de repenser mes esprits.

- C'est à toi que je devrais poser la question, répondis-je d'une voix se voulant froide et distante.

La blonde détourne le regard et ses yeux deviennent brouillés de larmes. Elle essaie de les essuyer mais éclate en sanglots.

Ma bouche s'entrouvre en la voyant ainsi. Je déglutis, impuissant.

Ressaisis-toi Jules, merde.

Alors aussitôt je prends une inspiration pour rester de marbre.

- Tu n'es pas obligée de me raconter. Je pense que j'ai compris ce que.... Ce qu'il aurait pu se passer.

Elisa acquiesce et tente de se relever. Son corps ne cesse de trembler, elle pourrait vaciller d'un moment à un autre. Alors, je la retient maladroitement avant de la rapprocher de mon torse. Elle frissonne. Son corps se détend lentement. Ses bras m'encerclent avec hésitation.

- Merci... d'être venu, elle murmure. Sans toi je...
- Je n'allais pas te laisser, avec ce salaud.

Elle semblait s'être calmée mais voilà que ses yeux s'humidifient à nouveau. Sans pouvoir se retenir, elle fond en larmes. Ma respiration s'accélère. Je balbutie des paroles inaudibles.

Merde mais fais quelque chose...

- Ne pars pas... Ne m'abandonne pas... sanglote t-elle contre moi. Il pourrait revenir.
- N'aies pas pas peur, tu vois je reste.

Elle niche son visage contre ma nuque. Je tressaute. Ses joues humides me glacent le cou.

Ce mec... Je le retrouverait et il payera.

- Tu saurais me dire où habitent tes parents ? Il faudrait aussi vite les contacter.
- Je n'ai plus de parents Jules.

Ma gorge se noue.

- Co... comment ?
- Je suis en famille d'accueil.
- Oh, d'accord, bégayai-je pris au dépourvu, et bien, donne moi l'adresse.

J'appelle un taxi et celui-ci nous rejoint quelques minutes puis tard.

- Où voulez-vous que je vous dépose, monsieur ?
- Cinq boulevard du maréchal Georges.
- Très bien.
- Faites vite, je n'ai pas tout mon temps, je le prévins-je fermement en entrant dans la voiture. 
- Bien sûr monsieur, comptez sur moi.

Il se met à accélérer, nous ne tardons pas à arriver. Elisa me regarde et je vais lui ouvrir la porte, toujours sous le choc.

Putain, mais qu'est-ce que tu fais Jules ?

La blonde sort de la voiture et ses yeux bleus s'ancrent dans les siens comme pour un au revoir. Elle met à marcher dans la rue adjacente.

Je la regarde s'éloigner et ma mâchoire se comprime.

Mais dans quelle merde je m'étais retrouvé.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant