22) Imprévision

45 8 2
                                    

Élisa

Je reprenais du poil de la bête à vu d'oeil. Mais comment était-ce possible ?
Je me sentais de mieux en mieux chaque jour, j'avais retrouvé le goût de vivre.
Même si mon passé tentait souvent de refaire surface, j'essayais petit à petit de l'oublier.

Aujourd'hui je devais me rendre au club où j'avais commencé à vendre, et ça depuis quelques années maintenant, mon corps. Après que je fus hospitalisée et laissée dans le coma, je ne m'étais jamais rendu une seule fois dans la maison close. Et que cela m'avait fait un bien fou. J'avais eu l'impression, histoire d'un instant, que tout cela était derrière moi, cette honte de me prostituer qui me hantait auparavant avait disparu et je pensais enfin être libre. Mais en réalité mon soulagement n'était qu'éphémère...

À ce jour, évoquer le sujet de la prostitution dans le cas de mon passé n'a jamais cessé n'être douloureux. Néanmoins je me devais d'agir. Il fallait cesse définitivement cette maudite activité, et pour cela je devais rompre tout contact avec le club. Je devais leur annoncer mon départ... avant qu'il ne soit trop tard. Mais comment ? Je n'en avais aucune idée.

Je descendis les escaliers, lorsque je vis Karine assise sur une chaise de la cuisine. Elle semblait préoccupée. Les lunettes sur le nez, un crayon en main, elle fronçait les sourcils.

Je m'approchai d'elle avant de l'enlacer tendrement. Nous étions devenues très proches l'une de l'autre, elle était comme ma seconde mère, ma mère de cœur.

- Oh bonjour ma chérie, sursauta Karine surprise. Je ne t'avais pas vu.
- Je ne veux pas te déranger, ça va ?
- Un peu fatiguée mais c'est le travail, m'expliqua t-elle en me montrant les nombreuses feuilles sous ses yeux. d'ailleurs je dois te laisser, j'ai un rendez-vous à l'agence.

J'acquiesçai.

- Je suis désolée de ne pas t'accorder plus de temps, mais dès que j'aurais fini je te jure de me rattraper, me souria t-elle en caressant doucement la chevelure.
- Oh non au contraire, je comprends. Ne t'en fais pas, lui assurai-je.

La femme soupira avant de ranger ses affaires rapidement.

- Jordan m'aurait déjà fait la moue, mais toi tu me laisses filer ! rigola t-elle. Je reviendrais aux alentours de treize heures, pour le repas tout est dans le frigo, vous n'ayez qu'à réchauffer.
- À plus tard alors.

La femme s'approcha de moi puis m'embrassa sur le front d'un geste maternel. Que ça faisait de bien de se sentir aimée.

— Karine ? l'interpelai-je, j'ai une question.
— Oui, ma puce ? me souria celle-ci en se retournant.
— Quand est-ce que je reviendrai au lycée ?

À ces mots, la femme se tendit avant de se racler la gorge.

— Hum, justement nous en discuterons ce midi.
— Et au fait... est-ce que je peux aller au centre ville ? murmurrai-je en plissant des yeux, redoutant sa réponse.

Ma mère adoptive fronça des sourcils et s'apprêta à secouer la tête. En voyant mon insistance, elle finit par accepter.

— C'est d'accord mais Jordan viendra avec toi. C'est préférable que nous attendons quelques mois avant que tu sortes seule.
- Merci beaucoup.
- Prends soin de toi.

***

Je passais donc le reste de la matinée à regarder la télé, lorsque quelqu'un toqua à la porte.

J'hésitai un certain temps puis ouvris lorsque les toquements se firent insistants. J'entrouvai la porte pour voir de qui il s'agissait. Instantanément, mon visage se décomposa quand je vis la personne devant moi. cette personne...

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant