3) Je craque

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Tout en me fixant de ses yeux noisette, Jules se rapproche dangereusement de moi.

Son corps si proche du mien me désarçonne et m'inquiète à la fois.

- Tu ne joueras pas longtemps à ce jeu avec moi, prononce-t-il.

N'ayant pas de réponse, le garçon saisi mon bras.

- Dis-moi de qui il s'agit. Qui t'a fait ça ?

Face à mon silence, le brun soupire avant de secouer la tête. Une de ses mains vient effleurer ma joue, rougie par la claque qu'il m'avait asséné quelques instants plus tôt. Un frisson m'échappe et je recule. Jules souffle et se rapproche à nouveau.

Mais pourquoi était-il obstiné à ce que je lui réponde  ? Il me haïssait, la colère qu'il éprouvait à mon égard se lisait à travers ses pupilles dilatées et sa mâchoire crispée. Je ne saisissais pas pourquoi la vision de cette marque sur ma nuque le rendait malade.

- Tu crois que je te laisserai filer sans avoir eu ce que je voulais.

Je me tends davantage à l'entente de ses paroles.

- Je vois, toujours muette... poursuit-il en se mordillant la lèvre inférieure.

Le brun pose alors sa main sur ma jambe qu'il caresse.

Mes yeux remontent vers les siens et je le fixe, interdite. Mais à quoi jouait-il ? Face à son accès de violence, l'attirance que j'avais éprouvée à son égard, lors d'un court instant, était désormais réduite en poussière. Ses mains me faisaient trembler et je ne les voyais plus que comme une arme.

C'est alors qu'il exerce une pression sur ma jambe et, comme un automate, je reprends le pouvoir de mon corps. C'est de toutes mes forces que je repousse mon bourreau.

- Arrête !

J'avais hurlé cette phrase si fort que Jules me laissa m'éloigner sans même m'en empêcher.

Pourtant, contre toute attente, il finit par se redresser lentement à son tour. Je m'apprête à m'enfuir quand il m'attrape par le poignet. Mon corps est vivement plaqué contre le casier. Je grimace de douleur. Le garçon ne me quitte pas du regard, ses pupilles brûlent à nouveau sous la haine.

J'ose froncer les sourcils et tente de ne pas ciller.

Son souffle chaud tape contre ma nuque. Il avance encore et encore, jusqu'à ce que nos bassins soient collés. Il me pétrifiait et voilà qu'il commençait à... Non. Je ne pouvais pas accepter cete pensée qui commençait à refaire surface. Il ne pouvait pas m'enivrer. Lui si mauvais.

Je tente alors de paraître indifférente.

-  Je m'en doutais, tu n'as toujours été qu'une sale prude, peste-t-il.

  À cet instant, je voulus le gifler mais ses paroles m'arrêtèrent net.

- Tu ne me laisses donc pas le choix, poursuit-il. Qui t'a fait ça ? Sur ton putain de cou ! Qui !

Mon sang se glace face au visage de Jules déformé par la colère. Les battements de mon cœur tapent de plus en plus rapidement dans ma cage thoracique. Je n'espérai qu'une chose, que tout s'arrête enfin.

C'est alors qu'il lève sa main et je sais d'or et déjà qu'il ne retiendra pas son geste. Mon visage se crispe, une larme que j'aurais voulu retenir, coule le long de mon visage.

- Ce n'est pas en pleurant comme une gamine que tu m'attendriras, crache-t-il.

Je m'apprête à devoir encaisser son coup quand il se ravive et quitte les lieux d'un pas lourd.

Une fois seule, j'essuie maladroitement les larmes sur mes joues et me maudis de ne pas m'être opposée à sa violence. Malheureusement, comment pouvais-je espérer être de taille face à lui ?

Je me relève doucement, entre dans les toilettes et me mets de l'eau sur le visage. Elle est glacée. De retour en classe, tout le monde me dévisage comme une pestiférée. Cela ne changeait pas tant de d'habitude finalement.

- Alors qu'est-ce que t'attends ? Entre p'tite prude ! ricane une fille de ma classe en reprenant les mots de Jules.

Je me tourne vers elle. Elle me fixe, un sourire machiavélique sur ses lèvres. Je m'approche d'elle, les poings crispés.

Histoire d'un instant, cette crainte que j'éprouvais à l'égard de tous ces lycéens, dont
cette fille, avait disparu. Je pouvais le faire, oui j'étais légitime de m'opposer à elle. Elle ne m'était pas supérieure.

- Je n'ai aucun ordre à recevoir, surtout venant de toi.
- Pardon ? vocifère la blonde en se levant, répète pour voir.
- Tu peux continuer ton manège, ça ne sert à rien.

Aussitôt, elle me gifle.

Mes yeux s'écarquillent. Ma joue me brûle horriblement. Sans me rétracter, je la frappe en retour. C'était animal et puéril, je vous l'accorde, mais cette fille ne méritait que la monnaie de sa pièce.

- T'es complément folle ! aboie la concernée.

La blonde lève une seconde fois sa main vers moi, prête à renouveler son geste. Cependant, des surveillants arrivent et nous séparent. Soudain des talons retentissent. Toute la classe ne peut que deviner la venue de la Proviseure.

- Mademoiselle Ovin ! m'interpelle-t-elle sèchement. Dans mon bureau de suite !

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant