5) Un réveil brutal

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— Mademoiselle ? Mademoiselle, vous êtes sortie du coma.

Mes yeux s'ouvrent et se referment aussitôt, aveuglés par la lumière.

— Jeune fille, est-ce que vous m'entendez ?

Puis, tout redevient flou et silencieux. Ce sont désormais des voix lointaines que je perçois. Une en particulier, très familière.

— Maman !
— Chérie, écoute-moi. N'abandonne pas, jamais. Tu dois continuer à vivre, à te battre. Car tu n'es pas seule, il reste encore quelqu'un... Quelqu'un avec qui tu partages des liens très forts mais que tu ne connais pas encore.
— Comment ça ? murmurai-je difficilement.
— Je t'aime si fort... Ma fille, bats-toi.
— Maman, attends ! Je t'en prie ! Ne me laisse pas ! Pas encore !

  Je me relève brusquement, le front perlant de sueur. Le calme régnait autour de moi. Aussitôt, j'observe le lieu où je me trouvais. Des murs blancs, épurés. Cet endroit m'était inconnu.

La porte s'ouvre dans un fracas.

— Mon dieu, ce que vous nous avez fait une peur bleue ! s'exclame une infirmière dont je reconnu la voix.
— Où... où suis-je ?
— À l'hôpital, mademoiselle.

  Comment ça dans un hôpital ??

Comme si elle avait perçu mon interrogation, la femme poursuit.

— Nous vous avons retrouvé dans un sale état... se désola t-elle.

Soudain un frisson me parcourt l'échine. Où était mon père ?

Soudain, la porte s'ouvre laisse entrant un grand homme barbu dans la pièce.

— Bonjour Elisa, je suis Marc ton médecin.
— Je vous en prie, dites-moi où est mon père, prononçais-je les mains tremblantes, sans prêter attention aux paroles du professionnel de santé.

  L'homme regarde furtivement l'infirmière et se racle la gorge.

— Ma pauvre enfant, je suis désolé de vous informer qu'il s'est suicidé après nous avoir alerté de votre malaise.

Cette annonce fut aussi douloureuse qu'un coup qu'on nous assène dans le ventre. Mon père s'était tué... Et ça je ne l'aurais jamais.

Une boule se forme dans ma gorge, je déglutis lentement.

Malgré toutes les horreurs qu'il m'avait fait subir, apprendre sa mort m'était insupportable. Tant de fois je me disais le haïr et pourtant... J'avais du mal à croire qu'il ait appelé les urgences cette nuit où j'avais été son défouloir. Moi qui me croyais partie... Morte. Son appel m'avait en réalité sauvé la vie. Peut-être y avait t-il encore du bon en lui à ce moment ?

Aujourd'hui il m'avait quitté, comme ma mère. Comment allais-je faire ? Je n'avais plus de famille...

Le médecin s'assoit près de mon lit.

— Comme vous êtes mineure et sans représentant légal, le service social hospitalier a pris contact avec l'Aide Sociale à l'Enfance.

Immédiatement, mes yeux s'écarquillent et les battements de mon coeur s'accélèrent.

Le médecin qui remarque ma panique, pose doucement sa main sur mon épaule, se voulant rassurant.

— Une assistante familiale du Centre Départemental de l'Enfance vous accueillera temporairement en attendant que le Juge vous rencontre et décide de votre placement pérenne dans une famille d'accueil.

  Une famille d'accueil ? Si j'avais imaginé que ma vie allait prendre une telle tournure...
Les larmes commençant à me monter à yeux, je prends une inspiration et me rallonge sur mon lit, la gorge sèche et le moral bien bas.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant