13) Retour en Enfer

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— Bonjour ma belle Élise.
— Bonjour, répondis-je à Karine qui venait d'arriver.

La femme dû remarquer que quelque chose clochait, car elle fronça les sourcils.

— Tu ne te sens pas bien ?
— Tout va bien.
— Tu en es sûre ? insista t-elle, peu convaincue.
— Tout à fait.
— Si un jour tu souhaites me parler je suis là, tu le sais ?

Je voulais tant lui raconter ce qu'il s'était passé et cela du début jusqu'à la fin. Malheureusement c'était impossible... Je n'osais même pas imaginer ce qui se passerait si elle apprenait la vérité.

Devant mon air interdit, Karine ne me questionne pas davantage.

Le silence s'installe et aucune de nous deux ne prend la parole.

- J'ai tellement hâte de partir d'ici, murmuré-je pensive.

Mon lit s'affaisse, Karine s'assoit à mes côtés.

- Cela te fera le plus grand bien, pose t-elle sa main sur mon épaule avec affection. Rester cloîtrée dans cette pièce n'est pas la meilleure des choses, tu as besoin de prendre l'air.

Je bascule légèrement ma tête et me blotti contre l'assistante familiale qui au fil des jours devenait ma protectrice et une personne en qui j'éprouvais beaucoup d'affection.

- As-tu fait ta valise ? Nous partons ce midi.
- Si tôt ? me redressai-je, étonnée.
- Tu souhaitais rester quelques jours de plus ? Nous pouvons attendre si tu veux, je comprendrai parfaitement.

Ses paroles ne pouvaient me faire plus plaisir, le temps passé ici m'est paru si long.

- Au contraire, je ne demandais pas mieux, avouai-je, d'un sourire que je lui rendis en retour.
- Ma grande, rie t-elle en m'embrassant t-elle doucement sur le front.
- Je ne voudrais pas t'embêter mais il y'a une question qui me trotte dans la tête depuis notre dernière discussion...
- Dis moi, Elisa.
- As-tu eu la réponse du Procureur pour que je puisse vivre au sein de ton foyer de façon permanente et que tu deviennes ma tutrice ?

Karine me regarde, désolée, et je devine sa réponse.

- La demande a été reçue par le greffier mais le Procureur ne l'a toujours pas traitée. Les procédures sont bien souvent très longues. Je te tiendrai au courant dès que je suis informée, ne t'inquiète pas.

J'hoche la tête, déçue.

Karine n'y était pour rien. Ça ne me servait à rien de vivre dans la tristesse et la frustration. Il fallait que je patiente.

C'est alors que je jette un coup d'œil vers ma valise posée près de mon chevet depuis le premier jour où l'on m'avait amené ici.

- Je suis sûre que la maison te conviendra, tu t'y sentiras bien.

Karine avait raison, j'étais persuadée que j'allais me plaire là-bas. Le fait de ne pas savoir combien de temps j'allais rester auprès d'elle me rendait soucieuse néanmoins. Il pouvait s'agir de quelques jours à quelques mois comme me l'avait expliqué Karine.

- Carl sera là ce midi ? demandai-je soudainement à l'assistante familiale.

Aussitôt, le visage de Karine se voile et elle ne me répond pas. Elle se relève et marche jusqu'à la fenêtre de ma chambre.

À cet instant, je réalise que je n'aurai dû lui poser cette question.

- Carl passe son temps à enchaîner les voyages d'affaires. Nous ne le voyons que quelques fois par an, à Noël et parfois à l'anniversaire de Jordan. Ça a toujours été ainsi, le travail est l'une de ses priorités. Et... oui c'est... compliqué entre nous, me confie t-elle, tristement. Je ne peux me faire à son absence. Depuis le temps, ça m'est toujours aussi difficile.

Pourquoi a t-il fallu que tu partes ? Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant