Éplogue - Let all be well

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Beat, happy stars, timing with things below,

Beat with my heart more blest than heart can tell,

Blest, but for some dark undercurrent woe

That seems to draw – but it shall not be so :

Let all be well, be well.

LordAlfred Tennyson


Derrière moi, je laissai la maison auréolée de son aura intemporelle, si vielle qu'elle était devenue une chose vivante. Le soleil brillait à présent sur cette nouvelle aube vers laquelle je me dirigeais. L'âme légère, je marchais à travers la lande, appréciant cette légère brise qui gonflait mes cheveux. Pour la première fois, je me sentais pleinement connectée à ce lieu à la beauté incomparable. Et je fermai les yeux un instant, respirant à pleins poumons la pureté de cet air iodé, me laissant bercer par le murmure des vagues se heurtant aux rochers. Une profonde paix intérieure régissait à présent mon esprit.

Ouvrant à nouveau les yeux, je continuai à marcher pour rejoindre la falaise. Face à moi, la mer scintillante s'étendait à perte de vue, ne donnant qu'une seule envie, rejoindre cette immensité ensorcelante, cet infini de lumière. Bientôt, à l'approche du phare, les falaises se firent moins escarpées et un chemin étroit et sinueux se dessina, donnant accès à une humble plage enfermée entre deux pans de roche. Son sable d'un blanc éblouissant rivalisait avec le bleu étincelant de l'eau. J'abandonnai mes chaussures sur un gros caillou, et m'avançai vers le milieu de cette crique minuscule. Une douce fraîcheur se dégageait agréablement du sable que mes pieds foulaient. Je m'assis face à la mer et je ne pus m'empêcher de sourire, comprenant soudain pourquoi mon père l'avait toujours trouvé si attirante.

Je pris à nouveau une profonde inspiration et, faisant taire le vacarme de mon esprit, je n'écoutai plus que le chuchotement de mon âme consolée, en paix avec un passé fait de larmes. Si je m'étais égarée dans la tristesse sourde, si j'avais renié la vérité, à présent, mes vieux démons s'en étaient allés, leurs doutes morbides ne m'atteignaient plus, leurs hurlements s'étaient à présent tus à jamais, perdus dans le silence de l'infini. Même si elle s'était perdue, mon âme immortelle s'éveillait à nouveau à la vie. Après tout ce voyage chaotique qu'elle avait entrepris, elle subsistait. Je subsistais. Moi, Sarah Gillingham, j'étais enfin libre...


Cap SouvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant