Chapitre 13 - La mémoire d'une autre

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Je suis une princesse. Toutes les filles le sont.

Tant pis si elles vivent dans de sordides greniers,

tant pis si elles sont vêtues de haillons

et tant pis si elles ne sont ni jolies ni élégantes ni jeunes.

Elles sont toujours des princesses, c'est notreprivilège.  

Frances Hodgson Burnett  


Installée à son bureau, Edith relisait sans cesse la lettre que son frère lui avait apportée la veille. Elle ne croyait toujours pas à ces mots et pourtant ils étaient bien réels. Sa vie était sur le point de prendre un nouveau tournant...

Très chère Miss Barrow,

J'ai l'honneur et la grande joie de vous annoncer que, suite à notre entretien du mois dernier, j'ai pris la décision de vous engager comme secrétaire. Certes, vous n'avez aucune expérience dans le domaine, mais au vu de vos étonnantes capacités intellectuelles, je suis prêt à vous faire entièrement confiance. Sachez d'ailleurs que je ne suis pas le seul à partager cet avis, toute l'équipe éditoriale vous ayant trouvé parfaite pour le poste. Nous vous attendrons donc dès le mois de septembre pour prendre de vos nouvelles.

Dans la hâte de pouvoir travailler avec vous,

Anthony Ingram

En relisant ces mots, Edith ne put s'empêcher de sourire. Elle allait partir pour Londres, son rêve allait enfin se réaliser. Elle allait pouvoir prouver à sa famille, qu'elle, la petite bonne à rien comme ses parents se plaisaient à la surnommer, était bel et bien capable de réussir là où ils avaient échoués...

- Edith, fit la voix de Mrs Molesley de l'autre côté de la porte. Edith, es-tu malade ? Veux-tu bien sortir de cette chambre et me dire ce qui ne va pas ?

Edith ferma brusquement son journal se précipitant à la porte. Elle arrangea en vitesse ses longs cheveux châtains, les redressant en chignon, avant de remettre en place son col immaculé. Elle ouvrit la porte à la volée, provoquant la stupéfaction de Mrs Molesley.

- Mon Dieu, ma pauvre enfant, tu ne peux pas travailler dans cet état ! s'exclama-t-elle en pénétrant dans la pièce. Tu as vu dans quel état sont tes cheveux ?

La gouvernante secoua la tête en obligeant la jeune femme à tourner sur elle-même pour lui présenter son dos, ou plus exactement l'arrière de son crâne.

- Crois-tu que c'est en te montrant ainsi là-haut qu'ils te feront confiance ? soupira-t-elle en défaisant sa coiffure.

Attrapant alors une brosse à cheveux qui traînait sur sa table de nuit, elle se mit à tirer sur ses belles boucles roussâtres pour les discipliner quelque peu, ce qui lui donna du fil à retorde car la jeune femme de chambre mettait rarement autant d'application à cet ouvrage, préférant laisser sa crinière la plus naturelle possible. Mais comme le disait si bien Mrs Molesley, il fallait être un minimum présentable pour servir à Thornholm Manor.

Edith grimaça mais se laissa faire, préférant ne pas s'attirer d'ennui avec Mrs Molesley qui lorsqu'elle eut fini son travail, eut l'air satisfaite.

- À présent, dépêche-toi il y a des cheminées à nettoyer et à allumer, je doute que cela se fasse tout seul, annonça-t-elle de cette voix à la fois autoritaire et douce qui la caractérisait.

Cap SouvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant