Chapitre 12 - Downstairs

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L'histoire de notre vie est l'histoire de nos peurs.

PabloDe Santis    


La maison était plongée dans un silence accablant. En y pénétrant, j'éprouvai une étrange impression, comme si je ne rentrais pas vraiment chez moi mais plutôt que j'envahissais la demeure de quelqu'un d'autre. Je balayai rapidement ces pensées et refermai délicatement la porte derrière moi pour éviter d'ébranler cette quiétude qui m'enveloppait.

Je fus très étonnée d'apercevoir, une fois dans le grand salon, un bouquet de camélias blancs majestueusement posé au centre de la table en bois massif. Je n'avais pas le souvenir de les avoir vus la veille lorsque j'avais quitté la maison et cela m'intrigua. Je m'en approchai pour les observer de plus près et ce que je vis m'horrifia au plus haut point. Du sang recouvrait toute la partie droite des fleurs, s'écoulant même en fines gouttes sur le bois où se formait déjà une petite flaque. Craintive, je reculai, ne pouvant détacher mon regard de cette vision d'horreur qui s'offrait à moi tel un cadeau empoisonné.

Mais, au fur et à mesure que je m'éloignais du centre de la pièce, la couleur rougeâtre qui recouvrait les fleurs s'estompa pour finalement disparaître totalement, les abandonnant à leur état immaculé naturel. Je clignai plusieurs fois des yeux, me massai même les paupières avant de détailler une nouvelle fois le bouquet qui n'avait plus rien de menaçant, bien au contraire. Pourtant, plus mes yeux fixaient, plus je sentais une boule me serrer la gorge. Les camélias m'avaient toujours mis mal à l'aise sans que je ne puisse jamais comprendre pourquoi.

Je secouai vivement la tête, j'avais dû rêver, sous l'effet de l'étrange atmosphère qui régnait entre les murs de la bâtisse... Ça n'était pas la première fois, loin de là.

- Oh mon Dieu ! Miss Sarah, je me suis fait tellement de souci pour vous, où étiez-vous passée ?

En entendant la voix d'Imelda je manquai de hurler. Lorsque je me retournai, le visage livide, elle sembla abasourdie.

- Que se passe-t-il, Miss Sarah ?

- C'est vous qui avez apporté ces fleurs, Imelda ? l'interrogeai-je gravement.

- Pas du tout, je les ai trouvées ce matin en arrivant, elles étaient abandonnées sur le pas de la porte, expliqua-t-elle en bégayant presque. J'ai cru qu'elles étaient pour vous, alors je les ai mises ici. Mais si elles ne vous plaisent pas, je peux les jeter.

- Je préférerais, oui, opinai-je.

Imelda ne se fit pas prier deux fois et emporta le bouquet, me laissant seule dans cette grande pièce. Mon humeur avait, en à peine quelques minutes, changé du tout au tout. La légèreté qui m'habitait encore ce matin en quittant l'auberge s'était complètement envolée. Seul subsistait à présent un étrange sentiment de peur que je ne m'expliquais toujours pas.

Je m'approchai de la fenêtre, dehors le vent soufflait de plus en plus fort, sifflant et faisant claquer les volets. La pluie avait cessé mais le ciel ne s'était pas éclairci pour autant. Un banc nuageux encore plus sombre s'étendait au large, avançant peu à peu vers la côte.

- Voilà, je m'en suis débarrassée, Miss Sarah, déclara calmement Imelda. Excusez-moi, je n'aurais pas dû les...

- Oubliez cela Imelda, ce n'est rien, lui assurai-je en posant amicalement ma main sur son épaule. Je pense que vous devriez rentrer chez vous tant que c'est encore possible.

Cap SouvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant