5. Offre

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C H A P T E R 5

POINT DE VUE DE DYLAN

Quelque chose avait changé.
C'est difficile à expliquer, c'est abstrait, mais tellement réel à la fois. J'ai l'impression que je recommence à comprendre la vraie définition du mot maison. Il n'y a plus ce malaise palpable que je ressentais à chaque fois que je mettais le pied ici. Manger, dormir, c'était devenu des tâches, des choses élémentaires, fades, que j'effectuais tellement machinalement sans y prendre goût.
La maison à l'air tellement plus colorée, j'ai l'impression de la voir sous un autre angle, c'est étrange.
La dernière fois que j'ai ressenti ça, mon père était en vie.
Maya rigole. Elle a un sourire immense collé sur le visage depuis que maman est rentrée. Elle lui tourne autour comme une abeille qui aurait débusqué une jolie fleur. Ma mère s'affairait à concocter des pâtes dans la cuisine et Maya voulait l'aider. Je ne l'ai jamais laisser toucher à un couteau, mais ma mère était en train de lui montrer comment couper les légumes sans se faire mal.
Je les regardais comme si je ne les voyais pas, j'étais confus, trop de souvenirs refaisaient surface en même temps, je ne comptais plus les battements de mon coeur.
Matthias étais assis juste en face d'eux et commentait leurs gestes. Il avait le menton appuyé sur sa main et dévisageait maman en souriant. Leur conversation était floue, de quoi parlaient-ils déjà?
Ma gorge s'assèche, elle se serre, mes yeux me picotent et je sais ce qui va suivre; je vais me remettre à pleurer.
Mon père me manque. Je veux mon papa. Où est-il bon sang?
Comment pouvaient-ils en profiter alors qu'il n'était pas là? Ils ne se posent pas de questions? Ça ne les intéressent pas plus que ça de savoir où il se cache?
Ça m'obsède. Des jours moins que d'autres, mais je ne peux pas me coucher le soir sans me poser cette foutue question, celle qui me ronge, la question dont personne ne détient la réponse, la question qui m'empêche d'avancer, celle qui m'empêche de pleurer sa mort; s'il l'est!
Je regarde mes mains sans les voir, les larmes coulent, inévitablement.

— Dylan?

Matthias? Maya? Je ne sais même plus, j'ai la nausée, j'ai peur, je me plie en deux et éclate en sanglot, incontrôlable, je m'écroule, tombe de la chaise, me roule en boule comme quand je me faisais mal en étant petit. Quelqu'un lâche quelque chose sur le comptoir et cour dans ma direction.

— Allez, viens...

Ma mère me soulève et j'enfouis ma tête dans son cou. Je pleure, pleure de tout mes forces, je hurle, je m'accroche à elle comme si ma vie en dépendait, j'ai l'impression de perdre la tête.

— Dylan, Dylan, tu m'entends? Je suis là, je ne te laisserai plus jamais...

Elle tremblote aussi, son emprise se fait sentir et je sens aussi les larmes lui monter aux yeux.

— Je suis désolée...Dylan, je suis désolée....

Elle me serre aussi et je me calme enfin, ma respiration devient régulière, j'arrive à me redresser pour la serrer contre moi.

— Moi non plus je te laisserai pas...

Elle pleure contre moi, on se serre longuement, et je vois Maya dans les bras de son frère et je me dis que je dois rester fort. Pour eux. Pour maman. Et pour moi même.

Je dois rester fort.

***

POINT DE VUE DE JESSICA

Madison traîna un peu chez moi, histoire de s'échanger les dernières nouvelles; elle m'a tellement manquée, et c'est peu dire. J'avais besoin de parler, même si c'était de choses futiles avec quelqu'un qui me ressemble et elle me ressemble vraiment.
Je suis sur le pas de la porte pour refermer derrière elle. On se fait une looongue accolade, on se souhaite bonne nuit et quand on ouvre la porte, on se fige net.
Dylan était là.
Il a les yeux rougis et grand ouverts, aussi surpris que nous.

The Perfect Geek 2 [ P A U S E ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant