25. Pestiférée jusqu'au bout

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Jenna,

Maison des Stone,

A quoi me suis-je attendue ? A ce qu'ils m'accueillent à bras ouverts ? A ce que j'aie ma place à leurs côtés ? Mon père m'avait assurée qu'il demanderait à Diana de mettre un autre couvert mais j'aurais dû me douter qu'il n'en ferait rien et à son visage, je constate qu'il jubile de sa petite farce. Il est heureux à l'idée de me voir perdre de ma superbe. Aussi mature qu'un enfant de sept ans ! Même devant ses invités, il ne peut pas s'empêcher d'essayer de me faire tomber. Et bien, je ne lui ferais pas ce plaisir !

Je redresse les épaules et hausse le menton pour montrer à mon paternel diabolique que je ne me laisserai pas atteindre. Je rassure Madame Johnson qui a la gentillesse s'inquiéter pour moi. Et c'est bien la seule ! Ryan a vraiment de la chance d'avoir une maman comme elle. La mienne ne cillerait pas même si j'étais sur mon lit de mort !

— Ne t'inquiète pas, Theresa ! dit ma génitrice. Nous allons mettre un autre couvert.

Le regard courroucé de mon père la fait blêmir. Ok, il est réellement décidé à m'éjecter de la pièce d'une manière ou d'une autre et l'intervention de ma mère contrecarre ses plans. Je ne donne pas cher de sa peau après le dîner. Elle va s'en prendre plein la gueule. Je retiens un soupir. Je ne devrais pas m'en préoccuper, après-tout, elle se fiche totalement de moi. Mais en voyant son regard peiné et ses yeux baissés, je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Alors, je prends une décision qui contentera tout le monde, moi y compris. J'en ai marre de toute cette hypocrisie ! Même les regards venimeux de Ryan mettent mes nerfs à rude épreuve ! Déjà que je dois subir le mépris des miens...

— Ne vous dérangez pas, Mère. Je vais dîner rapidement à la cuisine avant de rejoindre mes amis.

— Oh, ce serait tellement dommage, Jenna ! s'écrie Madame Johnson. Pour une fois que tu es là !

— Ma mère s'est donné beaucoup de mal pour que cette table soit parfaite, je réponds avec un doux sourire totalement feint. Ne gaspillons pas ses efforts ! Je suis certaine que nous aurons d'autres occasions de discuter. En attendant, je vous souhaite un excellent appétit.

Et sans leur donner l'opportunité de répondre, je m'éclipse comme une voleuse sous leurs yeux écarquillés de surprise. Même si je n'ose pas vérifier l'expression de Ryan, j'ai au moins « la chance » d'entendre la voix enjouée de mon père, dire que les jeunes d'aujourd'hui n'ont plus aucun respect. Je suis sure qu'il rirait moins si les Johnson apprenaient que leur hôte prétendument agréable, n'est en fait qu'un foutu pervers narcissique.

Lorsque je pousse la porte de la cuisine, Didi et Archi m'attendent, leur expression est chargée de tristesse. Je m'écroule dans les bras de ma mère de substitution et retiens difficilement mes larmes. Archi passe une main sur mon dos et le frotte avec tellement de vigueur, que j'en ris.

— Je suis tellement désolée, ma puce, souffle Diana avec tristesse. Je pensais qu'ils accepteraient enfin ta présence, au moins pour ce soir, mais quand ton père m'a strictement interdit de mettre un autre couvert, j'ai compris qu'il n'en était rien. Je n'ai pas pu te prévenir.

— Ce n'est rien, Didi. Ce n'est pas ta faute ! Et puis, je suis heureuse de passer Noel avec vous plutôt qu'avec ces snobs !

— Même si ton amoureux est là ?

Je m'écarte brusquement, les yeux écarquillés.

— C'est bien de lui que tu nous as parlé la dernière fois que tu es venue ?

Ne me résiste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant