DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

♦ 22 ♦

Elijah

Amalia ne fit qu'esquiver.

Elle répéta trois fois qu'elle ne voulait pas se battre contre moi et elle faisait tout pour cela.

Liam resta sur le toit, l'observant avec ses yeux quand je n'utilisais que mes autres sens. Il ne sembla pas plus agacer que ça par son petit manège, ce qui était assez surprenant. Elle le mettait presque systématiquement hors de lui dès qu'elle avait le malheur d'ouvrir la bouche au mauvais moment.

Tout cela n'avait rien de sérieux, n'avait rien d'un combat.

Mais même si cela ressemblait étrangement au jeu du chat et de la souris, je ne parvenais pas à suivre la cadence que j'essayais moi-même de m'imposer.

C'était trop dur et Amalia ne pouvait pas s'en rendre compte puisqu'elle n'était pas dans l'optique d'un vrai combat.

Elle se déplaçait vite et souplement.

Elle était douée.

Mais Liam voulait qu'elle montre autre chose, qu'elle montre de quoi elle était réellement capable et pour cela, il fallait que ce soit contre moi. L'idée était loin d'être bête, loin de là, c'était même plus que logique, mais...

De la sueur perla le long de ma colonne vertébrale, une goutte glissa de ma tempe à ma joue.

Le bandage sur mes yeux me brûlait.

La douleur était là. Elle était là depuis que Liam m'avait sortie de son coma.

Vivace.

C'était une vieille amie.

Une vieille ennemie.

Trop forte à certains moments. Mais là était le prix à payer. Je ne pouvais pas flancher.

Liam avait besoin de moi. Je n'allais pas laisser mes problèmes prendre le pas sur ce qui comptait vraiment.

Je me stoppai et inspirai doucement.

Mon cœur battait vite. Mon souffle était légèrement rauque.

Ne pas flancher. Je pouvais tenir. Si Liam m'avait réveillé, c'est qu'il l'avait senti lui aussi. Il me faisait confiance et au-delà de ça, il savait de quoi j'étais capable.

— Arrête de fuir, Amalia, dis-je.

J'essayai de maîtriser ma voix au maximum. Ce n'était peut-être qu'une sorte d'entraînement amical, mais il ne fallait jamais montrer ses faiblesses. Amalia en avait vu suffisamment pour des années. Il n'était plus question que cela se reproduise.

J'étais un Chasseur. J'avais ma propre dignité, même si cela ne se voyait pas forcément.

— Je ne me battrais pas contre toi, Elijah, grogna-t-elle.

— Pourquoi ? dis-je, parce que je suis aveugle ? Parce que tu as pitié ?

Mon timbre se fit plus dur.

Je savais très bien que ce n'était pas le cas, ou du moins pas totalement. Elle avait été entraînée pour me tuer, pas pour avoir pitié. Et pourtant... elle m'avait sauvée et elle avait pleuré. Peut-être pas pour moi directement, mais au fond, ça m'avait touché, ça m'avait... ébranlé. Et elle ? Est-ce que ça lui avait fait quelque chose ?

— Regarde ton état ! Ce serait comme frapper un enfant !

Liam pouffa alors que je bougeai. Ma lame se retrouva contre la peau de son cou. Elle ne broncha pas, son souffle sur mon visage.