DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

♦ 37 ♦

Elijah

Certains disaient qu'un vieux loup pouvait rester des décennies dans l'immobilité la plus totale, ne se nourrissant pas et ne buvant pas. Comme un vampire. Notre corps se mettait dans un état proche de la mort, proche d'un coma très profond.

Certains ne se réveillaient jamais. Ils dormaient et finissaient par s'éteindre, leur moitié s'étiolant. Un loup ne pouvait vivre sans attache, sans lien. Un loup avait besoin d'être connecté à une puissance, à une conscience. Il avait besoin d'être sur une toile. Besoin d'être relié à quelqu'un, à quelque chose. Pendant des siècles ce quelqu'un avait été Liam, pendant des siècles, il y avait eu une boucle entre mon Aelis et moi. Même les Chasseurs avaient leur propre lien, leur propre vieille magie.

Si je n'avais pas mon Aelis avec moi, alors le lien n'était plus là, il n'était plus alimenté. Et mon loup n'avait plus rien. Pendant si longtemps il était resté accroché à Liam, pendant si longtemps il s'était nourri de ce nous que maintenant...

Que maintenant il n'y avait plus rien.

Et comme cet endroit, tout n'était que silence en moi. Je pouvais percevoir la douce présence de Zarkan. Je pouvais sentir les monstres autour de nous, ceux qui étaient venus à moi. Ceux qui avaient cru que j'étais leur lumière.

Mais je n'étais la lumière de personne.

Ni celle de Zarkan.

Ni celle de cet endroit.

Et encore moins celle de Liam.

Je l'avais laissé.

J'avais choisi les Ténèbres à mon Aelis. J'avais choisi d'étouffer notre lien pour qu'il n'en reste presque plus rien. Mais il était toujours là. Un tel lien ne partait jamais. Un tel lien ne disparaissait jamais. Parce que deux âmes avaient été liées.

Deux âmes entremêlées.

Deux esprits enchaînés.

Deux cœurs liés.

Dans la bataille ou dans les flammes.

Ton Aelis surveille.

Ne vacille point.

Ton Aelis veille.

Je ne pouvais pas oublier. Ne le pourrais jamais. Liam était la personne qui m'avait permis de vivre pendant si longtemps. Mais je l'avais laissé derrière. Et il avait accepté.

Un corps brisé. À l'intérieur ? À l'extérieur ? Où est-ce que j'étais ?

Qui ? Qui étais-je ?

Il n'y avait rien.

Un vide.

Un trou béant.

Et l'obscurité. Plus opaque que les Ombres de mon Aelis. Plus ténébreuse que l'aura de Liam.

Où était mon Aelis ?

Il y eut un grincement.

Venu de très, très loin. Il se répercuta contre les parois, il résonna jusqu'aux tréfonds des Dédales. Et le silence ce fit de nouveau.

Ici, tout ne dormait pas. Mais le silence régnait toujours.

Ce silence.

Un simple souffle devenait la seule chose qui paraissait réelle. Mais y avait-il réellement quelque chose de réel ici-bas ?