DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

♦ 48 Elijah ♦

Je voulais m'accrocher à cet instant.

Je voulais m'accrocher à Amalia et ne pas partir. Je ne voulais pas la laisser, ni même lui laisser penser que je l'abandonnais, et pourtant... pourtant, c'est ce qui était en train d'arriver.

Je ne pouvais détacher mon regard de son visage.

Elle était si belle. Tout était parfait chez elle. Elle était parfaite, mon Ama. Si belle. Si incroyable.

Je voulais m'accrocher à elle. Et je voulais la toucher et l'aimer encore plus. Je voulais lui donner tout ce qu'elle méritait, tout ce qu'elle désirait. J'aurais voulu être son univers tout entier.

Oui. Sharan avait su choisir la compagne parfaite pour son dernier enfant. Amalia... Amalia était...

La douleur vrilla mon crâne et pendant un instant, je ne vis plus rien.

Ça arrivait. Doucement. Je le sentais monter. Je le sentais. Ça me brisait. Doucement. Doucement.

Je ne sentais plus mon corps. Ni mes jambes, ni mes bras. Plus rien.

À part le feu qui me consumait.

À part l'argent qui avait remplacé le sang dans mes veines et qui empoisonnait mon cœur. Les battements étaient lents, douloureux. Chaque inspiration était une torture. Mais je profitai de cet instant. De ce moment si court, mais si beau.

Parce qu'elle était là. Avec moi. Et que je n'aurais voulu rien d'autre.

Est-ce que j'allais m'en sortir ?

Est-ce que ça avait de l'importance ?

Amalia était là. Et je pouvais la voir. Enfin. Et c'était la plus belle chose que j'avais jamais vu de toute ma vie. C'était ma compagne.

Ma Chasseuse.

Ma louve.

Si belles toutes les deux. Si... précieuses.

Précieuses.

Bien plus que tout. Bien plus que ma propre vie, que ma propre existence.

Sa peau était douce. Elle sentait si bon.

Une autre larme coula le long de ma joue.

Je peinais à respirer.

Mais je ne pouvais pas lâcher. Pas maintenant.

Il fallait que je lui dise... même si je ne savais pas... même si j'ignorai si j'allais survivre, il fallait que je lui dise.

Je voulais être égoïste. Une fois dans ma vie. Même s'il n'y avait pas d'après. Même si au final il n'y avait rien, je voulais qu'elle...

Quelque chose se fissura à l'intérieur de moi. Ma vision se flouta. C'était en train d'arriver. Et le visage d'Amalia disparaissait déjà.

Mais je l'avais vu. Au moins une fois, je l'avais vu. Et c'est ça qui comptait maintenant, ça et rien d'autre.

— Elijah... Elijah...

Elle sanglotait dans mon cou. Je sentais ses larmes sur ma peau. Je ne voulais pas qu'elle pleure. Je ne voulais pas qu'elle soit triste par ma faute.

Pas mon Ama... pas elle...

— Elijah... s'il te plaît... s'il te plaît...

Une main se posa sur mon épaule. Liam était là lui aussi.

Mon Aelis. Son front contre le mien.

J'avais du mal à... sentir soudain.

Le vide dans ma tête. Mais il y avait quelque chose qui se craquelait. Comme de la glace.

Mon esprit.

Je ne sentais rien.

Ni mon loup.

Ni mes liens. Pas de Liam. Pas d'Ama. J'étais... seul. Complètement seul.

Mes doigts se crispèrent et ma bouche s'ouvrit dans un hurlement silencieux.

Boom.

Je ne pouvais plus respirer. Mes poumons avaient besoin d'air, mais je n'y arrivais pas.

Il fallait que...

Que je...

Boom.

— Ama...

Ma voix était rauque. Après ça... je savais, je sentais... après ça... il y aurait le froid, l'obscurité et... le silence.

Le silence... Et j'avais... peur. Peur de la laisser. Peur de l'abandonner et de...

Mais je... pour une fois... même si c'était mal, je voulais...

— Je... reviens alors... alors...

C'était tellement dur.

Trop de souffrance.

Trop de douleur.

Boom.

— Attends-moi.

Et ça éclata, comme un miroir qui ce serait écrasé au sol. Mon corps eut un dernier soubresaut et dans ma tête, ça explosa.

Tout se perdit.

Ma vie.

Mes souvenirs.

Mes pensées.

Moi.

Tout tournoya.

Il ne resta que la magie.

Il ne resta que de la puissance.

Et j'oubliai.

Tout.

Ce que j'étais.

Ce que j'avais fait.

Ce que j'avais accompli.

Qui j'avais tué.

Qui j'avais respecté.

Qui j'avais aimé.

J'oubliai.

J'oubliai Liam.

J'oubliai Nohlan et la meute.

J'oubliai Amalia.

J'oubliai mon loup.

Boom.

Dernier battement de cœur.

Une ultime inspiration.

Je m'oubliai, moi.

Et j'oubliai. J'oubliai qu'il devait y avoir quelque chose derrière le silence.

Et ce fut fini.

Le noir.

Plus de douleur. Plus de regret. Plus de peine.

Et le silence.

Juste... le...

S...i...l...e...n...c...e...