DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

♦ 50 ♦

Elijah

Dix mois et dix-sept jours après le silence.

— Qu'est-ce qui te manquerait le plus ?

Sa voix fut portée par le vent. Elle était si douce, si délectable que j'aurais pu simplement rester assis là à l'écouter pour toujours.

— C'est une question difficile ça, tu sais.

Elle haussa les épaules et rit, croisant ses mains dans son dos.

Le vent se leva, balayant les pans de sa robe. Je levais la tête vers le ciel et observais toute cette immensité au-dessus de ma tête.

Qu'est-ce qui me manquerait le plus ? En fait, j'aurais été incapable de le dire. Il n'y avait pas toujours de réponses aux questions, mais lui dire ça à elle n'était pas une solution envisageable. Tout avait une réponse, tout se devait d'être dit. Même les pires vérités. Surtout les pires vérités. Elle était comme ça et ça ne plaisait pas forcément toujours à tout le monde.

Toujours. La franchise était sa règle d'or.

— Honnêtement ? Je ne sais pas.

Je fermai les yeux un court instant.

J'aimais bien sentir le soleil sur ma peau, le vent dans mes cheveux et entendre son rire, comme s'il était la seule chose qui comptait.

C'était la seule chose qui comptait d'ailleurs.

Oui...

Mais il y avait tellement de choses que j'aimais dans ce monde, alors en toute objectivité, j'aurais pu donner beaucoup de réponses au final.

— Il y a forcément quelque chose.

Je la sentis s'approcher, gardai les yeux fermés encore un instant. Et si je lui demandais à elle, que me dirait-elle ?

Une réponse assurée, je n'en doutais pas.

— Vivre.

Elle hésita un instant, comme si elle cherchait la signification de cela.

— Tu as donc peur de mourir ?

Ses doigts effleurèrent ma main. Je souris et tournai mon visage vers le sien :

— Non. Il n'y a pas que la mort qui empêche de vivre, Lyssa.

Mais elle était encore trop jeune pour le comprendre.

Et même quand elle aurait des centaines d'années derrière elle, je n'étais pas sûr qu'elle saisisse tout cela. Il y avait des choses qui échappaient à beaucoup de monde et je voulais de tout cœur préserver Lyssa de la noirceur du monde.

Boom. Boom. Boom.

C'était... une pulsation. Sourde et rythmée. Le bruit d'un cœur qui battait. Le bruit d'un cœur qui était vivant.

Ce n'était pas puissant, mais ce n'était pas ce qui importait.

Boom. Boom. Boom.

Je ne percevais que ça. Les battements d'un cœur.

Mon cœur.

Je percevais chacun des battements affolés de son cœur. Ils étaient semblables aux miens. Je baissai la tête alors qu'elle la relevait.