DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

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« Tout avait débuté dans l'obscurité d'une cellule

Et tout se terminerait dans l'obscurité silencieuse de la mort.

Mais cela ne voulait pas dire que nous étions condamnés à rester dans le noir »

Elijah

« C'est un poids que tu portes. Tu es le dernier de la lignée et avec toi s'éteindra le nom Harendra. Qu'importe les enfants et les petits-enfants. Tu seras le dernier. Après ça, tout sera fini ».

J'inspirai, me gorgeant de l'air glacial se frayant un passage jusqu'à mes poumons. C'était l'aube. Et chaque rayon parait la surface du lac d'une multitude de variations de couleurs. Spectacle d'une beauté naturelle à couper le souffle. Tout n'était pas que silence. La nature vibrait tout autour de moi.

Elle vivait. À travers chaque organisme, qu'il soit de la taille d'un grain de poussière ou qu'il soit aussi imposant que je l'étais dans cet espace. Là où l'homme n'avait pas encore étendu son emprise. Il demeurait des lieux préservés. Il demeurait des lieux vestiges d'une vie passée. Moi qui avais vécu avec le monde, bien que préférant les ténèbres à la lumière, j'étais nostalgique des grandes étendues verdoyantes et chatoyantes. Pour autant, je n'étais pas nostalgique de mon moi passé.

J'avais autant de sang sur les mains que mon Aelis. Nous étions l'alter ego l'un de l'autre. Deux ombres se juxtaposant à la perfection.

La cime des arbres projetait son ombre sur le lac ; formes faites d'épines et de courbes symétriques. Pas une seule brise pour venir secouer tout ça. Tout était calme. Je percevais la vie sous mes pieds et j'étais capable d'entendre les animaux s'agiter tout autour de moi, bien qu'ils soient à des kilomètres. Il y avait un rythme régulier, bien plus loin, celui-ci foulant la terre.

Depuis quelques jours, le vent portait un message. Un murmure tenace, qui s'agrippait à moi, ne me laissant de répit qu'à l'instant où mes yeux se fermaient et que le sommeil me gagnait. Ce n'était pas à proprement parler des mots. Pourtant, ça avait du sens pour moi qui savais écouter. Il était répandu de penser qu'un aveugle se voyait décupler ses autres sens et effectivement c'était le cas. Mais pour ma part, je n'étais pas réellement aveugle.

Aujourd'hui, mes yeux étaient ouverts et je voyais tout. Depuis mon promontoire, tout s'offrait à mes sens : un ciel azuré promettant une liberté infinie, le pic des arbres et leurs feuilles formant un tableau d'automne d'une douceur palpable et bien en arrière, l'ombre menaçante des montagnes. Je baissai mon regard sur le lac, en contrebas. Sa surface était un miroir où se reflétait chaque chose. Je me tenais trop haut pour que je puisse y déceler ne serait-ce que le contour de mon corps.

Quelque part, des événements se mettaient en place. Je n'avais pas la patience d'écouter et d'attendre. Était-ce Liam qui, à travers notre lien, insufflait un peu de lui en moi ? Me rendant moins réfléchi ? Plus impatient ? Ça n'aurait rien eu de surprenant quand on y pensait. Un serment d'Aelis était bien plus que des mots prononcés et une promesse marquée par le sang. Bien qu'il ne soit pas là en cet instant avec moi, je le sentais. Le Maître des Ombres n'était jamais bien loin.

« Une vieille magie coule dans nos veines. Il ne s'agit pas seulement d'être les premiers Loups, Elijah. Nous incarnons une race. Une croyance. Avec toi, la magie est encore effective ».

C'était assez ironique quand on y pensait. J'étais certainement le tout premier loup de ce monde à ne pas avoir voulu de mon héritage. À choisir d'annihiler les miens, bien avant de souhaiter les protéger. C'était mon unique vérité, celle que beaucoup ne voulait pas entendre, parce qu'alors, je n'étais plus celui que j'étais censé être.