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Elijah

Je ne prêtai pas plus attention à la remarque d'Amalia que cela. Les gens avaient du mal à ne serait-ce que comprendre. Pour eux, un aveugle était un infirme qui ne pouvait pas faire grand-chose. Je n'allais pas m'escrimer avec eux. Amalia se rendrait vite compte que je n'avais pas besoin de mes yeux pour voir. Bien au contraire.

Je ramenai mon doigt à l'endroit où je l'avais posé au début :

— Je ne suis pas allé plus loin que là.

Je ne pouvais pas me tromper. Pas quand il était question des Dédales. Je me reculai. Amalia ne me quittait pas des yeux. Elle semblait tellement sceptique. C'était son droit. Tout le monde pensait ce qu'il voulait.

— Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps, alors ? s'enquit Nohlan en se tournant vers moi.

Il connaissait déjà la réponse à cette question, bien sûr. Il me connaissait suffisamment aujourd'hui, savait que même lui ne pourrait me tenir indéfiniment loin des Dédales.

Il faut marcher dans les ténèbres pour trouver son chemin parfois, camarade.

— Les monstres restent en bas, Nohlan.

Ma voix n'était qu'un souffle.

— Ne joue pas avec ta vie de la sorte, Elijah, lâcha l'Alpha, légèrement sur la défensive. Tu es mon Lieutenant et j'ai besoin de toi avec toute ta tête. Te ne retourneras pas là en bas, surtout pas pour une maudite boîte à musique.

Un hoquet de surprise.

Amalia n'était pas la seule à être hantée par le son de la boîte. Gabriel m'avait avoué que Scarlett se réveillait parfois en pleine nuit en hurlant.

Tout cela à cause d'une vieille boîte à musique.

Je posai ma main sur la tête de la jeune femme :

— Ne t'inquiète pas, ce qui est dans les Dédales reste dans les Dédales.

— Je suis là moi, souffla-t-elle.

Je souris.

Était-elle vraiment là ? Non. Bien sûr que non.

J'avais dit une fois à Scarlett que lorsque quelqu'un se retrouvait dans les dédales, il y laissait une part de lui-même. Et parfois même, c'était bien plus que cela.

Est-ce qu'il t'arrive de... regretter ?

Regretter, c'était vivre dans le passé.

Alors à quoi bon ?

— Non.

— Pourquoi ? Tu n'éprouves donc rien, camarade ?

J'étais incapable d'atteindre mon cœur. C'était parfois comme s'il n'y avait rien à cet endroit.

Je pensais à Lyssa.

Les souvenirs s'altéraient doucement.

Dans quelques décennies, dans quelques siècles, il ne resterait rien.

Est-ce que je pouvais l'oublier ? Comme on oubliait son premier chagrin d'amour de gamin ?

— J'ai aimé. J'ai été heureux. J'ai pleuré et j'ai tué. Cela suffit, non ?

Il ne répondit rien. Le silence sembla s'éterniser alors que les murmures autour de nous enflaient, encore et encore.

Je posai une main sur son front moite :

DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant