DE SANG ET D'ARGENT T1 Never let it disappear [Terminée]

♦ 24 ♦

Elijah

Elle avait la peau moite et le souffle court. Du sang sur la joue, venant de la légère blessure que je lui avais infligée. L'odeur d'hémoglobine lui collait à la peau, tout comme celle de l'acier.

Liam ne l'avait pas vraiment loupé. Si j'avais pu, je l'aurais fusillé du regard, mais je savais faire bien pire que cela au final.

Ce foutu Chasseur n'était qu'un putain de connard quand il le voulait, toujours à vouloir pousser les gens dans leur retranchement, toujours à vouloir les pousser à bout. Comme si ce combat n'avait pas suffi ! Il n'aimait pas Amalia certes, mais ce n'était en rien une raison.

Je me concentrais sur le lien qui m'unissait à lui, sur notre lien d'Aelis et je l'étouffai d'un seul coup. Liam grogna et chancela même sûrement. C'était la même sensation que de se couper de sa meute, que d'endiguer le lien entre loups.

C'est à peu près là que je sentis réellement à quel point il avait essayé d'apaiser ma douleur. Je reçus tout de plein fouet et serrai des dents.

Tant pis.

S'il n'en faisait qu'à sa tête et bien moi aussi. Il fallait qu'il arrête de croire que tout lui était permis parce que c'était loin d'être le cas !

Mais les mots n'avaient aucun sens pour Liam, seuls les gestes comptaient.

— Ne joue pas à ça, camarade. Tu ne tiendras pas longtemps.

Je ne l'écoutais qu'à moitié et aidai Amalia à redresser le haut de son corps.

Elle allait s'en remettre. Si son premier mentor avait été le maître des lames lui-même, alors il n'y aurait aucun souci pour elle.

Liam ne lui avait infligé aucune blessure mortelle et tant mieux pour lui.

— Laisse la donc se débrouiller, tu n'es pas son père que je sache, cracha-t-il.

Amalia eut un rire jaune en relevant la tête.

Elle contrôlait déjà bien mieux sa respiration. Ce n'était pas sa louve ; elle était encore trop profondément enfouie en elle pour être d'une quelconque aide, non, c'était juste elle, la Chasseuse, son corps, son endurance, son seuil de douleur et de maîtrise de soi. Elle était une vieille louve, mais on pouvait aussi la considérer comme une vieille chasseuse.

— Jaloux, Chasseur? T'inquiètes, je vais pas te voler ton Aelis.

Un déplacement dans l'air.

Quand ce n'était pas l'un, c'était l'autre. Je n'avais jamais vu ça bon sang.

Ce serait à celui qui aurait le dernier mot ?

Où à celui qui gagnerait le respect de l'autre en premier ? Je n'en savais foutrement rien et je m'en fichais bien. Ils m'agaçaient tous les deux et la bête en moi commençait à tourner en rond et ça, ce n'était vraiment pas bon.

Je pouvais contrôler la douleur.

Je pouvais contrôler mes sentiments.

Je pouvais contrôler Liam.

Mais je ne pouvais pas contrôler mon loup.

Et s'il était relié à Liam, ce dernier ne pouvait rien faire non plus.

— Arrête, Liam, dis-je sans élever la voix.

Il s'arrêta à ce qui devait être un ou deux mètres de nous. Le sang d'Amalia et son désir de savoir ne l'avaient pas encore rendu complètement fou. Il était encore du bon côté et je ne voulais pas que ça change. Surtout pas quand Amalia était dans les parages.