3173 : Attrape-moi si tu peux

Chapitre 10 - Souhait interdit

Au début, c'était mon idée de dormir dans le bus. Je pensais qu'en cinq heures de voyage, j'aurais le temps de récupérer de ma nuit, mais quand j'ai énoncé à Lili la possibilité que je dorme durant le trajet, elle s'est immédiatement mise à ma place.

Lili s'est mise à dormir. Contre moi. Durant cinq heures.

A cet instant et sans que je ne comprenne trop pourquoi, j'ai vu le visage d'un Oliver bien contrarié et j'eus un léger sourire devant cette pensée. Au fond, ça me plaisait. Ça m'énervait, mais ça me plaisait. Je me comportais réellement comme un enfant jaloux alors qu'il n'y avait aucune raison de l'être.

Après tout, c'est moi qui suis avec elle maintenant. Moi. Pas lui. Moi.

C'est avec moi qu'elle a dit qu'elle voulait être.

Ah. Cette histoire me monte décidément trop à la tête.

J'ai besoin de tout, sauf de ça en ce moment. J'avais besoin de regagner mon calme et ma tranquillité de base. J'avais besoin de faire le vide et le point. J'avais besoin de m'aérer l'esprit. Loin de tout ça.

Quand on finit par arriver à l'hôtel au bord de mer, Lili se réveilla soudainement et se précipita directement au bungalow. Et qui doit porter les sacs à dos hein ?

« - Tristan dépêche-toi ! Dépêche-toi ! Viens voir comme la vue est belle ! Waw ! »

Ce n'est pas que la vue qui est belle. Enfin si, le reflet du soleil sur l'eau, lui donne un éclat brillant, mais il n'y a pas que ça.

Comme j'aurais aimé mettre « pause » sur ce moment. J'aurais aimé nous enfermer là pour l'éternité, juste elle et moi. J'aurais aimé dire que c'était pour toujours. Mais non...Ce n'était que pour quelques jours. Quelques petits, minuscules, jours. Comme ça allait vite passer. Ça passe toujours trop vite avec elle.

« - Ça m'avait manqué cet endroit ! C'est génial que ta mère puisse nous avoir ce bungalow-là à chaque fois.

- Ahahaha...Oui... »

Ma mère...Elle ne reculerait devant rien pour me voir marier avec Lili. J'ai de la chance de l'avoir comme alliée cette année-là. Autant les autres années, je m'en fichais, mais cette année, je me réjouis. Vraiment. Sans elle, ces vacances auraient été différentes.

« - Dis Lili, tu prends toujours la chambre en face de la mer ?

- Hmmm...Tu ne la veux pas cette année ?

- Non, non, tu sais...Les mouettes de bon matin, ça m'agace un peu.

- Bon d'accord, je prends la chambre du fond alors ! »

Même bungalow, mais chambres différentes. Comme c'est triste.

« - Bon, je vais poser ton sac dans ta chambre !

- Ah ! Oui ! Merci encore ! »

Et dans quelques secondes, je vais entendre cette fameuse phrase que j'entends si souvent chaque année maintenant.

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« - Tristan ! Au fait ? Tu ne veux pas qu'on aille se baigner ? Autant profiter d'être là non ? »

Ça n'a pas manqué.

Je n'aime pas la mer. Enfin, j'aime la mer, mais quand il y a de la place pour poser sa serviette sans avoir à se manger tout le sable que brassent les enfants du couple voisin. Ça, c'est chiant. J'ai envie de les enterrer vivants moi les mômes.

« - Si tu veux. Pourquoi pas ? De toute façon, on a le temps.

- Oui ! Je vais enfiler mon maillot de bain. »

Ah. Le maillot de bain de Lili. Je suis certain que vous vous dites qu'elle est ce genre de fille à sortir avec un maillot deux pièces avec des petits nœuds sur le côté, mais pas du tout. Lili est le genre de fille à venir avec le maillot une pièce de piscine. Le truc tout noir. Généralement elle prend même la peine de mettre son bonnet de piscine. Elle ne ressemble à rien et ça me fait rire.

Mais au moins, comme ça, personne ne la regarde.

« - Je suis prêt ! Je t'attends !

- J'arrive ! C'est compliqué à mettre ce truc...

- Tu veux de l'aide ?

- Certainement pas ! »

Ça partait d'une intention tout à fait innocente, je le jure.

« - C'est bon ! »

La porte s'ouvre et je m'attends à découvrir ce maillot de piscine avec sa bouée rose barbie mais quelle ne fut pas ma surprise quand je la vis arriver à ma hauteur avec un bikini plus que provocateur.

« - Lili ! Tu vas sortir...Comme...Comme ça ?

- Comment ça ? Ça veut dire quoi ? Il ne te plaît pas mon maillot ? Je l'ai acheté avant-hier pourtant.

- C'est que...Que...bah...on voit ta peau.

- Tu es vraiment bizarre Tristan. C'est normal que l'on voie ma peau ! On voit la tienne aussi monsieur « je suis en short de bain »

- Oui, mais moi, je...

- Toi quoi ? Hmmm ?

- Enfin...Tu vas prendre des coups de soleil comme ça !

- C'est pour ça que j'ai pris de la crème ! Allez, viens ! On y va ! »

Elle m'attrape par la main et m'entraîne avec elle.

La tornade de Lili. Elle ne se rend tout simplement pas compte de toutes les armes dont elle dispose pour me faire du mal.

Je trouve ça tellement injuste. Si seulement...Si seulement, pour une fois, rien qu'une fois, elle pouvait comprendre ce que ça fait. Si seulement, rien qu'un jour, elle pouvait se mettre à ma place.

Si seulement, elle pouvait se rendre compte.

Mon dieu non ! Tristan ! Quel genre de pensée tu as !

Si Lili savait ce que tu ressentais pour elle...Si elle apprenait ce que tu as toujours ressenti pour elle alors qu'adviendrait-il de vous deux ?

Lili ne doit pas savoir. Jamais.

Plutôt mourir noyé que de lui avouer que je l'aimais.