Chapitre 17 - Histoire de coeur

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Après avoir quitté Leila chez le glacier, prenant chacun un chemin différent, je peinais encore à me rendre compte de ce que je venais de faire. Je me revois lui serrer la main. Je me revois être d'accord avec elle pour la première fois depuis longtemps. Même maintenant, je crois avoir halluciné.

« - Tristan ? »

Au détour d'une rue menant à chez moi, j'aperçois Lili. Elle est seule. Que faisait-elle ici à cette heure-là ? N'était-elle pas rentrée bien avant moi ?

« - Qu'est-ce que tu fais là ? »

Je te retourne la question.

« - Rien, je m'apprêtais à rentrer. Et toi alors ? Je pensais que tu avais fini plutôt que moi.

- Ah oui...Oliver vient de me déposer. »

Encore lui. Il est partout décidément.

« - Oh...Cool.

- Et toi ?

- J'étais avec Leila. »

C'est sorti directement. Sans contour, sans rien. Je lui ai juste dit. Je lui ai dit parce qu'au fond, j'espérais secrètement que ça déclenche quelque chose chez elle. J'espérais qu'elle me fasse les gros yeux, qu'elle me pose pleins de questions. J'aurais aimé qu'elle s'intéresse...Qu'elle s'intéresse un peu à moi.

« - Je vois. Je suis contente que ça se soit bien passé !

- Comment peux-tu savoir si ça s'est bien passé ou non ?

- Je te connais Tristan....Tu n'aurais même pas pris la peine de prononcer son nom si cela ne t'avait pas convenu. »

Ce n'est pas faux. Je me serais contenté de dire que je traîne ici et là en attendant de rentrer chez moi. Ce n'est pas comme si on m'y attendait après tout.

Elle a ce timide sourire au bout des lèvres et aucun de nous n'ose abandonner l'autre au détour de cette rue. Cette rue qui nous sépare.

« - Bon, je devrais y aller...J'ai un exposé à travailler.

- Oui...

- Viendras-tu manger à la maison demain soir ? Grand-père veut te voir. »

Son invitation m'étonne. Son grand-père est un vieux personnage aigri qui n'aime et ne tolère personne à part sa petite fille. C'est étrange. Néanmoins, je ne peux refuser.

« - Avec plaisir ! Vers quelle heure ?

- Vers 19 heures ? C'est bon ?

- Oui, oui !

- À demain alors ! »

Oui, à demain.

Cette pensée me remet le sourire aux lèvres. C'est la première fois depuis des années que je vais remettre les pieds chez Lili. D'habitude, c'est elle qui vient chez nous, qui dort chez nous, qui mange chez nous. Mais rarement l'inverse. Je ne suis allé que deux ou trois là-bas.

La première fois, son grand-père m'a mis un coup de balai sur la tête.

La seconde fois, il a manqué de me balancer de l'étage supérieur.

La dernière fois...Il m'a littéralement mis à terre par je ne sais quelle prise de je ne sais quel art martial.

J'avais beau râler et ne pas porter ce vieux croûton dans mon cœur, il était quand même très fort et j'étais étonné de voir que Lili, à côté de lui, était...tout son inverse. Elle n'était ni agile, ni adroite, ni rien. Ce n'était qu'une fille rêveuse, tête en l'air et portant la poisse. Elle tombe régulièrement, brise des objets souvent.

Mais malgré tous ses défauts...Malgré tout ce que je sais d'elle...J'aime cette fille.

Je n'ai jamais pu faire autrement. Je n'ai pas lutté. Je n'ai pas essayé une seule fois de me défaire des sentiments que j'éprouvais à son égard. J'aimais cette fille depuis la première fois où nos regards se sont croisés. J'aimais le regard qu'elle avait. J'aimais cette attention toute particulière qu'elle avait à mon égard. À côté d'elle, le chétif que j'étais paraissait fort, costaud et courageux.

Et j'ai toujours voulu préserver cette image qu'elle avait de moi. Cette image de « héros ». Pourtant, depuis quelque temps à cause de cette maudite et vulgaire voleuse, Lili se moque de moi. Elle rit de mes déboires et de mes échecs. Elle ne me voit plus comme un héros, mais juste comme un gars se faisant malmener par une fille.

Ô comme je la détestais cette fille. De tout mon être et de toute mon âme. Ce n'était pas de la haine, mais il était évident que je ne la portais pas dans mon cœur. Jamais je ne la porterais dans mon cœur.

Ce dernier est déjà réservé à une seule, unique et même personne.

Lili.

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant