Chapitre 7 - L'Art de La Guerre

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C'est bientôt les vacances. Je n'aime pas cette période-là de l'année étrangement. D'habitude, à chaque vacances, c'est une nouvelle aventure quelque part avec Lili. Elle choisit l'endroit où elle veut aller et moi, je nous assure de survivre pendant une semaine.

Mais je sais d'avance que cette année, les vacances seront différentes.

Je sais que je ne partirais pas avec Lili. Ce n'est pas écrit encore, mais quitte à choisir, je mettrais ma main à couper qu'elle partirait plutôt avec le bel Oliver.

C'est comme ça, il fallait que je m'y fasse.

Persuadé que mes vacances étaient cramées d'avance, il fallait que je me trouve autre chose à faire. Une occupation. J'avais besoin d'une coupure nette avec le monde. Si je pouvais, je me téléporterais dans un coin reculé du monde, là où aucune technologie ne serait capable de transmettre et là où personne ne viendrait me chercher.

De toute façon, qui viendrait pour moi ?

Certainement pas Lili.

« - T'as une sale gueule aujourd'hui Tristan.

- Bonjour à toi aussi Leila. »

Elle pouvait parler, elle et sa bosse digne d'une licorne.

On se demande qui de nous deux est le plus moche.

« - Toujours contrarié pour l'autre soir ou parce que ta copine flirte avec un autre ?

- Et toi alors ? Tu n'es pas fatiguée de te faire étaler comme un pancake ? »

« Étaler comme un pancake », y'avait mieux comme réplique du genre cinglante, mais sur l'instant, je n'ai trouvé que ça. Preuve que mon cerveau est réellement fatigué.

J'ai besoin de vacances.

Loin du monde.

Loin de Leila.

« - À ce que je vois, monsieur est de mauvaise humeur. Pour changer.

- Non pas spécialement, mais tu ne fais rien pour me mettre de bonne humeur non plus. Qu'est-ce que tu me veux cette fois ?

- Rien, je venais juste voir si ta gueule de bois amoureuse était passée...Je veux dire, si tu te concentres pas plus, « 3173 » va vraiment s'en tirer à chaque fois. »

Dit-elle alors qu'elle n'a rien pu faire à part se cogner la tête contre une vitrine. À ce qui paraîtrait. L'utilité de Leila vient de descendre au niveau -50.

« - Écoute, j'ai tellement peu de respect pour toi que je vais être gentil et te dire que tu me fais vraiment chier à cet instant. Donc, prends tes grands airs et tire-toi.

- Tu sais, je veux t'aider Tristan.

- M'aider à quoi ? À me pousser à t'assassiner ? C'est bien partit pour.

- On pourrait faire équipe. Le jour on pourrait rendre Lili jalouse et la nuit...

- Wow...Je t'arrête là. Il n'y aura jamais rien entre nous. Même le néant ne suffirait pas à décrire la nature de notre relation. Comprends-moi bien Leila, on n'est pas amis. On ne l'a jamais été. Je ne t'aime pas et ne te considères même pas alors maintenant, va-t'en. Fous-moi la paix. »

Elle n'a rien dit de plus. Elle est partie. Elle est partie avec cette mine attristée et c'est à son départ que je me suis rendu compte de la dureté de mes propos. Je veux dire, il est vrai que Leila m'insupporte, mais d'habitude, je ne lui dis jamais. Je me tais, j'acquiesce avec un faux sourire et je la laisse repartir d'où elle vient.

Là, elle m'a juste servi de souffre-douleur. De punching-ball émotionnel.

J'ai été véritablement méchant avec elle.

Mais une part de moi est totalement satisfaite et fière. C'est étrange.

Je devrais aller m'excuser.

Oh et puis merde hein ! Ça attendra. Leila n'est pas ma priorité.

Lili, si.

Il faut que je la trouve. Il faut que je lui demande.

« - Lili ! »

Je la vois à l'autre bout de la cour. Je la vois tout sourire, discutant avec d'autres gens. Je savais que ce moment viendrait. Je savais qu'un jour, il allait falloir la partager. Elle ne m'appartient pas et pourtant, je suis terriblement jaloux de tous ces autres. Ces autres qui ont cette chance inouïe. Celle de voir le sourire de Lili.

« - Tristan ?! Qu'est-ce qu'il y a ?

- Dis-moi...Tu fais quoi pendant les vacances ?

- Pendant les vacances ? »

Elle éclate de rire. Un éclat si pur. Cristallin. Si beau.

« - Tu m'en poses de ces questions...Tu m'as fait peur. On ne part pas ensemble cette année ? Sauf si tu as d'autres projets bien sûr. »

Et je ne sais pas pourquoi, mais à cet instant, je ne pus m'empêcher de la prendre dans mes bras.

Lili part avec moi. Pas avec Oliver. Avec moi.

« - Merci.

- Eh bien...Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es bizarre aujourd'hui, Tristan. On en rediscute ce soir ? Je dois aller en cours.

- D'accord ! Je t'attendrais ! »

Lili s'en va. Elle s'en va, mais je suis heureux. Tout simplement heureux. Je passerais mes vacances avec elle.

Et là, une idée farfelue m'est passée par la tête : Si je passe mes vacances avec Lili, n'est-ce pas l'occasion rêvée pour marquer des points et détrôner Oliver de son podium ?

Je serais seul avec elle.

Sun Tzu a écrit dans « L'Art de la Guerre » : « Tout le succès d'une opération réside dans sa préparation ».

Cet homme n'a jamais eu autant raison que présentement pour moi.

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3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant