Chapitre 18 - Secrets

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L'amour. On parle souvent de l'amour dans les romans. Dans les films. Dans les séries. Dans les bandes dessinées. On parle de l'amour partout. À chaque fois, le thème est plus ou moins abordé de la même façon et à chaque fois, nous retrouvons la même recette servie sous différentes façons. On parle de l'amour avec un grand « A ». On parle de l'amour qui vous brise de l'intérieur. On parle de celui qui rend fou, mais je pense que l'on oublie l'amour qui nous fait sourire. Parce qu'avant d'être amoureux...On est particulièrement idiots.

On a ce sourire niais s'affichant en gros sur notre visage et pour une raison que l'on ignore...On est heureux. On est heureux tout simplement. On ne peut pas expliquer pourquoi on ressent une telle chose, mais le simple fait d'entendre cette personne. De la voir. De lui parler. On est alors heureux. On est bien. On se jette sur notre lit et on sourit à la vie. On sourit en affichant toutes nos dents.

Je ne sais pas comment fonctionne le cerveau pour que l'on se sente ainsi, mais c'est bon. Réellement bon. Vous savez, c'est enivrant. C'est une sensation qui nous rend étranges aux yeux des autres, mais c'est une sensation que tout le monde mérite de vivre, d'expérimenter au moins une fois dans sa vie.

Le fait de savoir que j'allais manger avec Lili demain soir m'a mis dans un état similaire. J'étais allongé là, fixant les étoiles fluorescentes au plafond et je souriais.

Parce que j'étais heureux.

En ce moment, je l'étais réellement.

Un simple mot de sa part suffisait à éclaircir l'orage qu'il y avait dans mon cœur et la tempête qu'il y avait dans ma tête.

Néanmoins, toutes les idées et toutes les images de la journée me sont revenues rapidement. J'ai accepté l'offre de Leila. J'en étais maintenant, pleinement conscient. J'ai accepté de travailler avec elle et même si une part de moi était révoltée à l'idée, il fallait que je m'y fasse. Leila n'était pas totalement stupide et encore moins idiote, bien au contraire. C'était une jeune femme brillante que j'enviais bien souvent. Son seul défaut était son empressement, sa hâte. Son impulsivité. Elle ne savait pas réfléchir calmement. Elle ne savait pas attendre. Alors des occasions en or, nous en avons raté elle et moi. Plus souvent à cause d'elle, qu'à cause de moi. En revanche, si notre collaboration s'avérait intéressante, il y avait de fortes chances que l'on réussisse enfin à mettre un visage et un nom derrière cette prétentieuse voleuse.

« 3173 ». Une histoire ayant commencée il y a de cela quelques années maintenant. Cela fait bien longtemps qu'elle nargue les forces de l'ordre, les détectives les plus brillants et deux jeunes adolescents. Réussir à l'attraper relevait tantôt de la chance, tantôt du génie. Jusque-là, par on ne sait quel moyen, elle réussit toujours à s'échapper.

À disparaître telle de la fumée. Un courant d'air.

Certains s'accordent à dire que c'est une jeune et brillante magicienne, mais il n'y a rien de magique dans ce qu'elle fait. Elle s'introduit, vole tout ce qu'elle peut et repart aussitôt. La magie n'existe pas réellement, c'est juste de la poudre aux yeux. Une fois qu'on a compris comment ça marche...C'est facile.

D'ailleurs...Le grand-père de Lili est un ancien magicien de renommée...Peut-être pourrais-je... ? Ah. La dernière fois que je lui ai demandé de m'expliquer un tour ou deux, ce vieux bonhomme m'a assommé avec sa canne. Il ne m'apprécie pas vraiment. Il ne me déteste pas pour autant, mais je sais qu'il ne me garde pas dans son cœur. Pour lui, je le prive de sa petite-fille depuis bien trop longtemps.

Le lendemain matin, alors que je m'apprêtais à sortir de chez moi, Lili est là. Devant ma porte.

« - Qu'est-ce que tu fais là ? »

Je suis étonné. Nous n'avions pas convenu de nous voir...Sauf ce soir.

« - En fait...Je me demandais si l'on pouvait faire le chemin ensemble ?

- Oui, si tu veux ! Avec plaisir ! Laisse-moi deux secondes, j'attrape mon sac. »

Une fois parties, nous nous plongeons mutuellement dans un silence inviolable. Il fallait que je dise quelque chose. N'importe quoi.

« - Dis-moi Lili...C'est ton grand-père qui t'a appris la magie non ? Tu crois...Tu crois que tu pourrais m'apprendre ? »

Elle s'arrête soudainement, surprise.

« - Pourquoi veux-tu apprendre la magie ? Je croyais qu'en bon enquêteur, tu ne croyais pas en la magie ?

- Disons...Que je ne crois qu'en ce que je vois et...J'essaye de comprendre, c'est tout.

- Hmmm...Tu sais, chez nous...Ou tout du moins, pour nous, la magie c'est un petit peu un secret familial alors...

- Ah non, non ! Je comprendrais que tu ne puisses pas...Ne t'en fais pas.

- C'est pour ton enquête sur « 3173 » ?

- Oui...

- Dis-moi Tristan...Tu crois que c'est une criminelle comme le disent les journaux ? Tu crois qu'elle serait capable de tuer quelqu'un ?

- Pourquoi tu me poses la question ? C'est vrai que jusqu'à présent, elle n'a jamais utilisé d'armes parce qu'elle avait toujours le dessus sur nous...Mais peut-être que là, ce fut une exception... »

Elle baisse les yeux, comme si elle semblait contrariée et mécontente de ma réponse.

« - Tu sais...Tout le monde peut changer.

- Et toi Tristan ? Changeras-tu un jour ?

- Je n'en sais rien. La façon dont je suis actuellement me plaît bien. C'est vrai que j'ai l'air d'un bon à rien et que je fais pâle figure comparé à une voleuse utilisant la magie comme arme...Mais bon...C'est comme ça. Un jour je l'attraperais ! Réellement !

- Et que feras-tu ? Une fois que tu l'auras attrapée ?

- Je la livrerais aux autorités bien sûr ! C'est évident ! »

C'est vrai, j'en étais convaincu. Jusqu'à présent, j'ai toujours cru que juste l'identifier me satisferait, mais maintenant que les règles ont changées, je me dis qu'elle ne mérite aucunement ma pitié.

« - Parfois...Un acte de délinquance peut cacher bien des secrets. »

Tel un murmure, un souffle dans le vent, les mots de Lili frôlent mon oreille.

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant