Chapitre 30 - PAN !

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Il y a bien une chose que j'ai apprise de la magie en général : C'est que le vrai tour se joue toujours quand nous avons le regard ailleurs. C'est une chose que m'aura apprise Lili. C'est une leçon que j'aurais apprise à mes dépens. J'étais là, amoureux, attendant tandis qu'ailleurs...Tandis qu'ailleurs, il y avait la réalité. La monstrueuse réalité.

Ce soir était le « grand soir ».

Ce soir était le soir où je devais, quoi qu'il arrive, faire en sorte que mon rêve ne se produise pas.

Ce soir mes yeux ne quitteront pas Leila.

Ce n'est pas comme si nous pouvions faire marche arrière et où je pouvais l'évincer le temps d'un soir. J'avais besoin d'elle et sa simple présence servait à me rassurer.

« - Tu as quelle heure ?

- 19h57. Ça va être l'heure. Tu es prêt ?

- Plus que jamais. Et toi ?

- Pareillement ! On devrait se séparer pour couvrir plus de terrain. »

« Se séparer » voulait dire perdre Leila du regard et ça, je ne le voulais pas. Alors étrangement, tel un réflexe, ma main est venue chercher la sienne.

« - Non. »

Elle s'arrête et se retourne vers moi.

« - J'aimerais que tu restes là où je peux te voir. S'il te plaît...Ça sera ma seule requête.

- Mais...

- Leila...S'il te plaît. Reste là. »

Mon ancien moi se casserait certainement une jambe en voyant ce que mon « nouveau » moi est en train de faire. Il y a des mois j'aurai absolument tout donné pour faire en sorte que cette fille arrête de me traîner dans les pattes et maintenant...Voilà que je ne veux pas qu'elle s'en aille. Je veux qu'elle reste. Qu'elle reste près de moi.

« - Comme tu voudras. »

Peu de temps après, les lumières s'éteignirent une par une, nous laissant complètement dans le noir avec les feux des véhicules de police en dehors pour seul éclairage.

La voilà.

« - Dit donc...C'est mignon de vous voir travailler en équipe. »

Ce n'est pas Lili.

Ce n'est pas Lili.

Ce n'est pas Lili.

Plusieurs fois je me suis répété cette phrase en tête. Plusieurs j'ai essayé de m'en convaincre. Ce n'est pas elle. Ça ne peut pas être elle.

« - Sors de l'ombre ! Le jeu est terminé !

- Oh ? Je serais presque déçue de ne pas pouvoir jouer avec vous deux réunis. Du deux contre un en plus...Ce n'est pas très équitable vous ne trouvez pas ? »

Ce n'est pas Lili. Ça ne se peut.

À cet instant, on vit une statuette voler en sa direction, la frappant à la tête dans un étrange bruit.

Qui oserait ?

« - Ça suffit maintenant ! Qui es-tu ? »

À la surprise générale...Il y avait deux « 3173 ».

Derrière nous et devant nous, deux silhouettes identiques. Deux gouttes d'eau. Un reflet dans le miroir.

Il y en avait...Deux.

Deux...Contre deux.

« - Eh bien voilà ! J'appelle ça un match égal...Même si le coup de la statue, c'était vraiment vilain.

- Réponds à ma question..Qui es-tu ?

- Je suis toi ...Et tu es moi.

- Ça...Ça m'étonnerait.

- C'est vrai et tu le sais...même si je suis une meilleure version de toi. »

Essayant de lui balancer un autre objet de décoration, « l'autre » l'évite avec une agilité impressionnante.

« - Tristan ! Ce n'est pas moi ! Attrape-la ! »

Pourquoi est-ce toujours à moi que l'on demande ce genre de chose ?

« - Hop ! Hop ! Hop ! On ne bouge pas ! »

À peine avais-je fait un pas en sa direction qu'elle sortit deux armes de son dos, les pointant alors vers nous, refroidissant en moi toutes idées d'aller à sa rencontre.

« - Bien. Voilà qui est mieux...Soyez sages, les enfants. Je viens juste faire mes courses et ça m'embêterait réellement d'avoir à tirer.

- C'est toi....n'est-ce pas ? Qui a tiré sur ce police....C'était toi ?

- Hmmm...Un malencontreux accident je dirais. »

Mon regard se retourne vers Lili. Même en noire. Même cachée derrière cette tenue grotesque et ce stupide masque...Elle n'a...Elle n'a jamais été...

Non Tristan ! Armée ou non, Lili reste une criminelle.

« - Si on la laisse s'en tirer ce soir...Nous n'aurons jamais de réponses ! »

Et à cet instant, je me suis retrouvé comme lors de mon rêve. Bloqué. Paralysé. Choqué.

J'ai vu Leila bouger. J'ai vu Leila s'élancer.

Je l'ai vu y aller.

J'ai vu le canon du pistolet pointé vers elle.

J'ai entendu la détente. J'ai entendu le coup.

Tout allait se répéter.

Encore.

Non. Pas ça.

« - Leila ! »

Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait. Pourquoi je me suis mis au milieu. Pourquoi je me suis interposé.

Je ne sais pas pourquoi j'y suis allé.

Je ne sais tout simplement pas pourquoi j'ai plongé. Pourquoi je l'ai poussée.

Je ne saurais jamais pourquoi mon corps a agi me mettant entre la trajectoire de la balle et Leila.

Pourquoi était-ce à moi de me la prendre ?

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant