58 minutes et 32 secondes. Ça fait 58 minutes et 32 secondes que je fixe l'énorme horloge numérique suspendue juste au-dessus du tableau. Je n'ai pas écouté un mot du cours, pour changer. Je me suis contenté de poser mes fesses sur une chaise et de faire acte de présence. J'ai croisé plusieurs fois le regard du professeur plus bas, mais il ne semblait pas préoccupé par mon air rêveur. Il s'en fichait. On était une centaine à avoir ce même air de débile dans la lune. On aurait dit des zombies.
« - Bon, vous avez alors compris le processus n'est-ce pas ? Aucune question ? »
Bien sûr que l'on en avait des questions. On en a toujours. C'est normal. On ne comprend jamais rien à ce cours. Je ne sais même pas pourquoi je me suis inscrit dans ce département. Le programme paraissait plus cool sur le papier qu'en réalité. Je l'ai su dès les premières minutes où j'ai posé mes fesses en amphi.
« - S'il n'y a pas de questions, vous pouvez partir ! N'oubliez pas de réviser les deux derniers chapitres ! »
Le cours se termine et moi, je ne bouge pas. J'attends que la masse d'élèves sorte en premier. De toute façon, ça ne sert à rien de se précipiter, il n'y a que deux portes pour entrer ici et le système d'entonnoir s'applique parfaitement au groupe d'élèves sauvages se forçant un passage.
Quand je regarde enfin l'heure, je réaliser qu'il est 11 heures. Ah bah oui, c'est l'heure de manger voilà pourquoi.
« - Tu baves.
- Hmmm... »
Je sursaute quand je vois les grands yeux verts et les mèches rouquines en face de moi, me fixant avec une intensité ahurissante.
« - Lili ! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis venue te chercher. On avait rendez-vous devant la cafeteria, mais comme je ne te voyais pas, je me suis douté que t'avais dû oublier de décoller tes fesses de ta chaise. T'as vraiment une sale tête.
- Tu peux parler...Aller viens. »
Lili a toujours eu ce sourire heureux sur le visage. Celui qui vous signifie que tout va bien dans la vie, qu'elle est pleinement épanouie. Elle marche en fredonnant le même air de musique que d'habitude.
« - Tu sais Tristan, dans un mois, c'est la pleine période d'examen. Tu devrais te concentrer en cours sinon, tu rateras ton semestre et je te passerais devant !
- Pff ! Rêve ! Avant que tu n'arrives à être meilleure que moi, les poules auront des dents.
- En attendant, en ce moment, je n'y arrive pas trop mal. T'es constamment aux abonnés absents quand on te parle. Oh ! Laisse-moi deviner...C'est cette fille hein ? Elle te rend dingue, avoue.
- N'importe quoi ! Et puis ne parle pas d'elle comme si c'était l'obsession de ma vie. C'est juste qu'hier soir encore...J'étais à deux doigts et pourtant...
- Faut se rendre à l'évidence, il existe en ce bas monde quelqu'un de bien meilleur que toi. Moi je trouve ça plutôt chouette !
- Je peux savoir de quel côté tu es ?
- Tu sais que tu as tout mon soutien, mais par moment...Je trouve que cela ne te fais pas trop de mal de te faire remettre en place par quelqu'un de plus fort que toi à ton jeu.
- Combien de fois je vais devoir te le dire ? Ce n'est pas un JEU !
- Si c'était un jeu, j'aurais aimé que tu arrêtes, mais bon...Tu ne m'écoutes JAMAIS ! Tu es têtu, borné et impulsif !
VOUS LISEZ
3173 : Attrape-moi si tu peux
AzioneTristan n'a que deux passions dans la vie : Attraper des méchants et « 3173 ». Si Tristan aime jouer les apprentis détectives la nuit, « 3173 » n'en reste pas moins la seule tâche à son palmarès déjà bien impressionnant. Voleuse de réputation, elle...