Chapitre 31 - Etre un héros

449 91 14
                                    

On dit qu'au dernier moment, nous sommes censés voir notre vie défiler devant nos yeux. On dit qu'à la fin du chemin, nous sommes censés voir une grande et aveuglante lueur. On dit beaucoup de conneries non ? Parce que je n'ai rien vu de tout cela, d'ailleurs, je n'ai rien vu du tout. Tout ce que j'ai vu c'est la lumière blanchâtre des néons au plafond et l'odeur nauséabonde du désinfectant m'emplissait les narines.

Je déteste réellement les hôpitaux. C'est plutôt commun. Personne n'aime ça.

Moi encore moins. Ce n'était pas la première fois que j'y entré pour blessure par balle, mais c'était la première fois que je me pris « volontairement » une balle. Je ne suis pourtant pas un héros alors pourquoi y avoir joué ? Pourquoi avoir essayé ? Qu'est-ce que cela m'a apporté ?

Rien. Rien de bon.

Rien à part les larmes de crocodile de ma mère et l'inquiétude stupéfiante de mon père.

Bon, ok, je dois bien avouer qu'être sous morphine, c'est cool...Ça détend.

Ça détend même peut-être trop, car je fus bien incapable de fournir un témoignage cohérent. Je fus incapable de bien des choses. Selon le chirurgien ma vie n'était pas en danger et je devrais être capable de m'en remettre, mais j'allais devoir prendre un abonnement pour des cours de rééducation, car un peu plus et je perdais l'usage de mes jambes. Un peu plus et j'aurai perdu ma faculté de marcher.

Je crois que cette fois, c'est la bonne. Cette fois, j'arrête.

Je veux dire, qui ne saurait pas refroidit à l'idée d'avoir frôlé la mort ? Qui n'aurait pas la trouille comme je l'ai. C'est vrai qu'au début, j'étais furieux...Puis au bout d'une semaine, j'ai commencé à reprendre du poil de la bête. Ma mère venait tous les jours en visite et me rapportait toujours quelque chose, discrètement, dans le dos des infirmières.

Cela faisait déjà une semaine et je n'ai pas vu l'ombre de Leila.

De Lili.

Que s'était-il passé ensuite cette nuit-là ?

Je ne m'en souviens pas. À chaque fois que j'ai 5 minutes à moi, je ferme les yeux et je fais un effort de mémoire, mais c'est le flou total. Ça m'agace. Ça m'énerve. Je me sens incapable. Impuissant.

Mais c'était elle ou moi...Et j'ai préféré que ça soit moi.

Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai agi. Je ne sais pas pourquoi cette nuit-là, j'y suis allé alors que j'aurai très bien pu la retenir. J'aurais pu lui dire « non », mais je ne l'ai pas fait. Comme si je le savais...Au fond de moi, toute mon intuition me hurlait de ne pas y aller.

Et je n'ai pas écouté.

Me voilà puni. De façon cruelle et injuste, certes, mais je ne peux blâmer personne d'autre.

C'est ma faute. Ma peine.

Confiné dans ma petite chambre d'hôpital, je me suis alors confié à mon père. Je lui ai parlé de Lili. Il n'en fut même pas surpris. Je présume que lui aussi, devait le savoir, mais par égard pour moi, n'a pas osé faire quoi que ce soit.

Je lui ai donné mon feu vert maintenant. Il ne fallait pas qu'il s'arrête au cœur brisé de son fils. Lili ne méritait pas que l'on attende.

« - Tristan mon chéri ? Tu as de la visite. »

La voix toute douce de ma mère me sort de mes pensées tandis que mon regard s'était perdu par la fenêtre.

Je détourne le regard vers elle tandis qu'elle fixe le couloir.

Qui est là ?

« - Viens...N'aie pas peur. »

Soudain, j'aperçois Leila arrivant à hauteur de l'ouverture de la porte. Elle tenait un bouquet de fleurs et un panier garni entre ses bras tout minces.

3173  : Attrape-moi si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant