« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles » - O. Wilde
***
Sol 357, an martien 10, 7h02, heure martienne.
Davis refuse toutes mes demandes de communication, mais je n'abandonne pas pour autant.
Je parviens à trouver Jamila, une de nos astrophysiciennes, alors que la majeure partie de la base est encore endormie. Assise avec Chris, elle boit un café : un breuvage amère que je n'ai jamais apprécié, mais qui nous parvient toujours en grande quantité de la Terre, tous les deux ans. Je prends place à côté d'eux.
J'hésite un instant, avant de décider que, de toute façon, je ne prends pas trop de risque. Chris m'a toujours soutenue, et Jamila a voté pour partir à Sithonius Lacus. Je prends une grande inspiration, avant de me lancer :
— Avec Hayden, on a peut-être trouvé une solution pour quitter Mars.
Un sourire nait sur le visage de Chris. Je leur explique en quelques mots l'idée : les atterrisseurs, reconvertis en fusée grâce au pétrole martien.
— Il faudrait qu'il y en ait un qui ne soit pas tombé au sol, s'oppose immédiatement notre responsable de la communication. Vu le poids de l'engin, on ne pourrait pas le remettre droit. Et si on considère les tempêtes que nous avons essuyé depuis...
— Celui de la dernière arrivée de colons l'est. Une falaise la protège. On y est allé, avec Hayden.
— Tu devrais en parler à ta mère, propose Jamila. Après tout, elle est ingénieure spatial.
— Ma mère est heureuse ici. Elle ne voudrait pour rien au monde retourner sur Terre.
Et elle ne me laisserait certainement pas partir. L'astrophysicienne reste pensive, pendant quelques secondes.
— Le truc, c'est que ça prendrait du temps. Il ne faudrait pas louper la fenêtre de tir, au risque de devoir passer beaucoup plus de temps dans l'espace par la suite, avec des ressources qui risqueraient d'être insuffisantes. Mais, admettons qu'on puisse extraire et raffiner le pétrole rapidement, ça pourrait le faire. En revanche, ils faudraient utiliser plusieurs moyens de propulsion.
— Pourquoi ?
— Les réservoirs des atterrisseurs. Les rétro-fusées nécessitent moins d'hydrocarbures qu'un moteur.
Je n'avais pas pensé à ça.
Je me mords la lèvre inférieure.
Il s'agit d'un vrai casse-tête. Et le pire, c'est que Mars Utopia refusera sans doute de nous aider à le résoudre.
— Tu devrais contacter Davis, suggère Chris.
Je baisse les yeux, triturant nerveusement la manche de ma combinaison.
— En fait, je lui en ai déjà parlé.
Le responsable de la communication pousse un soupir agacé.
— Pardon, fais-je d'une toute petite voix.
— Tu aurais pu me le dire. Je présume qu'il n'a rien voulu entendre ?
— Non. A vrai dire, il n'a même pas écouté mes arguments. Mais si on lui propose quelque chose de concret, peut-être qu'il acceptera.
Jamila hausse les épaules.
— Rien n'est moins sûr. Mais on peut toujours essayer.
D'un accord tacite, nous décidons de ne pas en parler aux autres. Parce qu'une grande majorité serait fondamentalement contre le fait de quitter notre planète - et qui sait si Mars Utopia ne nous forcera pas à tous monter dans des fusées pour laisser la planète aux investisseurs.
VOUS LISEZ
Fille de Mars -
Научная фантастикаIl y a 21 ans, les premiers pionniers ont posé le pied sur Mars. Voyez-vous, depuis des milliers et des milliers d'années, les êtres humains naissent sur Terre. Il a fallu que ce soit moi qui pousse mon premier cri ailleurs. Moi qui devienne la prem...