Dernier chapitre, avant l'épilogue...
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"Comment savez-vous si la Terre n'est pas l'enfer d'une autre planète ?" - Aldous Huxley
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Xiaoyun me prend dans ses bras, dans une étreinte presque maternelle. Maman... Un nouveau sanglot secoue ma poitrine. Je fixe une dernière fois la Terre par la paroi vitrée. Et je prends une décision.
Mars m'a volé tout ce à quoi je tenais. Je ne le laisserai pas prendre ma vie.
— On doit y aller, fait Xioayun d'une voix rauque.
J'essuie les larmes qui affluent sur mes cils.
— N'en parlons pas aux enfants. D'accord ? Pas tout de suite. Plus tard.
J'acquiesce.
Lorsque Jason et Sélina me posent des questions sur mon air dévasté, et je leur adresse un sourire.
— L'émotion.
Je revêts ma combinaison intra-véhiculaire pour la dernière fois. Je flotte, casque sous le bras, vers le sas d'amarrage de la capsule. J'actionne le levier, et nous entrons tous les quatre dans notre module de descente, au centre de notre capsule. L'espace est restreint, peu confortable, mais nous serons bientôt sur Terre. Plus rien d'autre n'a d'importance. Sur Terre, prêts à vivre. À prendre notre revanche sur Mars. Se concentrer sur la vie, sur l'espoir, pour ne pas sombrer.
Je vérifie que les enfants sont correctement sanglés dans l'habitacle, avant de m'attacher à mon tour. Afin d'éviter des déplacements d'organes lors du choc de l'atterrissage, le siège conçu dans un matériau spécial épouse parfaitement les formes de mon corps.
— Message pour le centre de contrôle de Mars Utopia, fais-je d'une voix atone. Nous sommes prêts pour le détachement du module.
La capsule vibre lorsqu'elle s'extrait du vaisseau.
Sur le tableau de bord, la distance qui nous sépare de l'Utopia s'accroit lentement. Au sol, les techniciens s'affairent pour contrôler la procédure.
— Nous déclenchons les systèmes de propulsion.
Les écrans devant moi indiquent une foule de données changeantes que je n'ai même pas le temps d'analyser. Je suis comprimée dans mon siège, le souffle coupé. J'ai l'impression que je pourrais suffoquer.
Lorsque nous arrivons à cent quarante kilomètres d'altitude, j'entends la voix des contrôleurs terriens nous annoncer que la séparation des trois modules composant notre capsule. Notre bouclier thermique s'active.
Je suis broyée dans la main d'un dieu invisible. J'aimerai qu'il appuie suffisamment fort, qu'il me comprime pour que je me dissolve dans l'atmosphère. Pour ne plus avoir à ressentir cette souffrance terrible. Disparaitre à tout jamais et rejoindre dans l'infini stellaire Hayden, mes parents, et tous les autres.
Un combat entre la mort et la vie, qui dansent au fil de la capsule nous propulsant vers la Terre.
Le parachute se déploie au-dessus de nous.
Un vacarme résonne contre la paroi, un martèlement régulier, assourdissant. Une symphonie bien différente du concerto que nous offrait les tempêtes martiennes sur les murs de la base. Le lent tambour de mon ultime bataille.
Puis, avec fracas, nous touchons la surface terrestre. La secousse se réverbère dans tout mon corps.
Ils sont morts, ils sont tous morts. Il ne reste plus rien. L'ultime vengeance de Mars, comme un ironique cadeau d'adieu. J'aurais aimé que le choc soit assez violent pour me tuer moi aussi.
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Fille de Mars -
Fiksi IlmiahIl y a 21 ans, les premiers pionniers ont posé le pied sur Mars. Voyez-vous, depuis des milliers et des milliers d'années, les êtres humains naissent sur Terre. Il a fallu que ce soit moi qui pousse mon premier cri ailleurs. Moi qui devienne la prem...