Epilogue

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Plusieurs semaines passèrent et les donneurs d'organes ne se montraient toujours pas. J'avais pris l'habitude d'aller voir Jeremy tous les jours après les cours et constatais à chaque fois que son état ne s'améliorait pas, qu'il ne pouvait pas s'améliorer sans dons. Je continuais de prendre des antidépresseurs et de voir un psychologue pour supporter le mal-être qui me pénétrait.

- J'ai envie de mourir, me disait Jeremy à chaque fois que j'allais le voir.

- Ne dis pas n'importe quoi, lui répondais-je.

- C'est comme si je l'étais déjà, avouait-il. Regarde-toi ! Tu as le deuil sur le visage, comme tous ceux qui viennent me voir.

- Tu pourrais encore vivre de belles années si tu recevais des organes, espérais-je.

- Tu commences à parler au conditionnel, même toi tu n'y crois plus, s'énervait-il.

- Comment veux-tu que j'y crois s'il n'y a rien qui m'y laisse croire.

- De toute façon, dons d'organes ou pas, mes jours sont comptés, autant y mettre fin maintenant. Et puis je suis sûr que tu serais plus heureuse sans moi, tu n'aurais plus à t'inquiéter d'un mourant. Tu as encore la vie devant toi, je veux que tu en profite.

- Ne dis pas ça, l'intimais-je, tu ne peux pas savoir à quel point ces paroles peuvent me faire mal.

Une larme perlait sur ma joue en prononçant ces dernières paroles. Nos conversations étaient toujours semblables. Nous étions dans un cercle vicieux ; plus il était mal, plus je déprimais et plus je déprimais, plus il allait mal, aussi bien physiquement que moralement. Et puis il y eu ce jour où mon téléphone vibra en cours. Un mauvais pressentiment m'envahit, toutes les personnes susceptibles de m'appeler savaient que j'étais en cours.

- Est-ce que je peux aller à l'infirmerie s'il vous plait, je ne me sens pas bien, mentis-je afin de pouvoir sortir.

Le professeur accepta alors je me dirigeai vers la sortie de la salle faisant mine d'avoir mal au ventre. Je répondis à l'appel une fois sortie et éloignée de la salle.

- Mademoiselle Parkson ? Me dit une voix que je ne reconnus pas.

- Oui ? Demandais-je inquiète.

- J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, commença-t-il hésitant.

Je me mise à trembler et mon mauvais pressentiment était encore plus grand.

- Votre petit ami, dit-il en constatant que je ne répondais pas, est décédé ce matin, il s'est suicidé.

Mon cœur ne battait plus ou du moins c'est ce que je ressentais. Une colère noire que je ne connaissais pas monta en moi, j'allais exploser de colère et de chagrin. De colère car il ne m'avait pas écouté, de chagrin parce qu'il était déjà parti.

- Comment a-t-il put de suicider dans un hôpital ! Criai-je contre ce pauvre infirmier qui ne faisait que son travail. Vous étiez sensé le surveiller !

- Il a sauté depuis sa fenêtre et une chute d'aussi haut ça ne pardonne pas, m'expliqua-t-il tandis que je m'effondrais en larmes.

Depuis ce jour, ma vie a perdu tout le goût qu'elle aurait pu avoir. Mon monde était détruit, anéanti, il pensait me rendre heureuse en me débarrassant du poids de sa vie mais jamais je ne fus aussi dépressive que je l'étais depuis sa mort. L'homme qui avait réalisé mes rêves de petite fille, avait également détruit ma vie par sa mort.

HandicapOù les histoires vivent. Découvrez maintenant