Partie II
Je me relève en un sursaut.
Le vent souffle, me fouette avec violence. Mes cheveux volent, pendant un instant ma vision se colore d'or mais je rejette ces mèches d'un bras impatient. Je mords ma lèvre inférieure. Mords, mords, mords. L'anxiété me gagne petit à petit, je la sens monter en moi, lente et vicieuse, un poison qui me brûle le sang. Mon cœur se serre, s'aplatit contre ma cage thoracique et retient son souffle de toutes ses forces, tandis que j'observe en silence. N'osant bouger. Complétement immobile, ligotée par une peur exécrable, la gorge éternellement nouée. J'observe. J'attends avec une appréhension montante les yeux se rapprocher, mais rester à l'écart, jamais trop près, jamais trop loin.
Des milliers et des milliers regards pointés sur moi, me dépiècent lentement, ricanant. Ce son produit, ces éclats de rires, des mots noyés sous des mots, des phrases cachées sous d'autres phrases qui essayant de se faire entendre sans succès, un brouhaha constant dont le volume ne fait qu'augmenter, augmenter, augmenter. Un certain agacement, une certaine surprise, un certain amusement ; des vagues d'émotion vibrent autour de moi, dansant avec les mots, tournoient et tournoient encore, forment une tempête. L'agitation s'installe dans cette nuit tranquille. L'agitation ne cesse de croitre sous le regard pâle de la lune. Et moi, prise au milieu, je n'ose toujours pas bouger.
Mes sourcils se froncent et mes poumons s'essoufflent.
Je serre les poings, jette un rapide coup d'œil au prince étendu à mes pieds. Un râle d'impuissance m'échappe, et mes pupilles furètent l'endroit à la recherche d'une échappatoire. Ma lâcheté me fait face, souriante. Je suis prête, je songe honteusement, à fuir, fuir le plus loin possible si l'occasion se présente. Tant pis pour ce prince à l'égo surdimensionné. Tant pis. Tant pis !
L'angoisse me serre dans une étreinte glacée.
Je ne peux toujours pas bouger.
Les yeux se rapprochent, s'éloignent, se rapprochent encore. À croire qu'un cercle magique entoure cet endroit, une frontière qu'ils ne peuvent franchir et qui les maintient à distance.
― Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous voulez ?
Ma voix s'essouffle rapidement.
Le vent hurle un rire.
Je suis tendue. Je suis tendue. Les secondes s'écoulent, les minutes s'accroissent, et je suis toujours bloquée, toujours impuissante, toujours effrayée. Mon cœur se fatigue, mon esprit croule sous la tension. Insoutenable. Je dois faire quelque chose, je me répète avec ferveur. Je dois faire quelque chose. Mais quoi ? Le manque de réponse me tue.
Je cherche, je cherche. Une échappatoire, une solution, une aide quelconque.
Rien, toujours rien.
Je cherche encore.
Soudain, les voix s'agitent, leur volume augmente, une certaine forme de panique prend place au milieu de leurs rangs. Les yeux bougent, vite, dans tous les sens, s'écartent. Disparaissent. Un à un, un à un. Ils s'évanouissent dans la nuit et deviennent bientôt un souvenir désagréable.
Le silence retombe.
Un nuage passe, la lune se cache.
Des pas.
Des pas se font entendre, tranquillement avançant. La flamme d'une lanterne éclaire les bois, illumine d'un éclat d'or le cristal des arbres.
Je recule, recule et trébuche, tombe dans la neige. Mes yeux se ferment l'espace d'un instant, un cri traverse mes lèvres et ma voix éclate dans la nuit. La peur, encore et toujours cette fatigante peur court dans mes veines, les remplit de glace. Mais je suis fatiguée, je réalise. Lasse et fatiguée d'avoir peur et de ne rien comprendre.
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MAUDITE
FantasyLa marque. Synonyme de désespoir, témoin d'une malédiction. Contre toute attente. Elle est marquée. Personne ne savait, leur dos, à tous, était tourné. Maudite. Elle a disparu. Au milieu de la nuit, au commencement de minuit. Étonnée. Dans un océan...