Chapitre SEPT - Ce Royaume de Neige et de Glace

33 9 3
                                    

Partie I

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Partie I

Un bain chaud.

Moi qui aurai tué pour un bain chaud, je soupire d'aise. Je m'allonge et m'allonge, m'enfonce dans l'eau jusqu'à ce qu'elle arrive sous le nez et que ma bouche immergée ne s'ouvre et n'expulse un air comprimé. Mes yeux se ferment, je me sens sourire. Je me laisse bercer par la douce chaleur et par ce sentiment de sécurité et de douceur incroyables. Une chandelle frisonne, au loin, et cette douce lumière orangée me permet de faire un petit somme. Pendant un instant, je m'autorise à oublier. Et cela fait du bien. Dieu que ça fait du bien !

Bien évidemment, la paix ne dure jamais longtemps.

Trop tôt à mon goût, une porte s'ouvre et un visage déformé par de nombreuses rides apparaît, souriant. Une dame approche. Elle se penche, souffle, me regarde droit dans les yeux. Par gêne, je souris mais mes mains viennent vite couvrir ma poitrine. Mes joues prennent feu. Ma pudeur m'étonne et amuse la vieille femme, mais elle ne dit rien, préfère l'ignorer.

Ses lèvres bougent, un mouvement lent :

― Je suis venue laver votre dos.

Je la regarde, silencieuse, brusquement muette, les joues toujours aussi brûlantes. Un ange passe, je la fixe comme sans rien comprendre, telle une parfaite abrutie. Elle bouge, désigne un savon brun sentant le lait de chèvre et je hoche la tête, nerveusement, me retourne rapidement. Un bruit de clapotis se fait entendre, des petites vagues se forment alors que je lui tends le dos et place mes cheveux sur une épaule. Menton baissé, caressant mes mèches sèches, je sens ses longs doigts osseux toucher ma peau avec prudence.

― Vous devez venir d'une famille noble, me dit-on soudainement, le ton neutre. Vous avez une peau lisse, qui n'a pas subi les ravages du froid ni du soleil ou encore du travail physique.

Je déglutis, me demande que faire avant de céder au mensonge.

― Je... je ne sais pas.

Ma voix tremble.

― À vrai dire, je ne me souviens de rien.

Mon excuse me semble parfaite pour l'instant, je décide de la garder et d'en faire une réponse officielle. C'est facile, de prétendre n'avoir plus de souvenirs. Ainsi, je ne dois plus d'explications quant à l'endroit d'où je viens, mon nom ou bien ma famille. Et sans réponse à donner, je ne risque pas de m'enfoncer ou de m'emmêler dans des centaines de mensonges rapidement inventés. Cela fera l'affaire, le temps que je trouve une solution, le temps que je puisse trouver un moyen de rentrer chez moi.

Même si personne n'est jamais rentré.

Cette dernière pensée me fait déglutir. Je sens mon moral en prendre un coup et descendre, et l'espoir se faisant rapidement mourant, il bat, bat de l'aile péniblement. Mon cœur se serre, mon visage me brûle et mes yeux deviennent eau, mais je me répète encore et encore qu'il y a une première fois à tout. Et que j'y arriverai. Coûte que coûte.

MAUDITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant