Partie I
Une voix. Quelqu'un.
Les ténèbres, les ténèbres. Elles m'entourent, m'enveloppent et je me noie. Noirceur invincible qui m'aveugle et qui aspire tout souffle de vie. Elles m'attirent vers le bas et je me sens sombrer, tomber, une chute éternelle. J'essaye de me tourner, j'essaye de voir le fond, si fond il y a vraiment, tout une implorant un ciel que je ne peux voir. Je veux que cela s'arrête, que cela s'arrête. En vain. Mes pleurs sont assourdis, mes sanglots étouffés. Et je continue de sombrer. Encore, encore, encore. Fantôme. Mon existence est troublée par cette interminable chute. Ma peur s'agrandit, vilaine, et je me couvre de glace. Et soudain le doute m'assaille et je me demande : suis-je vraiment humaine ? Et si pendant toutes ces années, je n'ai assisté qu'à un rêve ? Et tout d'un coup, qui-suis-je ? Quel est mon nom ? Mes souvenirs s'effritent, ils s'échappent entre mes doigts. Impuissante. Je ne peux rien faire pour les en empêcher. Malheureuse. Condamnée à subir sans pouvoir agir.
Un chamboulement.
Une voix. Une caresse. Elle traverse la nuit. Un éclair. Elle éclate mes chaines. Timide, forte. Insolite. À qui appartient-elle ?
Protestation. Oppression. Mes ombres me serrent de plus en plus fort. Agressives. Elles refusent de lâcher prise, refusent de me laisser aller. Pourtant, on m'appelle. Et je veux partir. Un instant. Le doute. Le veux-je vraiment ?
Colère.
Brûlure.
Une douleur sourde se fait sentir. Brusquement. Un cri transperce le vide. Déchirant. Et la nuit se brouille, se dissipe autour de moi. S'évapore, la fumée s'envole. Et doucement, doucement. Des tâches de gris interviennent. Lentement, lentement. Le monde change autour de moi. Le soleil m'éclaire et me sauve.
Mais. Fort. On m'attrape et on me tire. Fort. On me serre et on me pousse. Fort. On m'enlève. Et enfin. Une lumière dorée me couvre, la vie me revient avec une force diablesse et s'impose. Fatiguée. Je la laisse faire.
Une brusque bouffée d'air. Mes poumons se déchirent, un claquement inoubliable. Douleur mais bonheur. Pour finir, sursaut. Et je me réveille, je me réveille. Soupir.
***
Mes paupières sont lourdes, elles peinent à s'ouvrir. Pourtant je m'acharne et je continue d'essayer. Enfin. Vidées de toutes forces, elles papillonnent. Des ombres, des tâches de couleur me parviennent. Confuses. Je ferme de nouveau les yeux.
Ma tête est un calvaire, mon cerveau est un chiffon. Mes pensées sont entremêlées, elles forment un nœud insondable et m'harcèlent sans répit. Mais je suis trop fatiguée pour les démêler. Sommeil, sommeil. Mon esprit réclame le sommeil. Pourtant, je viens à peine de me réveiller. Pourquoi ? Comment ? Ignorance. Répit.
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MAUDITE
FantastikLa marque. Synonyme de désespoir, témoin d'une malédiction. Contre toute attente. Elle est marquée. Personne ne savait, leur dos, à tous, était tourné. Maudite. Elle a disparu. Au milieu de la nuit, au commencement de minuit. Étonnée. Dans un océan...