Partie II
― Menteuse.
Non.
Mon monde s'écroule. À cause de moi. À cause de lui.
Et il s'éloigne. Satisfait.
Ma respiration est saccadée. Mon regard tremble. Et que va-t-il faire ?, je me demande. Que va-t-il faire ?, j'appréhende. Les lèvres ouvertes, je suis bouche-bée, immobile, fantôme incapable de mouvement, incapable de pensées cohérentes. Tout, tout s'agite en moi. Les questions fusent, les sentiments se rebellent et mon cœur se retrouve déchiré, pris au milieu de la Peur despotique et de la Lassitude amère. Querelle incessante, Guerre éternelle. Et moi, je tremble, tremble, tremble petite feuille. Je dois reprendre contenance, pourtant. Je dois me ressaisir, pourtant. Comment ? Comment faire ? L'angoisse est reine à présent.
― Oh, je ne te ferai pas de mal, sache-le, il hausse en sourcil devant mon trouble apparent.
Je déglutis.
Mes joues, chauffent, mon âme, brûle. Seule une main, assez courageuse, vient se poser contre ma bouche. Clore mes lèvres qui frémissent. Mes doigts glacés me surprennent mais m'apaisent. Et un soupir, fragile et délicat, m'échappe.
― Mais je n'aurai décidé quoi faire de toi que lorsque je serai certain de ta véritable nature, et de ce qu'elle peut m'apporter, il ajoute, le ton pensif en se tournant vers la fenêtre.
― Certain de ma nature...alors tu sais, ce que je suis ? Ce que je suis vraiment ?
Ma voix me surprend. Jamais, elle ne m'a semblé aussi frêle, comme sur le point de se briser en un millier de morceaux. Jamais je ne l'avais sue si aigue, réduite à un murmure à peine discernable qu'un rien peut couvrir. Mais je la cache, cette vilaine surprise et tente de feindre la confidence. Le menton levé, les yeux plissés, les sourcils froncés. Et j'attends, j'attends ma réponse. À bout de souffle.
Moeron semble intrigué, à présent. Il me fixe en un silence détestable de ses yeux d'un gris glaçant. Observe, analyse, dissèque mon esprit. Une étincelle dans ses prunelles, un je ne sais quoi m'horrifie. Il lit en moi, sans gêne. Et je me sens nue devant ses yeux indiscrets. Comme obligée de couvrir ma poitrine de mes petites mains toujours tremblantes.
Sa bouche s'étire, un sourire apparaît.
Victorieux, il est. À présent, il sait. Il sait que je suis prise au piège, suspendue à ses lèvres, ligotée par les solides liens de l'ignorance. Il sait que j'ignore tout et que je ferai n'importe quoi pour ne serait-ce qu'une miette d'information jetée avec mépris. Le pouvoir que cette révélation muette lui donne le rend encore plus effrayant. Et je veux le fuir, le fuir tout d'un coup. Fuir ce sauveur qui entraînera une chute certaine.
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MAUDITE
FantasíaLa marque. Synonyme de désespoir, témoin d'une malédiction. Contre toute attente. Elle est marquée. Personne ne savait, leur dos, à tous, était tourné. Maudite. Elle a disparu. Au milieu de la nuit, au commencement de minuit. Étonnée. Dans un océan...