One Last Shot

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Les premiers jours de navigations avaient été assez éprouvants pour Henry. Il n'avait jamais fait partie d'un équipage, jamais bu de rhum et redoutait plus que tout les remarques acerbes qu'Angelina distribuait à quiconque éxécutait mal les tâches qui lui incombait.

Jack Sparrow avait capitulé. Le sale caractère de sa fille et ses litanies sur sa gloire passée l'avaient achevé. Elle régnait à présent en maître incontesté sur la vingtaine d'hommes qui composaient l'équipage de l'Adventure Galley.

La plupart du temps, les deux jeunes gens se retrouvaient le matin à l'aube, lors du changement de quart. Ils pouvaient bavarder d'absolument tout, regardant l'écume moutonneuse s'agripper désespérément à la coque, confortablement appuyés au bastingage. La moinelle n'avait rien à voir avec les pêcheurs du village d'Henry.

- Donc tu n'as jamais vu Tortuga ? Continua celle-ci amusée.

- Jamais ! Ma mère ne me la présentait pas comme la meilleure​ ville du monde, si on peut dire...

- Elle a tort, fit Angelina en prenant une large rasade de rhum. Si Tortuga existait partout, le monde entier vivrait mieux... T'en veux ?

Henry eut un petit regard pour la bouteille. La jeune fille était ivre dès les premières lueurs du jours, signe qu'elle avait soit passé une mauvaise nuit, soit que son père et elle s'étaient encore disputés.

- Non merci... Tu sais, hésita-t-il, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...

- De quoi ? Rappeler à mon père ce qu'il à fait ?

- Non... Enfin, oui en quelque sorte, mais surtout de boire autant aussi tôt...

- On sait tout les deux pourquoi je fais ça, et que de toute façons je ne serai jamais pire que lui.

Jack apparut à ce moment là, sa propre bouteille à la main, l'air maussade. Décidément, la famille Sparrow devenait de plus en plus pathétique. Les jeunes gens se tournèrent rapidement vers lui avant de reprendre leur conversation.

- Tu devrais peut-être aller lui parler... C'est important pour la construction personnelle, une relation père-fille.

- Haha. Très drôle. Je te rappelle qu'on parle de Jack Sparrow, le pire pirate des Caraïbes là...

- Et ?

- Et, d'après ce que tu m'as dit, tu t'es fait abandonné par ta mère et ton père est toujours absent... Je me trompe ?

Henry ne répondit pas.

- Donc je me trompe pas...

Le jeune homme se contenta d'observer l'écume, pensif. Il ne ressentait pas, dans son corps, la pulsation de vie qui aurait du être familière et ce n'était pas du tout humain, il le savait.

Le fils de Will avait enterré son palpitant sur l'Île des Quatres Vents. Cela devenait trop dangereux de le garder avec lui. Tout ce qu'il pouvait ressentir avait disparut peu à peu avec la distance et à présent, il n'avait plus aucun sentiment.

- Nous ne sommes pas nos parents, heureusement, continua Angelina. Ils n'ont rien à voir dans la construction personnelle... Eh ! Oh ! Tu m'écoutes là ?

Son camarade papillonna rapidement de ses yeux bruns.

- Oh... Euh... Oui, oui, désolé...

- Tu pensais à une fille c'est ça ? Fit-elle en entamant une nouvelle bouteille.

Henry se retourna, s'appuya nonchalamment sur le bastingage et jeta un bref coup d'oeil sur la jeune fille qui lui tenait compagnie. Objectivement, c'était une très belle femme et une excellente pirate. Le genre de femme que n'importe quel capitaine rêverait d'avoir à ses côtés.

- Absolument pas...

- Ouais, c'est ça... Tous les gars de ton âge ont trouvé une fille, tu sais.

- Et toutes les filles de ton âge sont mariées ou fiancées.

Angelina s'arrêta dans la descente de sa bouteille.

- Tu marques un point sourit-elle.

- Je sais, merci.

- Pas de fille donc... Un garçon ?

Henry soupira...

- Tu te fiches de moi ?

- Tu sais le matelotage....

- Oui, mais non.

- Non ?

- Non.

- Personne ?

- Personne.

- Rabat joie.

- Merci du compliment.

La jeune fille pouffa. Le jeune homme naïf qui avait embarqué avec eux depuis quelques mois, en plus d'être beau garçon, avait de plus en plus de répartie et la fille de Jack adorait ça. Les deux jeunes gens se ressemblaient de plus en plus.

La moinelle vida sa bouteille et lança le verre à la mer, absente.

Cette bouteille vide se laissa porter par la mer, ballottée par les vagues, et se brisa sous la coque du Queen Anne's Revenge. Le navire était prodigieusement projeté en avant par la puissance du Sabre de Poséidon. Les boucles de la perruque d'Hector Barbossa voletaient mollement dans l'air autour de lui. Redevenu le Capitaine Barbossa, corsaire au service de la couronne d'Angleterre. Protégé par le roi Georges, il n'y avait aucune chance pour que le Capitaine fantôme ne s'attaquât à lui. Cependant, il avait ainsi été contraint de traquer et tuer celui qui eut été son capitaine.

Pirates des Caraïbes : Dead Men Tell No TalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant