Angry and Dead Again

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Le lendemain matin, quand Henry nettoyait le pont avec ses camarades, le soleil déployait ses rayons avec toute la splendeur que les marins lui connaissaient. Le jeune homme, ressentait encore le poids de leur discussion dans le regard fermé et concentré sur l'horizon de sa capitaine postée à coté de la barre. Malgré Hector jouant avec les haillons qui pendaient lamentablement, ne dissimulant que le strict minimum, elle était magnifique. Ses boucles noires flottaient autour son visage fin et basané et elle ne pouvait s'empêcher de mordiller ses lèvres abîmées tandis que son grand-père, Edward Teach, lui parlait en dirigeant le navire.

Subitement, après une phrase d'Angelina, le ton monta entre eux. Henry, la vit grandir ses gestes tandis que ses yeux se mettaient de nouveau à pétiller de rage.

- Enfin, tu comprends bien que c'est impossible ! Cria le vieux pirate. La quasi-totalité de ton équipage a des comptes a rendre à la Confrérie !

- C'est votre problème ! Répliqua-t-elle. Il a besoin de moi ! Cela fait trop longtemps que je l'ai quitté et je ne l'ai pas rendu immortel, lui.

- Au diable Edward Teague ! Il a contrarié mes plans trop de fois.

- Edward Teague a été ma seule famille ! Pendant que vous ne pensiez qu'à vous, il m'a élevée, lui !

- Angelina ! J'étais mort, bon sang !

- Oui et bien tu ne t'es pas occupé de ma mère quand tu étais vivant !

Scrum vint les interrompre timidement, leur expliquant qu'il n'y avait pas assez de vent et que le bateau n'avançait pas. Les iris noires de la jeune fille repérèrent Henry et ne le lachèrent plus. Un mélange de rage et d'autre chose émanait d'elle.

- Je m'occupe du vent, lacha-t-elle. Monsieur Turner, si vous ne voulez pas rejoindre votre père vous devriez frotter vraiment !

La Moinelle se pencha sur la rambarde, ses mains caressant le bois sombre, et ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, ils émanaient d'une incroyable lueur bleue, sa tignasse s'agita d'un vent que personne ne percevait et les voiles se gonflèrent si violemment que le navire bondit littéralement à travers les vagues.

Quand elle reprit peu à peu ses esprits, le Queen Anne's Revenge fendait les flots toujours aussi fougueusement. La jeune fille posa un regard sur son père qui la fixait depuis le pont, étatique.

- Qu'est-ce que tu veux ? Fit-elle.

Pour toute réponse il lui présenta l'amas de tissus qu'il avait récupéré à la cale. Sa fille soupira avant de le rejoindre pour récupérer le butin de Jack.

- Tu empestes l'alcool. Maman ne t'as rien dit pour ça ?

- Ta mère n'es plus en mesure de me dire quoi que ce soit, répliqua-t-il avec un sourire malicieux.

La moinelle détourna les yeux, fulminante et écœurée, avant de prendre les tissus et d'aller dans sa cabine.

- Tu devrais te remettre à boire, tu marches trop droit, ma fille ! Sermonna Jack, fier de lui.

La cabine du capitaine était vide, heureusement. Angelina savoura brièvement le silence et l'intimité qui y régnait même si elle percevait tout de même les discussions animées de sa "famille" dans la salle des cartes. Elle-même avait du mal a s'habituer à ce mot qui avant ne s'attribuait qu'à son seul grand-père qu'elle n'avait pas vu depuis quelques années, depuis le début de son aventure en fait. Shipwrecked Cove lui semblait si loin à présent... Une larme tomba sur ses bottes usées.

La moinelle se reprit, essuya son visage et examina la tenue. C'était une de ces robes espagnoles qu'on devait porter avec des dizaines de culottes et de jupons, elle estima que son pantalon criblé de trous serait suffisant. Parmi les draperies et les froufrous, elle découvrit un corset terriblement rigide qu'elle ne pourrait certainement pas attacher seule.

Angelina soupira et se mis en quête d'une femme dans la salle des cartes qui serait à même de l'aider. Elle y pénétra en guenilles et tomba face à sa mère et sa grand-mère, toutes deux vêtues de lourdes robes satinées, vert émeraude pour Angelica et lavande pour Mary. L'ainée enseignait l'étiquette anglaise vielle d'un demi-siècle à la pirate, non sans difficulté. Davy Jones était là aussi, mais bien plus concentré sur les cartes.

La moinelle toussota pour indiquer sa présence.

- Quelqu'un pourrait m'aider ?

Les deux femmes se regardèrent avant de lui adresser un sourire désolé. La capitaine leva les yeux au ciel et ressortit en grognant.

Jack était à l'entrepont, une bouteille de rhum dans une main et son Black Pearl dans l'autre, monologuant de façon animée à Barbe Noire qui n'en avait manifestement pas grand-chose à faire. Quand il la vit il s'indigna :

- Tu ne l'as toujours pas mise ?!

- Non, répliqua-t-elle sèchement. Figure toi que ces robes ne sont pas faites pour des pirates bizarrement. Où sont les sirènes ?

- Parties chercher du poisson, intervint Barbe Noire, elles reviendrons dans une heure ou deux.

Angelina jura.

- Autant de ne rien mettre à ce moment là, grommela-t-elle.

- Ah non ! S'énerva Jack. Pas toi ! Pas ma fille !

Un regard noir de cette dernière le fit taire.

- Excuse moi de m'occuper de ta réputation...

- Très drôle, "père".

Elle jeta un rapide clin d'œil sur les marins qui s'occupaient du pont.

- Turner ! Hurla-t-elle.

- Oui capitaine ? S'enquit Henry.

- On va mettre à profit votre indifférence prononcée pour la gente féminine. Vous allez m'habiller. Et s'il y a la moindre réaction dans les rangs je vous fait rejoindre les sirènes, c'est clair ?

L'équipage aquiesca peu rassuré tandis que Henry Turner suivit sa capitaine dans sa cabine.

Au même moment, un autre Turner, Will, émergea des flots, en quête Salazar qui terrorisait et massacrait tous marins confondus. Le Capitaine du Hollandais Volant voulait à tout prix protéger sa famille, des attaques incessantes de ce Corsaire Maudit qui aurait du depuis longtemps rejoindre le monde des morts. Le Jour approchait et il ne voulait manquer cela pour rien au monde.

Pirates des Caraïbes : Dead Men Tell No TalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant