Chapitre 5

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Point de vue de François :

" Moi : Alors si je dois calculer le pourcentage de garantie avec le salaire brut de mes employés, ça fait... Ma calculatrice ! Alors ça fait ....

Bakari : ZERO ! ÇA FAIT ZERO !! Tu est PAUVRE ! Cherche pas mon gars, la pauvreté t'a touché !! "

Oh ! Je bondis de mon siège. Qui est la ? Je me reprends de suite. Bakari s'est avachi dans l'encadrement de la porte. Et moi, qui pensai qu'il était parti. Il est quand même 16h maintenant. Ses enfants vont bientôt rentrer quand même.
Pfff... Je retourne à ma feuille.

" François : Rectification : ON est pauvre !

Bakari : En tout cas... "

Je souffle et m'incline . Je dois poser ma tête en arrière quelques minutes. Les calculs m'épuisent.

" Moi : ... Ça me donne mal à la tête .

Bakari : Bois de l'eau , ça va passer !!

Moi : Tu ne peux pas venir m'aider au lieu de me donner des conseils ?

Bakari : Mon ami ! Ya un proverbe qui dit : Qui aide le pauvre devient pauvre !

Moi : N'importe quoi ! Qui t'a appris une connerie pareille ??? "

Je l'entends rire depuis mon bureau dans sa chemise. Dans des moments pareils, il a le don de me tendre les nerfs. Comment  peut-il rester aussi joyeux alors qu'on est pauvre, dans un mois a la rue à mendier ?

La réponse, je la connais mais j'ai envie de lui redemander pour me redonner courage.

" Moi : Bakari ?

Bakari : MacBernick ?

Moi : Comment tu arrives à être aussi heureux alors qu'on va bientôt dormir dans la rue ? "

Son sourcil se lève, il me glisse un sourire. Il sait très bien que j'ai juste besoin de sa réponse. Il souffle et regarde le ciel.

" Bakari : François.... Article 1  :  Pauvreté tue pas Africain !

Moi : Ça ne tue pas Africain ok... Mais tes enfants ? Ta femme ? Ton avenir ?

Bakari : On boira de l'eau.

Moi : Mais Sacre Bleu , Sois sérieux Bakari !

Bakari : Sacré quoi ?

Moi : Oublie !

Bakari : C'est la pauvreté qui te fait sortir des mots académiques ?   "

Il se redresse et se met face à la porte.

" Bakari : Mon ami... Tu veux un conseil ? Rentre chez toi ! Prends une bière . Mets Koffi Olomide et va dormir.

Moi : QUOI ???

Bakari : Tonton .

Moi : ?

Bakari : Rentre chez toi. Cette fois, rentre. Detends tes nerfs !

Moi : Mais !

Bakari : Bois de l'eau ! Ne m'enerves pas !

Moi : ARRÊTE MOI ÇA !!

Bakari :  TU GUEULE AVEC QUI ? Imbécile ! Regarde moi sa tête... A force de calculer les chiffres c'est les chiffres qui vont te calculer ! Méfie toi !

Moi : ....

Bakari : Clochard . "

Il m'adresse un dernier sourire et sors de mon bureau. Oh misère... Bakari a tellement de chances. Je fais tomber une nouvelle fois ma tête sur mon bureau. Mes bras entourent mon torse.
Je dois ressembler à un canard comme ça mais qu'importe. Je suis inquiet.

Si je perds ce travail, je risque de perdre ma femme et mes enfants. Enfin... Je risque surtout de perdre mes enfants.

J'ai encore un mois pour faire mes preuves à ma femme quee je suis capable de m'occuper d'eux... J'ai un mois. Sinon elle m'a menacée de demander le divorce.
Ça va quand même loin, c'est vrai.

Ma femme a beaucoup changé depuis qu'elle a su qu'elle va hériter d'un collier de grande valeur de sa grand mère décédé .

Bakari l'a vu a mon arrivé : il m'a demandé si le pèse personne l'a pèse encore et qui avait bousculé ses dents comme ça.

J'ai pas apprécié ce qu'il m'a dit. C'est un cas... Mais je sais que ma femme avait changé. Elle est devenu aigri dans sa tête.

Maintenant, je suis pauvre dans ses yeux. Je suis devenu clochard comme dit Bakari.

Sauf que contrairement à Bakari, je n'ai pas la force de lui répondre.

Je n'ai pas la poigne qu'il faut pour gérer un restaurant , je n'ai pas l'énergie pour gifler mon directeur et pour être joyeux même quand ca va pas.

Je suis perdu dans ce monde trop grand pour moi. Et je n'arrive pas à être comme Bakari, mon ami ivoirien.
Il va bientôt être 17h mais je commence à m'attrister dans mon bureau.

J'aimerais tellement être africain parfois. Avoir la poigne des étrangers.

Parfois....

Parce que souvent, j'ai l'impression que Bakari, c'est l'exception. Qu'il n'est pas comme les autres étrangers.

J'essaie de me convaincre mais au fond de moi je ne sais pas si vraiment des étrangers, des jeunes, ne vont pas foutre en l'air mon restaurant.

Je vais essayer. C'est ma dernière chance.

Et pour ça, j'ai peur...
   
       
            R.A.C.I.S.T.E.R.A.C.I.S.T.E.R.A.C.I.S.T.E

• RACISTE • TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant