Un rubis au cœur de pierre

7. Tension matinale

Le soleil n'était pas encore levé et Taylor, qui était rentrée depuis deux heures à peine, dormait paisiblement dans le lit tandis que je parvenais avec difficulté à trouver la motivation de bouger.

Le réveil est très piquant ce matin. Le dîner et la fin de soirée d'hier m'ont épuisée. Par chance, Dean m'avait accordée ma journée et j'étais dispensée de défilé, de podium et de mannequins pour aujourd'hui.

Mes fesses décollées du matelas, je fis un rapide tour dans la salle de bain histoire de rendre un minimum potable ma tête encore endormie.

J'enfilai un survêtement ainsi qu'un sweat à capuche et mis mes baskets aux pieds. Rien de tel qu'un footing matinal pour se mettre en jambe et pour garder une bonne condition physique.

Depuis mon plus jeune âge, le sport faisait partie de mon quotidien mais depuis quelque temps le seul que je pratiquais était... celui en chambre?

Il est temps de changer tout ça.

J'embrassais la joue de la blonde qui ronflait dans la chambre avant de me mettre en route dans mon bolide direction Central Park.

Malgré l'air frais et humide de ce mois de février, le soleil et les beaux jours étaient au rendez-vous. Un temps idéal pour s'aérer l'esprit.

Le parc de plus de 300 hectares qui constituait le plus grand espace vert de la ville de New York, était encore recouvert de neige à cette période de l'hiver et les lacs artificiels s'y trouvant étaient presque totalement gelés. Quelques sportifs suaient déjà sur les nombreux chemins piétonniers bordés de pelouse alors que les pistes de patinage étaient désertes.

Le soleil se levant sur Manhattan, on pouvait admirer la passion des photographes lève tôt qui capturaient le magnifique paysage du parc et entendre les diverses espèces d'oiseaux qu'il abritait siffler à tout va.

Cet air calme et paisible me faisait du bien et avait le don d'évacuer le stress que j'avais accumulé depuis quelques jours.

Les écouteurs dans mes oreilles diffusaient en boucle des vieux sons des Twenty One Pilots. Mes jambes avançaient sur les sentiers en terre au rythme des pulsations des chansons depuis une heure déjà quand je décidai de m'arrêter un instant pour faire la traditionnelle pause étirement.

On connait tous cette scène typique des films à l'eau de rose où une femme rencontre l'amour de sa vie, un pied sur une barrière, le dos courbé essayant d'attraper le bout de ses orteils d'une main et essuyant de l'autre la goutte bien dégueulasse de transpiration qui coule sur le haut de son front. De là un bel apollon tabletté est censé arriver, lui dire de faire attention parce que ce qu'elle fait n'est pas bon, en profiter pour lui montrer le geste correct tout en ne manquant pas de poser sa main sur le bas de son dos, lui donner des conseils pour ne pas avoir de courbatures le lendemain et repartir soit avec son numéro en poche soit en l'embarquant carrément pour aller boire un verre.

En l'occurrence, dans mon cas, le pied était bien sur la rambarde, ma main droite cherchait bien l'extrémité de ma chaussures et la gauche épongeait comme il se doit la sueur qui déferlait sur mon visage mais aucun coup de foudre à l'horizon. La seule petite chose que j'ai eu la chance de rencontrer était la chiure de je ne sais quel putain de piaf qui venait de se lâcher sur mon épaule.

Sympathique.

Après cet incident d'une propreté optimale, je redémarrai ma course à vive allure sur le chemin du retour pour rejoindre ma voiture garée plus loin.

Bon ok j'avoue je fais la meuf sportive et tout mais... au bout de cinq minutes un point de coté m'obligea à m'arrêter à nouveau. Sportive en carton oui.