Un rubis au cœur de pierre

24. Et maintenant?

Quand je pointai mon nez dans la chambre, Emmy était allongée sur le lit, le drap remonté sur le bas de son corps. Elle n'était vêtue que d'un t-shirt ample et d'une petite culotte. Je profitai de cette vision ravissante aussi longtemps qu'elle ne me remarquait pas. Elle leva les yeux dans ma direction et me sourit.

- Viens, me fit-elle en tapota sur la place vide à coté d'elle.

Je m'avançai au pied du lit et, à défaut d'obéir à la styliste, rampait sur elle en l'effleurant. Je parsemai de légers baisers le long du chemin tracé du bas de sa clavicule jusqu'à sa mâchoire. Elle gloussa.

Mes mains posées de chaque côté de son visage, je l'embrassai délicatement quand elle m'attira vers elle, ses doigts dans mes cheveux. Elle me repoussa gentiment ce qui me força à m'allonger près d'elle. Emmy se glissa au creux de mon épaule, posa sa tête sur ma poitrine et m'embrassa chastement le torse. Je fis courir mes doigts sur son dos.

- Et maintenant? me demanda-t-elle.

- Et maintenant quoi? répondis-je.

- Qu'est-ce qu'il va se passer?

- J'ai une petite idée, fis-je en arquant un sourire coquin.

- Je suis sérieuse Ruby, c'est quoi la suite? Comment vont se dérouler les semaines à venir?

Je n'avais pas songé à cette question. Emmy était là. Et nous étions bien. C'était tout ce qui comptait. Mais Jennifer et moi n'avions même pas effectué le dixième de notre road trip et mon idylle temporaire ne pourrait de ce fait plus durer. Cette-fois ci, partir sans remord et sans me retourner était une idée qui me faisait froid dans le dos.

- On part pour Los Angeles demain avec Jennifer. On est censé y rester quelques jours. Et après ça, on rentre à New York pour une semaine.

- Pour le boulot?

- Oui et non. On doit assurer la couverture de la Pride Week mais seulement sur deux jours normalement. Donc si le programme ne change pas, on aura droit à quelques jours de répit.

- Et après?

- Dites- moi, mademoiselle Warren, c'est un interrogatoire que vous me faites là? me redressai-je pour la regarder.

Elle se redressa et vint s'assoir à califourchon sur mes jambes tendues. Elle posa ses mains autour de mon cou, approcha ses lèvres des miennes sans y déposer de baiser puis recula.

- Mais!

Alors qu'elle allait se détacher de moi, j'attrapai ses cuisses pour la maintenir assise où elle était.

- Ne pars pas, lui ordonnais-je.

- Après les menaces, les ordres? prit-elle un air offusqué.

- Si vous continuez comme ça, je risque fortement de mettre mes menaces à exécution, lui chuchotai-je à l'oreille avant d'embrasser tendrement son cou en maintenant ses mains derrière son dos.

- Ne me distrait pas, me gronda-t-elle en se libérant de mon emprise. Réponds à ma question.

- Sinon quoi?

Je jouais avec le feu.

- Greve de sexe.

Quoi?

- Tu ne te permettrais pas, répondis-je sûre de moi.

- On parie?

La styliste ne blaguait donc pas?

- C'était quoi ta question déjà? fis-je innocente.

- Nous avons les moyens de vous faire parler mademoiselle Johnson, ria-t-elle. Le coup de la grève, ça marche toujours. Surtout avec toi.