Emmy. Je me retrouvai prisonnière du regard perçant d'Emmy Warren. Alors là... Qu'est ce qu'elle foutait ici, avec ses cheveux courts en bataille et sa tenue de bucheron; chemise ample à carreau, jean noir et Timberland.
Ma bouche s'était probablement ouverte. Ni mon cerveau ni ma voix ne fonctionnaient.- Emmy.
Voilà tout ce que j'arrivai à articuler. Un sourire errait sur ses lèvres et ses yeux pétillait comme si elle savourait une plaisanterie connue d'elle seule. Elle se rapprochait progressivement de moi, avançant dans la rue très peu fréquentée. Je secouai la tête pour me ressaisir. Mon cœur battait la chamade, et sous son regard scrutateur, je virai au rouge pivoine.
Mes souvenirs ne lui rendaient pas justice. Non seulement elle était belle mais elle représentait le summum de la beauté féminine. Et elle était là, devant moi. Au beau milieu de la Nouvelle-Orléans. Allez savoir pourquoi.
Mes fonctions cognitives se rétablissaient enfin et mon cerveau se rebranchait sur le reste de mon corps.
J'inspirai profondément en me réfugiant derrière ma façade du « tout va bien ». Sans un mot, elle s'arrêta face à moi et me fit signe de la suivre. Je me tournai vers l'intérieur de l'hôtel. Jennifer était là, adossée au comptoir de l'accueil et me fixait, d'un œil bienveillant. Elle me fit signe d'y aller.- Attend, arrêtais-je Emmy en lui attrapant le bras.
Un frisson me parcourait l'échine alors que les yeux d'Emmy restaient bloqués sur ma main.
Je fis demi tour, entrai dans l'hôtel et couru vers mon assistante qui avait l'air surprise de ce geste.- C'est toi? lui demandai-je, intimidée.
- C'est moi quoi, Ruby? me questionna-t-elle, un sourire malicieux sur les lèvres.
- Tu lui as dit qu'on était là, pas vrai?
En guise de réponse, elle se contenta de m'ordonner de filer avec la styliste.
- Ne la fait pas attendre, ajouta-t-elle.
Dans mon regard pouvait-on lire de la reconnaissance envers cette femme. Elle m'avait ramener Emmy. Emmy Warren.
Je tournai les talons en lui souriant, mais, avant de partir, me retournait une dernière fois. Je lui confiais la lourde tâche de rédiger son premier article, celui sur la journée d'aujourd'hui, que je n'avais pas eu le temps d'écrire plus tôt.- Ochs en a besoin avant minuit, lançai-je.
- À vos ordres chef, sourit-elle. Bonne soirée, Ruby.
J'étais déjà de l'autre côté de la porte.
- Viens, fit Emmy.
Nous marchions de longues minutes dans les ruelles illuminées de la ville. Emmy me précédait d'un pas sur. Nous ne prononcions pas un mot. Puis, elle s'arrêta finalement dans une ruelle éloignée et fit tourner une clé, qu'elle venait de sortir de la poche de son jean, dans la serrure d'une énorme porte en bois vieillit par les ans.
- Propriété de mes parents, expliqua-t-elle par-dessus son épaule. Entre.
Nous gravissions quelques marches et, arrivée en haut, je découvrais un appartement subliment décoré, très chic et lumineux, d'une beauté à couper le souffle. Je ne savais plus où donner de la tête tant il y avait à découvrir dans cette pièce.
- Tes parents ont des goûts sûrs, me contentais-je d'affirmer.
Emmy ne répondit pas. Un silence pesant s'installa entre nous.
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Un rubis au cœur de pierre
RomanceNew York. Sublime ville. Sublime job. Sublime vie. Sublimes créatures. Journaliste pour le plus grand quotidien de la ville, je menais la vie rêvée. Entre charme ravageur et exploits professionnels, mes journées et mes nuits étaient bien remplies. ...