Un rubis au cœur de pierre

26. Hollywood

La façade du Loews Hollywood Hotel situé sur North Highland Avenue était d'une beauté à couper le souffle. Piscine sur un toit-terrasse. Restaurant étoilé. Mobilier luxueux. Ochs ne s'était pas moqué de nous, encore une fois.

La réceptionniste à l'accueil ne nous avait pas encore remarqué, tant elle était absorbée par la conversation téléphonique à laquelle elle participait. Quand elle eu terminé, elle s'excusa avant de chercher notre réservation dans son registre. Flynn avait déjà disparu alors que les hôtesses récupéraient la clé de leur chambre.

Le bagagiste nous accompagna jusqu'à notre suite, l'ouvrit et nous en fit la visite. La chambre était assez spacieuse et très moderne. La vue sur Hollywood, que donnait la fenêtre panoramique, était somptueuse. Le signe. Le fameux signe. Et les collines. Une oasis urbaine située à quelques secondes du Walk of Fame et une base idéale pour bouger et vibrer au rythme de la ville.

- Incroyable, s'émerveilla Grace en pénétrant dans la pièce.

Oui. Incroyable. C'était le mot.

- Où est Jessica? demanda Jennifer.

- A la réception, répondit Grace.

- Qu'est ce qu'elle fout là-bas? l'interrogeai-je.

- Elle s'est enfuit à peine nous nous étions installées, un guide touristique de la ville sous le bras. La connaissant, je dirais qu'elle est surement en train d'essayer de nous dégoter un plan pour faire la fête, fit-elle.

Jennifer affichait un sourire satisfait.

- On bosse demain Jen, la prévenais-je.

Elle fit mine de rien entendre. La jeune assistante semblait décidée à sortir ce soir, encore une fois.
Ce voyage s'apparentait à tout sauf à ce dont il était destiné. Le travail, en fait, ne représentait qu'une maigre part de notre temps. Et il faut avouer que cela était rafraîchissant.
Destination de rêves. Missions détentes. Hôtel de luxe. Jet privé. Soirées. Sorties. Re soirées. Re sorties. Alcool. Femmes. Euh, Emmy. Visites. Vie de touriste. Vie de vacancière.

~

Je parcourais les actualités sur mon téléphone, allongée sur mon lit, quand Jennifer se mit à crier dans la pièce d'à côté.

- Ruby!

Avec très peu d'entrain, je lâchai ce que je faisais, m'asseyais sur le bord du lit, m'étirai, respirai un grand coup et me levai enfin. Ces escapades n'était pas si reposantes, finalement. Et les dernières nuits avaient été courtes.
J'arquais un sourire timide à la pensée de la styliste et de nos ébats passionnés.

Quand je m'approchai de Jennifer, en me montrant un mail sur l'écran de son ordinateur, elle me demanda:

- C'est quoi ça?

Le courriel venait de Dean. La carte professionnelle d'un certain Chris Marquina suivait une brève consigne de mon redac chef. J'expliquai donc à Jennifer, qui m'écoutait d'une oreille attentive, l'affaire de l'interview de l'entrepreneur aux actions généreuses.

- Fais une petite recherche sur ce Marquina avant de le contacter, je préfère savoir à qui on a affaire, lui demandai-je.

Elle acquiesça.

- Merci.

Je tournai les talons pour venir me poster devant la fenêtre du grand salon, le regard vide admirant inconsciemment le paysage. Au bout de quelques instant, Jennifer commenta: