16. Voler plutôt que s'envoyer en l'air

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- Dépêche-toi un peu! criais-je à Jennifer qui ne daignait pas s'activer.

Nous avons un avion à prendre, quand même. Et, à ce que j'avais cru comprendre, elle était loin d'être parée au décollage et sa valise n'était toujours pas bouclée. Elle n'avait pas même prit le temps de venir me saluer lors de mon entrée chez elle.

Ah ces gonzesses, incapables d'être à l'heure.

Je l'entendais grogner à l'autre bout de son appartement.

- On a le temps, soufflait-elle.

Elle m'exaspère. Je déteste être en retard.

« On ne sait jamais ce qu'il peut se passer sur la route » répétait sans cesse mon grand-père.

Et il avait bien raison. Comme toujours. J'arquais un sourire mélancolique à la pensée de ce vieux héro qui nous avait quitté bien trop tôt à mon goût. Je pense souvent à lui. Ou du moins à ce que je voudrais lui dire s'il était encore parmi nous. Il n'y a pas un jour où je ne regrette pas qu'il n'ai jamais su qui j'étais vraiment. Ma conscience, bienveillante, me répète sans arrêt que ça n'aurait peut-être pas été une bonne chose :

« Il était de la vieille école Ruby et tu le sais. Apprendre que sa petite fille préfère les femmes aux hommes lui aurait surement fait un choc. »

Au fond, elle a peut-être raison. Je l'aurais probablement déçue.

Les ronchonnements de Jennifer empêchèrent une éventuelle larme de perler sur ma joue et me firent remettre les pieds sur terre.

- Je n'arrive pas à mettre la main sur mon maillot de bain, marmonnait-elle.

Un maillot de bain? Mais elle croit quoi? On ne part pas en vacances!

Le minuscule appartement de mon assistante préférée était digne d'un champ de bataille et nécessitait un grand ménage. Je constatais que Jennifer avait la fâcheuse manie de tout laisser traîner. Balayant la place du regard je distinguais non sans mal les meubles recouverts de papiers, de courriers non-ouverts, de bouteilles de tout type d'alcool, de cendriers débordants de mégots, de verres et j'en passe. Cet endroit était comparable à une chambre d'étudiant fêtard et bordélique sur un campus universitaire. Bien entendu, on y trouvait une quantité impressionnante de vêtements en tout genre. Y compris de la petite lingerie. L'on pouvait aller de la culotte rouge au soutien-gorge en dentelle noire en passant par une nuisette quasi transparente qui laissait mon imagination voyager vers la vision du corps de ma collègue recouvert uniquement de ce maigre tissu.

- Sur le canapé!

- Quoi?

- Ton maillot de bain. Il est là. Sur le canapé.

Jennifer débarqua en trombe dans la pièce, presque nue, ses cheveux encore mouillés attachés en une queue-de-cheval et une serviette enroulée autour de son corps. Quelle dépravée.

- Ah, le voilà. Merci.

Elle s'empressa de retourner d'où elle venait en trémoussant son fessier sous mes yeux.

- Jennifer, tu devrais vraiment t'activer un peu, on n'a pas que ça à faire! la réprimandais-je à nouveau.

Elle pointa le bout de son nez par la porte et me fit un sourire de petite fille à tomber par terre accompagné d'un regard charmeur qui calmèrent instantanément ma pression. Elle s'approcha de moi lentement avant de poser ses yeux dans les miens et sa main sur mon flanc.

Un rubis au cœur de pierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant