19. Boston

205 13 3
                                    

Lentement, le monde extérieur envahit mes sens. Je flotte, détendue, alanguie, totalement vidée. Je suis allongée sur elle, la tête sur sa poitrine, et elle sent divinement bon le linge propre et le gel douche. C'est l'odeur la plus délicieuse, la plus séduisante du monde... l'odeur d'Emmy. Je ne veux plus jamais bouger de là. J'ai envie de respirer cet élixir pour l'éternité. Je frotte mon nez contre elle en regrettant que son tee-shirt fasse barrière entre nous. Je pose ma main sur sa poitrine. Mais, aussitôt, elle me l'agrippe pour m'arrêter. Elle s'enfuit. Avec lui. L'homme du bar.

- Debout là-dedans!

D'un bon, je me réveillai en sursaut. Jennifer, sur le pas de la porte, sa brosse à dent en bouche, une serviette enroulant ses cheveux, me scrutait de haut en bas.

- Debout, répéta-t-elle plus calmement.

Je grognais en me retournant avant de jeter un œil sur l'écran de mon téléphone puis d'enfouir ma tête sous l'oreiller.

- Grace m'a dit qu'on devait être à 11h à l'aérodrome. On va être en retard si tu ne te lèves pas, me grondait-elle.

En guise de réponse, je grognais à nouveau. Alors ma chère assistante prit la décision d'arracher le drap qui me couvrait ainsi que d'ouvrir le volet et la fenêtre de ma chambre. Une chance que je n'étais pas nue en dessous. La lumière m'aveugla quelque peu lorsque Jen retira le coussin qui me protégeait du jour.

- On bouge dans 20 minutes, sois prête, fit Jennifer avant de repartir.

Encore un grognement. Je filais sous la douche. Dans la minute, Jennifer redébarqua en trombe dans la pièce. Cette fois-ci, ce fut l'opacité de la porte vitrée de la douche qui préserva l'intimité de ma nudité. Dieu merci.

- C'était qui la fille cette nuit? me questionna-t-elle, enquêtrice.

- Un amusement, répondais-je tranquillement.

- Mais encore?

- Un amusement, c'est tout.

- En tout cas il  en a fait du bruit ton amusement, me charia-t-elle.

- Faut croire qu'elle a apprécié, me vantais-je.

- Surement, pouffait-elle. D'ailleurs tu nous l'as trouvée où celle-là?

- Au bar. Et c'est elle qui m'a trouvée. Pas moi.

          ~

Nous étions finalement à l'heure sur le tarmac. Et comme la première fois, Flynn nous attendait sur le pont, en haut des marches de l'escalator.

- Flynn, le saluais-je.

- Mesdames.

En entrant, les deux hôtesses étaient à leurs postes.

- Salut les filles! hurlait Jennifer comme une adolescente de 15 ans qui venait de retrouver ses copines après les vacances.

- Mesdames, firent-elles en cœur.

Décidément. La politesse et le professionnalisme sont de rigueur. La mine de ma collègue affichait comme de la stupéfaction.

Sans y prêter attention, je me glissais dans mon siège et allait parcourir mes mails sur mon portable.

___
De : Dean Baquet
Objet : Premiers jours
Date : 8 Juin 2017 07:14À : Ruby Johnson

Ruby,

J'ai lu ce matin ton article sur la Capital Pride. Arthur m'a fait savoir qu'il l'avait particulièrement apprécié. Je partage son avis.
Comment se passent les premiers jours? Le personnel du l'avion est-il compétent?

Un rubis au cœur de pierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant